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- BD : Peter Pan de Kensington de José-Luis Munuera aux éditions Dargaud
le 30/08/2024
La nuit, rien n'est pareil. La réalité s'efface pour laisser place à l'imagination. En journée, les jardins de Kensington, à Londres, sont envahis par les humains. À la nuit tombée, ils deviennent le territoire du merveilleux...
La petite Maimie Mannering, six ans, s'est perdue dans ce parc immense après la fermeture des portes. Elle croise la route de fées qui menacent de « manger ses petits doigts », puis elle fait la connaissance d'un certain Peter Pan. Un drôle de garçon, un entre-les-deux ce Peter. Capable de voler, il parle à Maimie d'un « pays imaginaire, Neverland, une île où les enfants ne grandissent pas ».
Maimie voudrait bien rentrer chez elle. Mais Peter aimerait qu'elle reste avec lui pour s'amuser. Ensemble, ils vont rencontrer la Reine des fées et tenter de résoudre une énigme improbable qui permettra à Maimie de trouver la sortie du parc, avant que le jour ne se lève et qu'elle ne reste coincée dans le parc... à jamais !
Avant de mettre en scène Peter Pan dans une pièce de théâtre, en 1904, puis dans le roman Peter and Wendy paru en 1911, James Matthew Barrie lui a donné naissance (soit 9 ans avant le célèbre Peter Pan et Wendy) en 1902 dans un autre roman, Le Petit Oiseau Blanc. José-Luis Munuera adapte ce texte jusqu'alors oublié, en proposant une vision du personnage à la fois personnelle et fidèle à l'oeuvre de l'écrivain. Pourtant, dans la préface de l'album, Richard Comballot en parle comme d'un texte "éthéré", offrant peu de possibilités scénaristiques. Mais le talent de Munuera éclate dans cette adaptation libre qui propose au contraire une "vraie" histoire, parfaitement construite. Non seulement l'artiste fait le lien avec le célèbre Peter et Wendy, en glissant une allusion au capitaine Crochet et à Neverland, mais il imagine aussi le personnage de Maimie, qui sert ensuite de fil conducteur à son récit. Un récit merveilleux qu'il peuple de personnages tout droit sortis de l'univers du conte : les fées malicieuses et leur minuscule reine ; Salomon, le corbeau bavard ; ou les terrifiantes Ombres. Le récit est sublimé par un dessin résolument moderne, aussi dynamique qu'expressif. La mise en pages soignée et les cadrages judicieux insufflent le rythme de l'aventure au récit. Après Walt Disney et Régis Loisel, José-Luis Munera s'attaque lui aussi au mythe de Peter Pan. Un album enchanteur !
-L'auteur : José-Luis Munuera naît en 1972 en Espagne. Après avoir étudié les beaux-arts à l'université de Grenade, il devient dessinateur d'historietas. Mais la bande dessinée traverse une période difficile dans les années 1990, et Jose Luis Munuera s'offre une escapade à Angoulême. Il y rencontre Joann Sfar qui lui écrit les trois histoires des « Potamoks » (Delcourt). Le succès se faisant attendre, les deux auteurs proposent leur travail à un autre éditeur : Dargaud. C'est ainsi que voient le jour les aventures de Merlin, fameux magicien, accompagné de Tartine, l'ogre, et de Jambon, le cochon. La série trouve son public, et, lorsque Sfar n'a plus le temps d'écrire les scénarios, Jean-David Morvan lui succède. Munuera et Morvan se lancent alors dans le délirant « Sir Pyle S. » Culape (Soleil), puis, accompagnés de Philippe Buchet, ils imaginent « Nävis » (Delcourt), une série fantastique pour enfants. Suivront en 2004, chez Dupuis, les nouvelles aventures de Spirou avec « Paris-sous-Seine ». Depuis, Munuera enchaîne les succès avec, entre autres, chez Dargaud, « Sortilèges » (scénario de Jean Dufaux) et « Fraternity » (scénario de Juan Díaz Canales), et, chez Dupuis, « Les Campbell » et « Zorglub », deux séries qu'il signe seul. Virtuose dans la création comme dans la reprise, il collabore en 2020 avec les BeKa et dessine « L'Envoyé spécial », le soixante-cinquième tome de l'emblématique série de Raoul Cauvin, Salvérius et Lambil : « Les Tuniques bleues ». En 2021, on le retrouve chez Dargaud avec « Bartleby le scribe », une adaptation de la nouvelle éponyme d'Herman Melville. En 2022, c'est Charles Dickens qu'il adapte librement, toujours chez Dargaud, avec "Un chant de Noël".
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