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Quand viendra la vague (jusqu'au 29 octobre)

le  14/10/2024   au théâtre de Belleville, (lundi à 19h15, mardi à 21h15 et dimanche à 17h)

Mise en scène de Florian Westerhoff avec Marianne Thiery, Damien Prévot et Florian Westerhoff écrit par Alice Zeniter




Dans une brume épaisse, on les découvre là tous deux, réfugiés dans une précaire cabane en bois faite de palettes et de tôle. Plus qu’un logement, il se sont constitué une ile, un abri. Ce qu’ils craignent ? La vague, la submersion, le grand déluge. Et il faut avouer que les nouvelles, telles qu’ils les reçoivent sur leur poste de radio, ne leur donnent pas de raison d’espérer. Terres submergées, habitants disparus, le jugement dernier semble arriver et Mateo et Letizia, les deux protagonistes principaux, pourraient bien être les Noé de l’arche à venir, une arche dans laquelle tous les animaux se dresseraient sur deux pattes.
Comment réagir face aux évènements ? Qui accueillir, qui sauver, quels dossiers mettre dans la pile de gauche et lesquels mettre dans celle de droite ? Ce sera la question centrale. Bien que parfois naïf, et n’évitant pas la leçon de morale, le texte a l’intelligence de la symbolique : Mateo ou Letizia, chacun incarne un point de vue : accueillir tout le monde ou sélectionner suivant les affinités ou les détestations actuelles ou passées celui ou celle qui vivra ou sera noyé sous les flots qui arrivent.
Individuel ou sociétal, le texte balance en permanence entre les deux approches. Agacé ou admiratif, le spectateur hésite entre deux sentiments… Parfois le texte ressemble à un fourre-tout dans lequel on englobe crise climatique, crise migratoire et rejet ou acceptation de l’autre, mais malgré tout, un sentiment l’emporte, celui d’assister à un vrai spectacle.
On a omis de mentionner ici le décor sonore de cette courte pièce (1h). Il est pourtant d’importance car les quatre comédiens sont tous instrumentistes, et à tour de rôle, guitare à effets, clarinette et accordéon, chacun apporte sa touche à ce spectacle complet. Si l’on ajoute à cela l’incroyable travail sur l’ambiance lumineuse, qui redéfinit en permanence l’espace exigu du plateau du théâtre de Belleville, on constate que l’on coche ici pas mal des cases de ce que l’on encourage : l’ambition et la création scéniques.

Eric Dotter



 
 
 
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