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The apprentice
Sortie
le 09/10/2024
De Ali Abbasi avec Jeremy Strong, Iona Rose MacKay, Sébastian Stan, Maria Bakalova, Martin Donovan, Emily Mitchell et Patch Darragh
Véritable plongée dans les arcanes de l'empire américain, The Apprentice retrace l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn.
Et dire qu’aux vues de son actualité plutôt assez récente, le sujet représenté dans ce film aurait presque pu sortir au cinéma à titre posthume concernant le protagoniste principal dépeint à l’écran ! Il en a fallu de peu que celui qui nous est montré ici dans toute « sa splendeur », avec une vraie acuité de comportements et autres faits & gestes plus ou moins réels, y reste à quelques centimètres près. N’empêche que l’ascension de Donald Trump à travers son « apprentissage » - de jeune promoteur immobilier peu sûr de lui, allant lui-même récupérer les loyers impayés chez ses locataires aigris, jusqu’à sa totale transformation en « bête » ultra ambitieuse (avant qu’elle ne soit politique), entre ses marchés remportés et ses prétoires gagnés à coup de corruption -, est un must dans le style effronté, impudent, éhonté, insolent, le tout sur fond de cynisme et d’immoralité à toute épreuve. Sans doute que tout cela ne serait peut-être jamais arrivé si un avocat, Roy Cohn, rencontré au hasard de ses nombreuses sorties dans des milieux huppés new-yorkais, ne lui avait pas mis les deux pieds à l’étrier pour le faire décoller, en lui inculquant les bienfaits – ou bien les méfaits, c’est selon ! – de la gagne et de la fortune en toute occasion. Comme un bon élève qui apprend vite grâce à un excellent professeur aux méthodes plus que douteuses, notre homme s’est métamorphosé en un être aux potentiels évidents, certes influent et respecté, mais immoral, presque abjecte, limite inhumain. Selon les préceptes de son mentor, il a appliqué à la lettre 3 règles fondamentales de la réussite sans scrupule : ne rien avouer et toujours nier ; revendiquer la victoire même si on a été vaincu (on l’a vu à l’œuvre lors de l’élection de Joe Biden en 2020 !) ; faire n’importe quoi à n’importe qui pour gagner. Pour interpréter ce futur milliardaire et (re)candidat républicain à la prochaine présidence des Etats-Unis - voulant « rendre à son pays sa grandeur » (son fameux credo : American first) -, le réalisateur iranien Ali Abbasi (Border ; Les nuits de Mashhad) a choisi Sébastian Stan (Captain America – le soldat de l’hiver + Civil war ; Ant-Man ; Seul sur Mars ; Black panther ; Avengers ; Dumb money), plus vrai que nature dans les mimiques, expressions et interventions de l’ex-président des américains, portant aisément son rôle acide et grandiloquent face à un avocat on ne peut plus retors et véreux, joué par Jeremy Strong (Zero dark thirty ; The big short – le casse du siècle ; The gentlemen). On se laisse happer 2 bonnes heures face à ce duo magistral, s’en donnant à cœur joie dans les coups bas, la mauvaise foi et les mesquineries en tout genre. Tourné comme un long métrage des années 80, pas loin du faux documentaire d’époque (filmé avec une 16 mm), souvent en mouvement, un peu sale, avec un grain de pellicule granuleux, on se régale de ce type de « biopic » revu et corrigé sans concession, à la sauce musicale disco de plus bel effet. A voir sans modération !
C.LB
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