Mau d’âmour (jusqu’au 8 février)

le  09/01/2025   au théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard 75004 Paris (du jeudi au samedi à 21h)

Mise en scène de Christel Kern avec Christel Kern (chant), Laura Strubel (piano) et Caroline Stenger (violon) écrit par ou plutôt chanté par Christel Kern



Aller au théâtre, ce n’est pas uniquement pour venir voir des comédies de boulevard, des pièces classiques ou des humoristes de tout poil, c’est aussi pour écouter des spectacles musicaux et l’écrin du théâtre Essaïon se prête parfaitement à ce genre d’exercice. En l’occurrence, une bonne preuve avec la prestation de 3 musiciennes d’origine alsacienne qui ont décidé de faire revivre une partie du répertoire de la défunte chanteuse Maurane. Hommage ô combien méritant – et méritée -, tant l’artiste avait des chansons « à textes » profondes qui ont marqué durablement plusieurs générations de fans.
Si ce récital nous permet de (re)découvrir quelques-uns de ses titres et notamment certains de ses tubes (Tout pour un seul homme ; Sur un prélude de Bach ; Toutes les mamas ; Tu es mon autre…), ce n’est absolument pas – et fort heureusement ! - une pâle imitation de cette dernière, virtuose à la voix chaude trop tôt disparue à laquelle on assiste, mais plutôt à une vibrante dédicace – pas loin de l’adoration d’ailleurs ! – sous la forme d’un concert d’1h20, où les morceaux se suivent, réorchestrés pour l’occasion et entrecoupés d’intermèdes plus ou moins élaborés voire pas toujours inspirés. Quoi qu’il en soit, la démarche est audacieuse, tout en mélancolie dosée et en émotions contenues.
Rien qu’à regarder Christel Kern interprétée plus d’une quinzaine de ces mélodies prenantes de façon intimiste et épurée, on la sent complètement habitée par la mémoire de la chanteuse belge morte en 2018. Autant l’expression faciale certes sincère mais parfois un brin solennelle semble tout imprégnée de ce qu’elle chante comme si elle était un chouia « possédée », autant le vibrato de son timbre sensible et exaltée respire la nostalgie d’une époque révolue, celle des grandes voix de la chanson francophone. Le trio, aussi complice qu’espiègle sur scène, égrène morceau après morceau avec tout le respect dû à la regrettée Maurane qui n’aurait sûrement pas à rougir de la comparaison dans cette rétrospective nuancée pleine d’intensité.

C.LB