en 
 
 
cinema

 
 

Barbara, mémoires interrompus (jusqu’au 20 janvier 2025)

le  16/11/2024   au Petit Hébertot, 78bis boulevard des Batignolles 75017 Paris (lundi à 21h et samedi à 16h30)

Mise en scène de Frédéric Constant avec Catherine Pietri écrit par Barbara




Avant d’être une « longue dame brune », la chanteuse Barbara a été une petite fille « qui s’est construite un monde et qui s’est enfermée », une petite fille qui n’avait dans la tête que de la musique, une petite fille enfin qui « sent qu’en [elle] les mots frappent et cognent ». Il y a 27 ans disparaissait Monique Serf, alias Barbara, et ses incarnations se multiplient sur les scènes parisiennes.
Voici celle portée par Catherine Piétri. Elle adapte et joue le texte que la chanteuse fit paraitre sous le titre « Il était un piano noir… ». On y découvre Barbara avant Barbara, on assiste au récit de l’enfance d’une petite fille, puis d’une femme qui avait une envie irrépressible de chanter, y compris en exorcisant ses peurs, comme dans « L’aigle noir » où elle évoqua à mi-mots son père incestueux.
Mais pas de chanson sur le petit plateau du théâtre Hébertot, les mélodies de Barbara ne sont que de douces virgules souvent uniquement musicales aux orchestrations diverses et variées. Pas de grande dame brune non plus : brune, Catherine Piétri ne l’est pas. Et celle qui interprète sa propre adaptation n’a pas besoin de mimer pour incarner : elle restitue avec justesse la fantaisie et la vivacité de celle qui parlait toujours trop vite mais prenait son temps pour chanter ces mots qui cognaient en elle.
On l’accompagnera ainsi tout au long de son enfance, et on découvrira ainsi la passion qu’elle voue à Grany, sa grand-mère chérie. On la voit aussi petite fille juive né en 1930, échappant aux rafles nazies, ou encore fugueuse, fuyant ce père honni. Après un long (trop long ?) cheminement dans l’enfance de Barbara, la voici adulte, passant une audition comme choriste et débutant dans la chanson. L’adulte est là mais la douleur d’enfant est toujours présente, qui se glisse entre ses reins.
Le déséquilibre entre la narration de l’enfance de Barbara et celle de la période adulte est voulue : on sent bien que l’adaptatrice et initiatrice du spectacle a voulu mettre en lumière les blessures de la chanteuse, dont l’enfance fut ballottée de déménagement en déménagement. Il n’en reste pas moins que le spectateur peut regretter d’avoir si peu vu la chanteuse. En revanche, il voit sur le plateau une belle comédienne, qui restitue à merveille l’essence de ce qui se décrivait avec humour : « …je ne suis pas désespérée du matin au soir, je ne suis pas dans les tentures noires, je ne suis pas une intellectuelle…je suis une femme qui chante ».
Si vous avez envie de passer un moment charmant et fugace en compagnie d’une belle (ré)incarnation de Barbara, rendez-vous au studio Hébertot !

Eric Dotter



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique