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5 septembre
Sortie
le 05/02/2025
De Tim Fehlbaum avec Peter Saasgaard, John Magaro, Ben Chaplin, Léonie Benesch, Zinedine Soualem, Georgina Rich, Marcus Rutherford, Daniel Adeosun, Benjamin Walker et Corey Johnson
5 septembre nous replonge dans l’événement qui a changé le monde des médias à jamais et qui continue de résonner à l’heure où l’information, le direct et la maîtrise de l’antenne reste l’objet de nombreux débats. Le film se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l'époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l'histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité.
Ne vous trompez pas de date avec le 11 septembre - même s’il s’agit aussi d’un acte terroriste aux répercutions internationales -, le « 5 septembre » a marqué tout autant les esprits, notamment pour toutes celles et tous ceux qui ont assisté, soit en live soit à la télévision, à cette prise d’otages au village olympique par un commando arabe durant les Jeux de l’été 1972. Cette fois, pas de reconstitution minutieuse à gros budget hollywoodien mais plutôt celle d’une équipe de diffusion sportive américaine installée sur place et au plus proche de cet évènement bouleversant (à une centaine de mètres du lieu de la séquestration). Bref, un huis clos en interne ou du moins essentiellement au sein d’une régie télévisée, avec les réactions, les réflexions et les choix que ces hommes et femmes ont du appréhender et vivre en conditions de crise et que l’on suit quasiment en temps réel, minute par minute. Même si l’on connait déjà à l’avance le résultat final de ce tragique « kidnapping » particulièrement sanglant - avec enlèvement et tuerie à la clé -, on ne peut que féliciter cette réalisation rythmée, aussi précise que détaillée, comme si nous étions nous-mêmes projetés dans le vif du sujet 53 ans en arrière, avec celles et ceux qui ont su prendre les (bonnes ou mauvaises) décisions pour couvrir ce drame. L’effervescence qui règne dans ce lieu confiné est tel qu’il faut être particulièrement attentif et alerte pour ne pas louper le bon déroulement de l’histoire. D’ailleurs, à ce sujet, on ne doit pas oublier que cet acte odieux perpétué sur le sol allemand a fait le tour du monde – 900 millions de téléspectateurs ont pu voir ce qu’il se déroulait grâce aux retransmissions en direct – et marqué l’Histoire à tout jamais. Mis en scène par le suisse Tim Fehlbaum (Hell ; La colonie), rien n’est laissé au hasard ici, ni le rôle solide de chacun(e) des intervenants (un satisfecit au choix des acteurs – avec même la présence de Zinedine Soualem ! - et actrices talentueux-ses qui semblent habiter par leur interprétation respective), ni le montage rapide qui mélange astucieusement images d’archives avec les intervenants et les infos de l’époque, et prises de vue actuelles, tournées dans les conditions d’un vrai direct, un peu comme un documentaire quelque peu mouvementé. On ressent pendant 1h30 cette tension palpable et ces dilemmes moraux qui se jouent devant nos yeux, ce volte-face où plusieurs protagonistes - et responsables – vont selon « leur questionnement éthique » reprendre le contrôle de la situation sans accepter la moindre erreur de manœuvre, cette ambiance de l’intérieur avec toutes l’ingéniosité et les astuces possibles d’une rédaction pour tenter de garder l’exclu, où on les voit passer du sport au fait divers (celui-ci est devenu historique) en un clin d’œil et un sacré tour de main. Voilà un film historique magistralement orchestré, à la fois captivant et nuancé, qui nous permet d’explorer les coulisses du journalisme et de revenir dans le contexte sensible du « monde réel » l’espace de quelques minutes, tel que cela s’est vraiment déroulé il y a de cela plus d’un demi-siècle. Du bon boulot « médiatique » assurément !
C.LB
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