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La tête froide
Sortie
le 17/01/2024
De Stéphane Marchetti avec Florence Loiret Caille, Saabo Balde, Jonathan Couzinié, Aurélia Petit, Marie Narbonne et Philippe Frécon
Dans les Alpes enneigées, en plein hiver. Pour boucler ses fins de mois, Marie, 45 ans, trafique des cartouches de cigarettes entre la France et l’Italie avec l’aide de son amant Alex, policier aux frontières. Lorsqu’elle rencontre Souleymane, jeune réfugié, prêt à tout pour rejoindre sa petite sœur, elle s’embarque dans un engrenage bien plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé.
« La montagne, ça nous gagne ! « : on nous bassine assez souvent – surtout en ce moment ! - avec cette accroche mais au cinéma, elle paraît beaucoup plus oppressante, inquiétante voire menaçante qu’elle n’y paraît aux premiers abords, surtout pour les migrants qui tentent de passer la frontière par les différents cols existants. Alors, quand on essaye de les franchir en période hivernale et en pleine tempête de neige, là, elle devient dangereuse, surtout lorsqu’on est mal chaussé et peu couvert. Bref, elle fait office de 3ème personnage à part entière, certes assez fantomatique mais bien réel, une sorte de no-man’s-land aux réactions imprévisibles, dans ce drame sous-jacent qui se dessine inexorablement devant nos yeux. Les 2 autres ont beau faire les passeurs pour ces réfugiés en mal d’une terre hospitalière, ils n’en sont pas moins honteux dans leur existence dite provisoire, l’une mère revêche et sans attache, prenant de mauvaises décisions et en quête perpétuelle de petites combines qui rapportent, et l’autre, exploitant ce trafic « humanitaire » de clandestins pour mieux se servir afin de se garantir une porte de sortie. Vivants entre 2 mondes, ils ne sont pas plus attachants que cela, d’autant que leur prise de risques n’est pas à la hauteur de nos attentes (pas un seul flic à leurs trousses pour les arrêter : trop facile !). La faute sans doute à cette (première) réalisation du documentariste Stéphane Marchetti qui manque aussi bien de rythme (ça tourne beaucoup autour de 2 lieux clos, la voiture et le mobil-home de la protagoniste principale), que de surprise émotionnelle (pas d’inquiétude à avoir, sachant pertinemment que le « poteau rose » sera à un moment ou à un autre découvert et que les intervenants rentreront bien sagement dans le rang). On reste pourtant accaparé par l’excellente prestation de Florence Loiret Caille (Trouble every day ; Parlez-moi de la pluie ; Je l’aimais ; Le bureau des légendes) qui joue ce rôle de femme animale tout en nuance, échouée, inquiète et tendue, à la fois dure, sensible et fragile, comme si elle était à fleur de peau. Une bonne surprise côté casting, moins du côté de la narration et de la mise en scène prévisibles qui auraient gagné en plus d’âpreté, d’approfondissements et de rebondissements !
C.LB
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