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L'avare (jusqu'au 03 novembre)
le 23/10/2024
au
Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris (du mardi au samedi à 18h30 et dimanche à 15h)
Mise en scène de Florence Le Corre et Philippe Person avec K7 Collectif écrit par Molière
Peut-on faire subir à un texte classique tous les traitements et regarder ensuite, à la façon d’un scientifique ce qu’il en est advenu ? C’est apparemment l’expérience à laquelle se sont livrés Florence Le Corre et Philippe Person, avec « l’Avare » de Molière, l’une à la co-mise en scène et l’autre à l’adaptation et la co-mise en scène également. Philippe Person est le directeur de l’Ecole de théâtre du Lucernaire et c’est donc fort logiquement qu’il a mis en scène ses élèves dans le théâtre du même nom. A propos d’élèves, petit rappel des faits pour celles et ceux qui n’ont rien retenu de leurs cours de français : Harpagon est riche, et un avare de toute première catégorie. Il mène une vie infernale à toute sa maisonnée et entend décider du sort de ses enfants selon ses intérêts financiers. La situation est tellement insupportable qu’on lui vole sa cassette pour l’amener à un point de vue plus raisonnable (qui ? on ne le dira pas…), occasionnant là une des tirades les plus connues du théâtre de Molière. Que l’on se rassure, tout finira pour le mieux. On a écrit plus haut qu’il s’agissait là d’un exercice confié à des étudiants mais soyons clairs, il ne s’agit pas là d’un spectacle de fin d’année montré à quelques membres de la profession mais d’un Avare en bonne et due forme confié au jugement du public…et de la critique. Alors, que penser de cet amalgame de gags parfois lourds, de ces allers-retours entre un parti pris bouffon et un traitement plus classique de l’œuvre ? Malgré quelques moments de grâce où les échanges fonctionnement plutôt bien (notamment entre Valère et Marianne), en dépit d’une bande musicale aussi sur vitaminée que vaine, malgré enfin un rythme soutenu et l’engagement des comédiens, tous fort jeunes, cet « Avare » peine à convaincre. Tout au plus voit-on émerger un ou deux futurs talents parmi cette troupe qui joue en alternance (on pense ici à Elise) Et ce n’est pas si mal. Alors, pour répondre à notre question préalable, le texte sort vainqueur et les nombreux enfants et ados présents en ce mercredi de congés scolaires, réagissent et surréagissent à cet Avare parfois traité comme un guignol. Apparemment l’intrigue est claire pour eux, et pour nous aussi.
Eric Dotter
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