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- BD : Complainte des landes perdues - cycle 4 / tome 4 : Lady O'Mara de Jean Dufaux (dessins de Teng) aux éditions Dargaud
le 15/11/2024
La rumeur se répand dans les landes : Sioban serait de retour... Reçue par sa mère, la reine Lady O'Mara, Sioban apprend que le temps n'est pas à l'insouciance car la révolte gronde et que certains clans se rebellent contre l'autorité des Loups Blancs (la famille de Sioban), une révolte menée - comble de l'infamie - par sa cousine elle-même, la venimeuse Aylissa. Celle-ci n'a donc ni scrupules ni limtes, n'ayant qu'une idée en tête : monter sur le trône. Elle est prête à écouter les conseils du sulfureux Lord Henry au passé trouble, qui lui suggère de s'intéresser aux forces sombres et dormantes de l'île et de s'emparer d'une statue de morigane (qui régnait auparavant sur l'Eruin Dulea), une mystérieuse sculpture en forme de figure de pierre qui représente une jeune femme chaste (ressemblant étrangement à l'ambitieuse Aylissa) recelant peut-être un puissant secret qui pourrait bien changer le cours de l'histoire. De plus, Henry lui conseille même d'épouser le frère de Sioban pour mieux désorienter et affaiblir les Loups blancs. Ce qui implique en effet de s'attaquer aux Sudenne, à sa propre famille... Tous les coups sont permis pour Aylissa dans cette tentative de prise de pouvoir. Difficile pour Sioban de contrer une telle furie. Sioban empêchera-t-elle sa cousine d'arriver à ses fins ? Comment Aylissa convaincra-t-elle les clans encore loyaux aux Loups Blancs de se rallier à sa cause ? Sa beauté maléfique ne semble pas suffire...
Quatrième collaboration entre Jean Dufaux et Paul Teng sur le cycle 4 de Complainte des landes perdues, avec toujours à la clé le même cocktail savoureux de magie, de combats et de créatures fantastiques, sur fond de luttes de pouvoir intestines qui entraînent moult trahisons. Le seizième tome d'une série au million d'exemplaires vendus creuse un peu plus le monde de Sioban, où les clans se déchirent pour prendre le contrôle de l'île. Le combat avec sa cousine Aylissa est le fil rouge de ce cycle 4, avec la présence insistante auprès d'elle de Lord Henry, éminence grise aux idées précieuses pour mettre de l'huile sur le feu de la révolte. Il est question également des moriganes, ces femmes qui dirigèrent l'île dans les temps anciens. Le tout est mis en images par un Paul Teng toujours aussi à l'aise pour immerger le lecteur dans cet univers fantasy où l'expressivité des personnages a une place importante. Les couleurs de Bérengère Marquebreucq portent la touche finale à un album qui continue d'enrichir une saga plus que trentenaire.
-Les auteurs : *Jean Dufaux est l'auteur d‘une oeuvre importante comprenant près de deux cents titres, une oeuvre originale, à l'écart des modes, plus complexe qu'il n'y paraît : "La Complainte des landes perdues", "Double masque", "Murena", "Rapaces", "Djinn", "Croisades", "Barracuda", "Sortilèges", "Loup de Pluie", "Le Bois des vierges", "Conquistador", ... Les mondes de Jean Dufaux s'orchestrent autour de quelques thèmes récurrents qui structurent ses récits : le pouvoir et la folie, la solitude et ses miroirs, les égarements du temps, les blessures du passé. Cette mosaïque immense, qui ne refuse ni les jubilations du roman-feuilleton ni les ellipses cinématographiques, se veut avant tout une oeuvre de plaisir et d'enchantement, au sens féerique et occulte du terme. Ses albums, vendus à des millions d'exemplaires, couronnés par de nombreux prix et récompenses, et diffusés dans une douzaine de pays (Europe, Japon, États-Unis) déploient leurs charmes, se parant du graphisme des meilleurs dessinateurs. Ses scénarios s'appuient sur un art du dialogue qui épouse et repousse l'image dans un même mouvement. En 2009, son oeuvre est exposée lors des « Regards croisés de la bande dessinée belge » dans les musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. La même année, Jean Dufaux est nommé chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres. En 2016, le duo Dufaux-Jamar publie un one shot historique, « Vincent » (Dargaud) qui nous plonge au coeur de Paris du XVIIe siècle, dans le quotidien de Vincent de Paul, un homme d'Église dévoué, en quête de vérité. La même année marquera aussi la fin de deux aventures : celle « Djinn », créée en binôme avec la talentueuse Ana Miralles, et celle de « Barracuda ». En 2020, c'est sur un scénario de Blake et Mortimer, "Le Cri du Moloch", que Jean Dufaux s'illustre. On le retrouve, par ailleurs, aux côtés de Martin Jamar pour deux autres biopics : "Foucauld, une tentation dans le désert" en 2019 et "Matteo Ricci, dans la cité interdite" en 2022. Parmi les nombreux prix que reçoit Jean Dufaux, dont certains pour son oeuvre complète, on notera notamment : le prix Calibre 38 (prix du meilleur polar) pour "Hammett" (Glénat) en 1996 ; le prix de la Société des gens de lettres pour "Murena" (Dargaud) en 2007 ; le prix Cheverny (meilleur roman graphique "Histoire") pour "Murena" (Dargaud) en 2011 ou encore le prix de la BD chrétienne pour "Matteo Ricci" (Dargaud) en 2023.
*Paul Teng est né à Rotterdam, aux Pays-Bas, en 1955. Alors qu'il suit un cursus d'anthropologie culturelle à l'université, il choisit de mettre fin à ses études pour se consacrer entièrement à la bande dessinée. Passionné par les Indiens d'Amérique du Nord, il écrit et dessine "Delgadito" (en français : BD Must), une série en noir et blanc de quatre tomes dont le personnage central est un Apache. Il s'intéresse ensuite à la guerre civile d'Espagne ("Intermezzo libertaire", Casterman) et à la révolution russe de 1917 ("Les Amis d'Igor Steiner", Casterman). Il illustre les biographies de saint Vladimir et d'Alexandre Nevsky, scénarisées par le romancier Vladimir Volkoff et publiées par Le Lombard. En 1998, il se lance, avec Jean-François Di Gorgio, dans une saga historique : "Shane" (Le Lombard, 5 tomes). Il enchaîne avec une autre série, coscénarisée par Rudi Miel et Cristina Cuadra García, intitulée "L'Ordre impair" (Le Lombard, 5 tomes). En 2009, il signe "Le Télescope" (Casterman), une histoire imaginée par Jean Van Hamme. Il dessine ensuite, en 2013, "Jan van Scorel, Sede Vacante 1523" pour le Musée Central d'Utrecht. En 2015, il reprend le dessin de la série imaginée par Jacques Martin, "Jhen" (Casterman). En 2018, il publie, avec le scénariste Rodolphe, "Livingstone" (Glénat). Il publie, en 2021, le premier tome du cycle 4 de "Complainte des landes perdues" (Dargaud), une série fantastique imaginée en 1993 par Grzegorz Rosinski et Jean Dufaux, et toujours scénarisée par ce dernier. En 2013, Paul a reçu le prix Stripschap pour l'ensemble de son oeuvre.
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