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Caligula

Sortie  le  19/06/2024  

De Tinto Brass avec Malcolm McDowell, Helen Mirren, Teresa Ann Savoy, Peter O’Toole, John Gielgud et Anneka Di Lorenzo


Le film a fait partie de la sélection Cannes Classics 2023.
Rome, 37 de notre ère. Après avoir assassiné son grand-père adoptif, l'empereur Tibère, Caligula s'empare du pouvoir et commence à démanteler l'Empire romain de l'intérieur.
Plus de 40 ans après sa sortie, le film culte Caligula refait surface avec un nouveau montage inédit explorant la décadence du pouvoir à travers la corruption, la folie et la dépravation.


Il n’y a que des « superlatifs » à l’encontre de cette super production datant de 1976 (mais qui sortie au cinéma qu’en 1979) : ce fut le film indépendant italo-américain qui a coûté le plus cher ; celui qui a rencontré moults et moults problèmes, surtout d’ordre conflictuel, aussi bien devant que derrière la caméra (entre changement de réalisateurs – Tinto Brass écarté au montage -, conflit avec le scénariste Gore Vidal, dépassement de jours de tournage et donc de budget, producteur excédé - Bob Guccione qui est le fondateur du magazine érotique Penthouse -, acteurs pas toujours payés et figurants en grêve) ; celui qui avant même de sortir en salles colportait déjà pas mal de rumeurs, ragots et autres bruits « de couloir » dit à scandales, réputations notamment autour de provocation, de décadence et de dépravation ; et enfin celui qui fut un tant soit peu censuré, coupé, amputé puis remonté à plusieurs reprises dans différents formats (X ou sans X). Bref, un style de long métrage qu’on ne ferait plus, qui ne serait plus envisageable tel quel, pour ne pas dire possible de voir aujourd’hui.
Cette nouvelle version proposée aujourd’hui nous permet de découvrir ce qui aurait dû exister à l’époque, d’après le script original écrit à la base et les images tournées à Rome. Et le résultat est certes incroyablement beau et riche, avec des décors grandises, aussi fantasmagoriques que grandiloquents - très felliniens dans leurs conceptions (d’autant plus qu’ils sont l’œuvre du décorateur Danilo Donati, celui-là même qui a travaillé avec Federico Fellini !) -, avec des actrices et acteurs de grande renommée (Malcolm McDowell – Orange mécanique ; If – parfait en scandaleux et déjanté souverain à la fois brutal et pervers, lui qui semble s’être beaucoup s’amuser à incarner un divin « reptile », un vil et tordu personnage pendant presque 3h ; Helen Mirren en tenue très légère, le poitrail avantageux, Teresa Ann Savoy – La bambina ; Vices privés vertus publiques ; Salon Kitty ; La désobéissance – tout aussi courte vêtue et dans le plus simple appareil ; Peter O’Toole qui semblait déjà bien ravagé par la vieillesse ; John Gielgud – l’un des plus grands interprètes du théâtre britannique – royal, plein de sagesse et d’intégrité), et une atmosphère sulfureuse que n’aurait sûrement pas daigné vivre tous les aficionados et adeptes de beuverie, d’orgie et de tuerie.
Mais le revers de la médaille réside dans cet excès de démesure on ne peut plus dantesque sur fond de théâtralité posée – beaucoup de dialogues - certes bien écrits - pour peu d’action (quasiment aucun extérieurs filmé), si ce n’est un très grand nombre de scènes de plaisir lascives dites provocantes -, trop de nudité – tou.te.s sont quasiment « à poil » sous leurs toges largement échancrées (quant aux soldats partis guerroyer, ils sont tout nu !) -, pas mal de folie ambiante à coup de chaos bien subversif et parfaitement orchestré. Malgré une vision sans aucun doute très réelle de ce que devait vivre en ces temps-là les sénateurs et courtisans romains, ce « péplum », revu et corrigé à la sauce plutôt « olé olé », a néanmoins beaucoup perdu de sa « superbe » comme de sa splendeur, mal vieillie au bout de 45 ans d’existence cinématographique excessivement malmenée.
Reste au final une fresque dramatique qui se permet tout, à grand renfort de spectacle érotico-historique démesuré assez hors-normes, néanmoins lent, assez kitsch et plus très choquant de nos jours mais qui a encore son charme plein d’audace, d’où un succès lors de sa sortie publique et une certaine notoriété remportée à juste titre, jusqu’à devenir une référence du genre, admirée « de guerre lasse » à bien des égards…quelque peu égarés.

C.LB



 
 
 
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