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Tatami

Sortie  le  04/09/2024  

De Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv avec Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Jaime Ray Newman, Nadine Marshall, Sina Parvaneh et Ash Goldeh


La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux Championnats du monde de judo avec l'intention de ramener sa première médaille d'or à l'Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l'implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve.

Le sport n’est pas toujours qu’une « simple » distraction, il peut également avoir des enjeux et autres répercussions dite (géo)politiques et certaines expositions actuelles autour des prochains Jeux Olympiques à Paris nous le rappellent en nous le prouvant à travers des photos et des images d’époque. Même si ce scénario-là n’est qu’une fiction, il nous raconte néanmoins une histoire qui aurait pu tout à fait – et a peut-être même du - se dérouler voire exister lors de n’importe quel championnat international passé. D’où la teneur « dramatique » du message véhiculé ici, d’autant plus renforcée par une réalisation prenante tout en noir et blanc (à la façon de Raging bull de Martin Scorsese).
On doit cette mise en scène particulièrement (op)pressante et saisissante au duo formé par Zar Amir Ebrahimi, actrice (vue notamment dans Les Nuits de Mashhad pour lequel elle a remporté un prix d’interprétation à Cannes - elle joue cette fois le rôle d’une entraineuse au taquet, qui applique le protocole d’une manière un peu austère -), de surcroît réalisatrice et productrice franco-iranienne, et Guy Nattiv, réalisateur, scénariste et producteur israélo-américain (on lui doit entre autres les films Skin et Golda). Face à eux, l’actrice américaine Arienne Mandi (aperçue dans la série télévisée The L. Word – Génération Q) nous offre une performance plus que réaliste en judokate de haut niveau en plein dilemme, avec une présence et un visage très expressifs (on la voit subir une charge mentale et une torture psychologique au fur et à mesure que la tension entre sa coach, sous le contrôle du régime de la République islamique d’Iran via le juge suprême, et elle monte).
Son refus de déclarer forfait, de quitter la compétition et sa lutte pour sa survie sont des exemples parfaits qui vont à coup sûr donner pas mal d’idées à bon nombre de sportifs et sportives qui aimeraient exister librement, en paria malgré tout mais ailleurs que chez eux. L’alternance de plans dans l’enceinte du stade où se déroule les championnats (presque l’unique décor filmé), avec ceux très furtifs dans son pays d’origine et proposés en flash-back, donne tout son impact – et une certaine résonance plutôt assez radicale qui va bien au-delà du simple script – à l’histoire de ce long métrage rondement mené qui a été d’ailleurs primé à la dernière Mostra de Venise.

C.LB



 
 
 
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