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- BD : Compulsion de Adam Roberts (dessin de François Schuiten) aux éditions Dargaud

le  29/11/2024  





« Partout, on pouvait voir ces structures nouvelles, petites et grandes, larges et hautes ; des monolithes, des dômes et des sphères bâtis par Obligation, se dressant fièrement au-dessus des pâturages comme les lettres d'un texte inédit, colossal et impénétrable. »
Notre terre, dans un futur indéterminé. Un jour est arrivée la Compulsion. Il y a quelque temps, insidieusement, le comportement humain a changé. Des hommes et des femmes, que rien n'apparente les uns aux autres, se sont mis en marche du jour au lendemain, abandonnant les leurs, et ont commencé à déplacer des objets du quotidien vers des lieux précis, mus par un sentiment d'obligation contre lequel il semble impossible de lutter. De quelques dizaines d'individus dans un premier temps, leur nombre est passé à des milliers à travers le monde, s'activant pour répondre à cette étrange injonction dont la cause est à ce jour totalement inconnue. On les appelle les Obligés.
Si certains objets semblent parfaitement inoffensifs, tels un vieux modèle de téléphone ou bien la capsule cabossée d'une bouteille de bière, d'autres sont bien plus complexes et déroutants : la turbine d'un moteur à réaction expérimental ou le processeur d'un superordinateur. Ceux qui se sentent obligés de transporter tous ces objets ne se contentent pas, une fois arrivés à destination, de les empiler comme des ordures. Les Obligés sont en effet capables de connecter ces éléments, d'improbables machines géantes, sans rapport manifeste entre eux, comme les pièces d'un puzzle tridimensionnel. Les structures qu'ils conçoivent semblent d'ailleurs dotées d'un potentiel mécanique et technologique destiné à servir à quelque chose. Mais... à quoi donc ?
Mais à mesure que les Obligés désossent l'ancien monde et créent le nouveau, les clivages s'amplifient. Comment concilier ces deux univers ?

Sur un pitch de départ proposé par un producteur de cinéma, l'écrivain britannique Adam Roberts a tissé un roman de science-fiction que François Schuiten a alimenté de son imaginaire. Entre anticipation, science-fiction et réflexion sur les pandémies, Compulsion se distingue tant par le climat étrange de son histoire que par les images d'un dessinateur au sommet de son art. Ce livre de 128 pages constitue une expérience neuve dans le parcours de Schuiten, bien loin des célèvres Cités obscures qu'il anime depuis plus de 40 ans avec Benoît Peeters.
Il ne s'agit pas ici d'illustrer un récit plus ou moins en phase avec les préoccupations ou l'univers du dessinateur, mais au contraire de tracer les visions qui vont à leur tour influencer l'histoire. A mesure qu'on avance dans le livre, on prend la mesure de la singularité de ce projet. Schuiten y lâche son trait dans les grandes doubles-pages en couleur, alors qu'il dessine les objets les plus communs en recourant aux hachures dans les pages en noir et blanc.
L'alternance des 2 techniques et leur mariage avec le texte créent une tension unique. Outre les grandioses illustrations architecturales du Belge François Schuiten, « Compulsion » offre un panel de personnages hétéroclites, coincés dans d'inextricables situations, et dont les réactions créent une tension habilement construite.

-Les auteurs :
*Adam Roberts est un écrivain britannique de science-fiction et de fantasy, né le 30 juin 1965, également vice-président de la H. G. Wells Society depuis 2018. Docteur en littérature anglaise, il enseigne à l’Université Royal Holloway de Londres.
Plusieurs des ouvrages d'Adam Roberts ont été traduits en français, parmi lesquels Gradisil, traduit par Élisabeth Vonarburg chez Bragelonne en 2008, ou encore Jack Glass (trad. Christophe Cuq), récompensé par le Prix British Science Fiction et le Prix John W. Campbell Memorial, est paru chez Panini en 2014 et en Folio SF en 2021. La Chose en soi est paru chez Denoël en 2021, dans une traduction de Sébastien Guillot.

*François Schuiten est né le 26 avril 1956 à Bruxelles. Il publie sa première histoire dans l'édition belge de Pilote alors qu'il n'a que 16 ans. Il rejoint ensuite l'atelier bande dessinée de l'institut Saint-Luc à Bruxelles, animé par Claude Renard. À partir de 1977, avec son frère Luc, il imagine les premiers récits des Terres creuses. Dans le même temps, il signe Aux médianes de Cymbiola et Le Rail, avec Claude Renard. En 1983, il commence, avec son ami d'enfance Benoît Peeters, Les Cités obscures, une série maintes fois récompensée.
En 2002, il reçoit, pour l'ensemble de son oeuvre, le Grand Prix d'Angoulême. Il sort son premier album en solo, La Douce, en 2012. Mais François Schuiten ne dessine pas que des BD : il est aussi l'auteur d'affiches, d'illustrations, de sérigraphies et de lithographies. Il a également imaginé les stations de métro Arts-et-Métiers à Paris et Porte-de-Hal à Bruxelles.
Il a scénographié plusieurs spectacles d'opéra et de danse, et a également participé à la conception visuelle de films, dont Taxandria de Raoul Servais et Mr Nobody, de Jaco Van Dormael. Il a réalisé plusieurs pavillons pour des Expositions universelles, dont le plus important, Planet of visions (Hanovre, 2000), a reçu cinq millions de visiteurs. Avec Benoît Peeters, il a scénographié la Maison Autrique, édifice Art nouveau de Victor Horta. François Schuiten est aussi le concepteur du Train World, le musée ferroviaire de Bruxelles, ouvert en 2015.
François Schuiten est également co-fondateur de l'institut HIP qui a conçu et coordonné la mission ScanPyramids avec l'université du Caire. Ce projet multidisciplinaire a permis de faire la plus grande découverte de cavité inconnue dans la Grande Pyramide. Elle a été publiée en novembre 2017 dans la revue scientifique Nature. François a accompagné, à plusieurs reprises, les équipes scientifiques sur le terrain en Égypte. Cette aventure à la croisée de l'art, de la science et de la technologie a nourri son inspiration, notamment pour Le Dernier Pharaon.



 
 
 
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