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Flow, le chat qui n’avait pas peur de l’eau
Sortie
le 30/10/2024
De Gints Zilbalodis avec des miaulements, des aboiements,...
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l'eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Les prouesses techniques en matière d’animation ont tellement évoluées que les images 3D que nous découvrons ici sont d’un réalisme si probant, à la fois impressionnant et saisissant, quasi réel, qu’on ne peut qu’être émerveillé par tant de créativité. Les animaux présentés (un chat, des chiens, un gros rongeur genre ragondin, des espèces de « grues royales » majestueuses, un lémurien un peu trop « humain », des cerfs, un cachalot plutôt « monstrueux », revu et corrigé pour l’occasion), ainsi que les lieux imaginés de façon improbable, sont particulièrement féériques et inventifs (notamment des palais lacustres à la Hayao Miyazaki, tel un Venise pas loin d’être englouti), qu’on se croirait dans un univers aussi fantasmagorique que futuriste, un peu comme celui inventé par Bilal dans ses célèbres bandes dessinées. Bref, c’est pris sur le vif, plus vrai que natur(alist)e, à s’y méprendre ! Outre cette incroyable « première claque » visuelle, on est agréablement surpris par le fait qu’il n’y ait aucun dialogue à part des miaulements, des aboiements et des cris d’oiseaux. D’ailleurs, pas un humain à l’horizon comme s’il avait été rayé de la surface de la Terre – ou du moins de ce qu’il en reste ! C’est qu’un raz-de-marée genre tsunami a tout emporté sur son passage, inondant presque entièrement la planète et ne laissant que quelques créatures citées ci-dessus se débrouiller toutes seules sur un bateau à voile en perdition. Malgré leur dissemblance, ces « survivants » vont donc essayer de vivre les uns avec les autres dans un espace restreint, limité à quelques mètres carrés, sur cette arche de Noé version 100% animale. Même si certaines de leurs attitudes sont assez proches des nôtres, les messages véhiculés dans cet drôle d’épopée (proche d’une odyssée) sont eux bel et bien remplis de conscience morale : l’amitié, la cohabitation, la tolérance, la confiance, l’entraide, la fraternité, l’union, le partage, sans oublier le dépassement de soi. On n’est pas très loin d’une fable de La Fontaine, où les mots ont été remplacés par des expressions et des regards contemplatifs. Malgré un récit long, répétitif, cousu de fil blanc, assez peu liant, évolutif et nuancé, qui se perd parfois dans des moments de spiritualité mystique planante, hallucinée voire « tibétaine », à la manière d’un des célèbres tableaux de Van Gogh (« La nuit étoilée »), on est captivé par cette réalisation poétique et harmonieuse de toute beauté, pleine de simplicité, de tendresse, d’humilité et d’une grande pureté (celle du lettonien Gints Zilbalodis à qui l’on doit déjà un autre film d’animation, « Ailleurs », primé au Festival d’Annecy en 2019), portée par un bestiaire à forte personnalité, aussi touchant qu’attachant, le tout ponctué par une BO ensorcelante qui accompagne judicieusement chaque séquence. Un régal des yeux et des oreilles !
C.LB
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