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Un silence (sur Canal +)
Sortie
le 31/10/2024
De Joachim Lafosse avec Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Jeanne Cherhal, Louise Chevillotte, Nicolas Buysse et Karim Barras
Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.
Voilà un film qui porte bien son nom : du « silence », il y en a pratiquement partout et ainsi tout du long, entre regards perdus et non-dits, entre attentes perpétuellement affichées, errances plus ou moins assumées et interrogations intérieures refoulées. C’est à se demander pourquoi il y a autant de retenue – et si peu d’intensité, de tension et de profondeur – chez chacun des personnages principaux, alors que le scénario aborde un sujet grave, terrible, voire difficile et même dérangeant, limite horrible, de plus tiré d’un fait divers survenu en Belgique, celui de….Eh non, vous n’aurez pas plus de réponse à l’intrigue qui va se jouer devant nous mais sachez qu’elle va petit à petit être divulguée sous forme d’un long flash-back à travers les quelques mots prononcés et parfois échangés entre les différents protagonistes. Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut recueillir ici et là le peu de termes employés (violence, porter plainte, perquisition, inculpation, tentative de meurtre) et de phrases plutôt énigmatiques (« Cela fait 30 ans que ça dure », « il s’est soigné, il a réparé », « il est allé trop loin quand il était jeune ») et s’imaginer plusieurs cas de figures. A nous donc de déchiffrer au mieux ces « indices » placés subrepticement dans les dialogues afin de dénouer le mystère jusqu’à son dénouement final ! Et ce n’est certainement pas les intervenants qui nous aideront dans cette démarche : ni Emmanuelle Devos, pudique, muette, au comportement inexpressif et lymphatique au possible, en mère au foyer plutôt cool qui passe son temps à nager, à danser avec son fils et à s’inquiéter pour lui ; ni Daniel Auteuil qui, à part s’exprimer à la presse devant les caméras des journalistes, n’échange pour ainsi dire pas avec sa famille, d’autant qu’il est quasi absent à l’écran (bref, dans tous les sens du terme !). Si toutes les hypothèses sont envisageables (pas d’images « chocs » - à part quelques sons - qui pourraient nous mettre sur la voie plus rapidement, juste des brides d’infos verbales), notre pressentiment se confirme enfin lorsque le mot « pervers » est lâché. A partir de là, le doute n’est plus permis : il y a bien (eu) péril en la demeure (un secret de famille bien trop longtemps gardé) et il faudra attendre toute l’autre moitié du film pour que « justice » soit enfin faite (si équité est bel et bien rendue !). En attendant, il faudra prendre son mal en patience puisqu’il n’y aura pas de réaction de la part de cette femme effacée et étonnée comme tombée des nu, pas honteuse pour 2 sous, La faute donc à une mise en scène certes délétère mais confuse avec beaucoup trop de zones d’ombre pour que nous soyons concentré pendant 1h40, et un casting pas toujours crédible, qui semble ne pas être à sa place malgré leurs précédents et néanmoins excellents états de service !
C.LB
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