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Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde (jusqu’au 2 février)

le  15/11/2024   au théâtre Funambule, 53 rue des Saules 75018 Paris (du mercredi au samedi à 19h ou 21h, le dimanche à 18h ou 20h - relâches du 4 au 8 décembre)

Mise en scène de Laetitia Gonzalbes avec Elliot Jenicot et Anaïs Yazit écrit par Laetitia Gonzalbes




Un chapeau melon, un parapluie et voilà une silhouette esquissée. Cette silhouette c’est celle d’Erik (avec un k s’il vous plait !) Satie de son nom, compositeur et pianiste de profession. C’est une sorte de portrait que nous propose « Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde ». Sur scène, un décor tout en noir et blanc et deux protagonistes, Anna l’infirmière, et Erik le patient, hospitalisé en psychiatrie. Prétexte à faire accoucher de son histoire le compositeur connu pour sa fantaisie, l’infirmière dialogue avec son patient parfois turbulent. Tout est vrai nous dit-on, enfin presque…
Esquissant des pas de danse, en duo avec son infirmière transformée en muse le temps d’un tableau, Satie se raconte, avec fantaisie et livre parfois de nombre ses bons mots avec gourmandise : il se décrit comme « un homme qui fréquentait beaucoup trop les cafés et ne le regrette pas » (il mourra d’une cirrhose en 1925 à l’âge de 59 ans). Poétique, dansé, chorégraphié, le duo se met progressivement en place, la jeune fille et l’homme mur échangent avec légèreté sur ce qui fait ou fit la vie du compositeur. D’elle, on ne saura pas grand-chose, du moins pas tout de suite.
Les femmes de sa vie ? « Je ne sais rien de l’amour », dit Satie, même s’il qualifie Suzanne Valadon de « la plus virile et la plus grande des femmes de la peinture ». Il n’aura avec elle qu’une brève liaison. Ses amitiés ? Un seul nom domine les autres : celui de Debussy, avec à la clé une rupture au bout de 30 ans. Encore et toujours un clin d’œil de Satie : ses 3 morceaux en forme de poire qu’il composa pour contrer la critique de Debussy qui lui reprochait son absence de forme musicale.
Eliott Jenicot vient du mime et ça se voit : il parcourt avec légèreté et élégance le petit plateau du Funambule. Parfois doublé par une forte jolie animation projetée sur le décor signée de l’artiste Suki. A ses côtés, Anaïs Yazit trouve peu à peu sa place. Pour finir par occuper le premier rôle car « Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde » n’est pas qu’une aimable biographie du réjouissant compositeur qui finit sa vie ruiné, c’est aussi une touchant drame familial dont on ne dira rien ici.
Même si l’on accompagne avec joie le récit pendant la majeure partie du spectacle, on regrette qu’il s’essouffle un peu dans son dernier tiers. Le fil dramaturgique déjà ténu se brise et le spectateur se perd un peu. Si Satie avait lu ces lignes, il aurait peut-être répété cette phrase qu’il réserva aux critiques qui avaient éreinté « Parade », le spectacle auquel il collabora aux côtés de Picasso et Cocteau : « les critiques sont des culs aux airs d’andouille et à la vue basse ». Pour lui donner tort, on nuancera le propos en disant que les comédiens et la scénographie valent à eux seuls le déplacement au théâtre du Funambule.

Eric Dotter



 
 
 
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