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Wicked

Sortie  le  04/12/2024  

De Jon M. Chu avec Ariana Grande, Cynthia Erivo, Jonathan Bailey, Ethan Slater, Bowen Yang, Marissa Bode, Michelle Yeoh et Jeff Goldblum


WICKED suit le parcours des sorcières légendaires du monde d’Oz. Elphaba, une jeune femme incomprise à cause de la couleur inhabituelle de sa peau verte ne soupçonne même pas l’étendue de ses pouvoirs. À ses côtés, Glinda qui, aussi populaire que privilégiée, ne connaît pas encore la vraie nature de son cœur. Leur rencontre à l'Université de Shiz, dans le fantastique monde d'Oz, marque le début d’une amitié improbable mais profonde. Cependant, leur rapport avec Le Magicien d'Oz va mettre à mal cette amitié et voir leurs chemins s’éloigner. Tandis que Glinda, assoiffée de popularité, se laisse séduire par le pouvoir, la détermination d'Elphaba à rester fidèle à elle-même et à son entourage aura des conséquences aussi malheureuses qu’inattendues. Leurs aventures extraordinaires au pays d’Oz les mèneront finalement à accomplir leur destinée en devenant respectivement la Bonne et la Méchante Sorcière de l'Ouest.

Avant de commencer, sachez que ce que vous allez voir est la première partie de Wicked (« méchante ») et qu’elle dure 2h40 ! Aille, penserez-vous à plus ou moins juste titre (démesuré !) mais là n’est pas le propos de cette nouvelle adaptation très libre du célèbre roman Le magicien d’Oz de Lyman Frank Baum, publié en 1900 et devenu un grand classique de la littérature enfantine. D’ailleurs, sur ce dernier point, le scénario du film, tiré de la comédie musicale du même nom, s’adresse toujours aux jeunes plutôt ados (voire un peu plus) et tendance geek. Car oui, c’est bien un conte fantasy reconverti en comédie musicale d’antan et dans la plus pure tradition qui soit, avec comme dans le livre initial la présence du magicien d’Oz qui vit dans la ville d’Emeraude, d’une route en briques jaunes, d’un ballon dirigeable et de la « mort » d’une méchante sorcière de l’Ouest. A part cela, tout le reste n’est qu’une nouvelle version revue et corrigée du spectacle Wicked.
Cette dernière interprétation cinématographique (après la plus connue, celle de 1939 avec Judy Garland) s’amuse à caricaturer – parfois à outrance – le monde irréel, enchanté et pour le moins féérique de l’œuvre originale puis du long-métrage de 1939 mais surtout en gardant l’esprit et l’univers du musical, avec des décors impressionnants, des costumes colorés et une mise en scène fantasmagorique, dignes des plus grandes productions hollywoodiennes de l’âge d’or du cinéma américain, notamment à l’époque des comédies musicales. C’est pareil ici avec une chanson – accompagnée d’une chorégraphie dansée – pratiquement tous les 10 à 15 minutes. Les personnages en font des tonnes – et c’est voulu ! – avec une forte propension à en rajouter « à donf » dans la naïveté, la futilité, le superficiel et l’égocentrisme. Là-dessus, la chanteuse et maintenant actrice Ariana Grande – une sorte de Dorothy au look d’aujourd’hui, pas loin de celui qu’arborait Reese Witherspoon dans La revanche d’une blonde et sa suite, La blonde contre-attaque – nous gratifie de toutes les expressions possibles et (in)imaginables qui puissent exister.
Face à elle, la chanteuse, auteur-compositrice britannique Cynthia Erivo (elle a joué dans la comédie musicale La couleur pourpre)) lui tient la dragée haute, quitte à lui voler la vedette grâce à son jeu profond et convaincant, aussi prenant qu’émouvant. Par chance, elle échappe de justesse à certains dialogues sirupeux, aussi douceâtres que mielleux. Néanmoins, vous n’éviterez pas les clichés de circonstance, qu’ils soient ro(se)mantiques, puériles autour de certaines situations et risibles à travers le rôle du bellâtre de service, un beau prince charmant sous les traits de l’anglais Jonathan Bailey (Elizabeth : l’âge d’or ; The young messiah ; Le jour de mon retour) aux faux airs de l’américain Ryan Reynolds.
Côté action, il faut attendre la dernière demi-heure pour pouvoir assister à une course-poursuite haletante. Question humour, on peut sourire aux différents clins d’œil éhontés qui saupoudrent copieusement le film, autant à Harry Potter (les tenues chamarrées des étudiants de l’université Shiz remplacent celles grises des collégiens de l’école Poudlard, sans oublier la baguette en définitif pas si « magique » que ça), qu’au Seigneur des anneaux (on retrouve ici une figuration « rousse » très proche de celle vue dans la célèbre trilogie ainsi que celle du Hobbit). Outre ces pastiches un tant soit peu parodiques, il faut reconnaître qu’un travail particulièrement remarquable – et remarqué - a été apporté sur l’ensemble des séquences dansées (c’est époustouflant) et chantées (quelle BO !).
Le réalisateur (Jon M. Chu : on lui doit Sexy dance 2 & 3, G.I. Joe – conspiration ; Insaisissables 2 ; et D’où l’on vient) et surtout les producteurs n’ont pas mégoté sur le budget pour que ce long-métrage fasse revivre sur grand écran un spectacle musical de qualité exceptionnelle, joué en 2003 à Broadway puis ensuite à Londres, qui n’a encore jamais foulé les planches d’un théâtre « hexagonal ». Alors, vivement la suite prochainement avec Wicked 2 pour voir si l’ensemble tient bien ses promesses et surtout la route (pavée de bonnes intentions en briques jaunes) !

C.LB



 
 
 
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