|
Candyman (sur OCS)
Sortie
le 25/11/2024
De Nia DaCosta avec Yahya Abdul-Mateen II, Teyonah Parris, Nathan Stewart-Jarrett, Coleman Domingo, Kyle Kaminsky, Vanessa Williams II et Brian King II (les 25 et 26/11)
D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, les habitants de Cabrini Green, une des cités les plus insalubres en plein cœur de Chicago, ont toujours été terrorisés par une effroyable histoire de fantôme, passant de bouche à oreille, où il est question d’un tueur tout droit sorti de l’enfer, avec un crochet en guise de main, qui pourrait apparemment être convoqué très facilement par qui l’oserait, rien qu’en répétant son nom 5 fois devant un miroir. Dix ans après que la dernière des tours de la cité ait été détruite, l’artiste peintre Anthony McCoy et sa petite amie Cartwright, directrice de galerie d’art, emménagent dans un appartement luxueux, sur le site de l’ancienne cité, aujourd’hui complètement nettoyé et reconverti en résidence réservée à une classe sociale jeune et aisée. Alors que la carrière d’Anthony est au point mort, il rencontre par hasard un ancien habitant de la cité d’avant sa rénovation qui lui raconte ce qui se cache réellement derrière la légende du Candyman. Désireux de relancer sa carrière, le jeune artiste commence à se servir des détails de cette macabre histoire comme source d’inspiration pour ses tableaux, sans se rendre compte qu’il rouvre la porte d’un passé trouble qui va mettre en danger son équilibre mental et déclencher une vague de violence qui en se propageant va le forcer à faire face à son destin.
Les légendes urbaines ont toujours fasciné les scénaristes et/ou réalisateurs de films de genre, dit aussi d’horreur ou d’épouvante – souvenez-vous de Mort de peur, Maniac, ou bien encore Terreur sur la ligne ! -, au point de se lancer parfois dans une franchise pour certains d’entre eux (Urban legend 1, 2 et 3 ; Ring 1 & 2 ; Le cercle 1 & 2 ; Candyman 1, 2, 3 & 4). Concernant ce dernier, nous avons le droit ici à un remake contemporain de l’œuvre de Clive Baker – entre autre l’auteur d’Hellraiser – et, notamment, une nouvelle version du premier film de la série sorti en 1992, autour de l’histoire d’une rumeur populaire qui persiste et va en grandissant, ainsi que d’un croquemitaine afro-américain particulièrement morbide et sanguinaire qui s’attaque à tou.te.s ceux et celles qui l’invoquent à plusieurs reprises. Vous en serez quitte pour constater que rien n’a véritablement changé ni beaucoup évolué en 30 ans, qu’il est toujours question de quartier « hanté » (l’ancien ghetto noir a été réhabilité pour gens aisés et « certifié sans fantômes »), de jeu à se faire peur pour ne pas dire jeu de massacre (on récite 5 fois son nom et on attend que ça vienne dégommer à tout va et s’acharner sur les siens comme sur les amis proches !), de rêves, de visions, d’apparitions et de possessions plus ou moins récurrents (on navigue entre rêve et réalité à travers un scénario qui peut durer éternellement si quelqu’un a décidé « bêtement » de briser le pacte). Quoi qu’il en soit, soyez bel et bien rassurer, la violence est toujours au rendez-vous, succincte, insolite et parfois excessive, provoquée par un artiste/serial-killer sensible, paranoïaque, limite « torturé », obnubilé et à la recherche d’inspiration – qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour obtenir enfin de la reconnaissance ? - qui, en pleine crise d’ego et aussi de pratiques occultes, va ouvrir la boite de Pandore et entrer en interaction avec ses œuvres, au point de s’approprier cette fameuse légende urbaine comme une transmission évidente du passé et surtout du sien. On doit ce (faux)reboot, certes social (et politisé donc d’actualité), profond, intelligent et esthétisant mais tardif, prévisible, nébuleux, métaphorique, sans tension et pas trop angoissant ni gore (produit par Jordan Peele : vous savez, Get out et Us !), à Nia DaCosta (la série Top boy ; Little woods et prochainement Captain Marvel 2) qui réussit à nous tenir éveillé sans pour autant nous envouter ni nous surprendre. Ah, j’oubliais, les abeilles sont également présentes…
C.LB
|