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Maria (sur OCS)
Sortie
le 23/12/2024
De Jessica Palud avec Anamaria Vartolomei, Matt Dillon, Yvan Attal, Céleste Brunnquel, Marie Gillain, Stanislas Merhar et Giuseppe Maggio
Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu'elle enflamme la pellicule du film d’un jeune et prometteur réalisateur italien : un huis clos mêlant sexe et violence, aux côtés d’une star américaine. Elle accède à la célébrité et devient une actrice iconique sans être préparée ni à la gloire ni au scandale…
Ces biopics sous forme d'hommages cinématographiques rendus aux stars éphémères, aux étoiles filantes comme on les appelle, nous permettent de découvrir l’existence plus ou moins rapide et tumultueuse – souvent entre grandeur et décadence - de ces actrices/acteurs la plupart du temps pas du tout préparé(e)s à la gloire et à être en pleine lumière, sur le devant de la scène et sous les sunlights du jour au lendemain, incapables de bien gérer cette fulgurante mise en avant alors qu’une descente aux enfers se profile à l’horizon à maintes reprises. Celui qui nous est proposé ici n’a rien de tragique, à la rigueur dramatique si on connaît un peu la suite des évènements qu’a vécus la vraie Maria Schneider. Elle a beau être la progéniture de Daniel Gélin (interprété par Yvan Attal !!), et d’une femme dénommée Schneider (jouée par Marie Gillain, méconnaissable en mère au sale caractère limite névrotique), ce n’est pas parce qu’on est la fille d’une vedette qu’on est forcément une actrice et qu’on peut devenir une grande, de surcroît reconnue. De ce côté-là, Maria l’a payé au prix fort, une reconnaissance gagnée haut la main, dit à une vitesse grand V, suite à sa prestation polémique – et performance crue, « obscène » pour l’époque (relation physique intense) - dans le film de Bernardo Bertollucci intitulée Le dernier tango à Paris, une réalisation de 1972 qui a trainé une réputation sulfureuse pendant pas mal d’années, jusqu’à briser la destinée de son héroïne déchue. Si ce long métrage a fait scandale et couler beaucoup d’encre à cette période, la trajectoire intimiste de Maria nous est dépeinte avec beaucoup de fragilité, de douceur, de pureté et de retenue (sans voyeurisme) grâce au jeu émouvant, inspiré – et omniprésent - d’Anamaria Vartolomei (My little princess ; L’idéal ; L’échange des princesses ; L’évènement) qui, avec ses faux petits airs d’Isabelle Adjani, irradie l’écran pendant 1h40. Quant à Matt Dillon, il campe un Marlon Brando évoqué plutôt correctement, moins étouffé et bedonnant que son prédécesseur. La cinéaste Jessica Palud (Les yeux fermés ; Revenir) réussie à adapter librement le livre de Vanessa Schneider (la cousine de Maria), Tu t’appelais Maria Schneider, sans tomber dans une certaine forme de pathos larmoyant due à la prise de drogue et à la dépression post-tournage du personnage principal. Il y a là assez de conviction et de sincérité pour qu’on excuse une mise en scène démonstrative assez plate, des longueurs scénaristiques, ainsi que les nombreux messages bien significatifs pour ne pas dire militants sur les débordements, les fameuses « limites de l’art » dans le milieu du cinéma en ce temps-là, autour de dérives, mépris, humiliation et abus qui séviss(ai)ent beaucoup « hier » et même sûrement encore aujourd’hui.
C.LB
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