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The substance

Sortie  le  06/11/2024  

De Coralie Fargeat avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Hugo Diego Garcia, Gore Abrams et Matthew Géczy


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Que ne ferait-on pas pour rester celle – ou celui – que l’on était avant, bref, pour rajeunir ? L’âge avançant inexorablement, « tout » est bon pour essayer de le cacher, du moins, de le freiner afin de ne pas paraître (trop) « vieux », notamment en y remédiant à (grands) coups de crèmes et autres produits de beauté, de médicaments et de chirurgie esthétique. Alors, si on vous propose la « substance » miracle (un sorte de pacte avec le diable façon Dorian Gray ?), pourquoi ne pas l’essayer ? C’est justement ce que va tenter l’héroïne de ce film de fiction horrifique – à tendance un peu gore -, saisissant l’opportunité qui lui ait faite de continuer à vivre comme si elle avait (toujours) 20 ans.
Pour interpréter cette « ingénue » à 2 âges différents, la réalisatrice française Coralie Fargeat (on lui doit un premier long métrage, Revenge, sorti en 2017 et récompensé dans plusieurs festivals) a choisi Demi Moore, dans un rôle idéal et mémorable - dit de « composition » -, aussi parfaitement crédible que vraiment excellente, de femme vieillissante en pleine détresse ; et la jeune Margaret Qualley (Once upon a time…in Hollywood ; Pauvres créatures ; Kinds of kindness) qui crève l’écran autant par sa beauté que par son naturel (tout en naïveté). Entre « la matrice » et son « double », c’est à celle qui aura le meilleur cadrage et le meilleur profil, bref, qui saura tirer le meilleur parti de son anatomie. Pas un seul plan subliminal qui ne soit superbement léché, tel une pub de plus de 2 heures d’un esthétisme probant, parfois ébouriffant, pour ne pas dire flippant par moment.
Cette production est un fantasme visuel comme on a rarement eu l’occasion d’en voir au cinéma, s’évertuant à travailler chaque scène au millimètre près, n’oubliant pas de nous montrer précisément le revers de la médaille dans ses moindres détails, jouant à fond la carte de la perversité et du cynisme (la prestation de Dennis Quaid en est un exemple flagrant, au summum de la caricature du macho de mauvaise foi). Côté effets spéciaux, on aura beau penser que la créatrice « frenchy » s’est amusée à quelque peu parodier certains films de ses maitres, en l’occurrence David Cronenberg (la transformation, la permutation, les altérations, les « prothèses » déformantes), Darren Aronofsky (on pense bien sûr à Requiem for a dream), John Carpenter (« The thing ») et Stanley Kubrick (l’univers singulier des longs couloirs, de l’appartement et surtout de la salle de bains), ainsi qu’à pasticher au passage « Elephant man » et « Carrie » (il y a une surenchère d’horreur finale trop poussée), le résultat est époustouflant d’idées, d’équilibre, de maîtrise et de perfectionnement.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si cette fable « monstrueuse(ment) » radicale, hyper stylée, bien noire mais néanmoins fascinante et jubilatoire, non dénuée d’humour et de métaphore (ah, le jeunisme typiquement hollywoodien et la régression qui va avec !), a raflé cette année le Prix du meilleur scénario à Cannes !

C.LB



 
 
 
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