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Quiet life
Sortie
le 01/01/2025
De Alexandros Avranas avec Chulpan Khamatova (Good Bye Lenin !, La Fièvre de Petrov), Grigory Dobrygin, Naomi Lamp et Miroslava Pashutina
Suède, 2018. Un syndrome mystérieux affecte les enfants réfugiés. Dans l’espoir d’une vie meilleure, Sergei, Natalia et leurs deux filles ont été contraints de fuir leur pays natal. Malgré tous leurs efforts pour s’intégrer et incarner la famille modèle, leur demande d’asile est rejetée. Soudainement, Katja, leur plus jeune fille, s’effondre et tombe dans le coma. Ils vont alors se battre, jusqu’à l’impensable, pour que leur fille puisse se réveiller… Inspiré de faits réels.
Vous parlez d’une « vie tranquille » ! Outre le fait d’avoir fui la Russie pour cause de menace de mort, stigmates physiques à l’appui comme seule preuve de leur bonne foi, cette famille à l’apparence équilibrée, « heureuse et stable », va devoir supporter une bureaucratie stricte et des inspecteurs obséquieux, jusqu’à endurer une thérapie absurde labellisée « tout sourire » pour évacuer un ressenti, imposée par une autorité médicale pointilleuse à l’extrême, notamment sur les comportements « inappropriés » voire déviants à leur goût. C’est qu’en Suède, on ne rigole pas avec les demandeurs d’asile (politique ou non), les permis de séjour et les réfugiés qui espèrent devenir définitivement résidents. C’est en effet ce que vont subir les 4 membres de ce foyer en quête d’un statut de reconnaissance vitale à leur survie qui leur a été refusée dans un pays qui va leur mettre pas mal de bâtons dans les roues, au point de plonger leurs enfants, 2 charmantes filles, dans un profond sommeil dû à la déception puis l’angoisse et au stress d’une demande rejetée. C’est ce qu’on appelle le syndrome de résignation, cas véridique déclaré à plusieurs reprises chez de jeunes migrants auxquels qui on a refusé le droit d’asile. Il n’en fallait pas plus pour le réalisateur grec Alexandros Avranas (Miss violence ; Dark murders ; Love me not) s’empare de ce sujet d’actualité pour nous brosser le portrait froid et aseptisé d’une administration ferme et intransigeante, peu enclin à être sensible face à ce qu’aurait pu vivre tel ou tel demandeur d’asile. Et c’est là qu’intervient tout l’intérêt du film, dans une représentation clinique – c’est bien le cas avec ces bureaux standardisés et ces néons blafards -, oppressante pour ne pas dire traumatisante de ces fonctionnaires chargés de l’immigration, droits comme un i, solennels et impersonnels comme déshumanisés, sans émotion ni aspérités et encore moins de fioritures : on a la nette impression qu’ils reproduisent les mêmes actes et des pressions similaires que ceux et celles préalablement vécus et subis par cette famille en Russie. Le casting est à la hauteur de nos attentes, porté par une Chulpan Khamatova (Good Bye Lenin ! ; Le syndrome de Petrouchka – tiens, déjà ! - ; Noureev ; La Fièvre de Petrov), magistrale en mère soumise à rude épreuve et pourtant patiente, solidaire et aimante. Ne dis-t’on pas d’ailleurs qu’ « il n’y a vraiment que l’amour qui vaille la peine » (extrait d’une chanson de Michel Berger) ! Un film certes académique, glacial et impitoyable mais néanmoins esthétisant, passionnant et puissant : à voir sans hésitation.
C.LB
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