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Le joueur d’échecs (jusqu’au 1er avril)

le  20/01/2025   au théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard 75004 Paris (lundi et mardi à 19h15)

Mise en scène de Gilbert Ponté avec Gilbert Ponté écrit par Stefan Zweig




Dans la salle voutée du théâtre Essaïon, pas de décor. Il n’y a que lui, le conteur, et le texte, surtout le texte. Un bref regard du comédien sur le public et bientôt la magie commence, celle qui fait que l’on se rend dans les salles pour assister à quelque chose de vivant, qui a lieu au moment même dans cette petite salle du centre de Paris : le spectacle !!!
Et bientôt, sans artifices aucun, par la magie du talent, du verbe et de la technique d’un seul comédien, Gilbert Ponté, le verbe se fait images et la parole se fait chair. Et quelle élocution, puisqu’elle est signée Stefan Zweig ! Le comédien, qui se met également en scène, a en effet décidé de nous conter l’histoire de cet homme, le narrateur, qui, embarquant après la seconde guerre mondiale à bord d’un paquebot, aura pour compagnon de voyage Cvetkovic, un hongrois orphelin à 12 ans, champion d’échecs à 20, et « crétin victorieux et arrogant ».
Enthousiasmée par sa présence à bord du bateau, l’assemblée des passagers n’aura de cesse de lui proposer une partie. Seul l’appât du gain fera accepter le cupide champion. Bien entendu, il battra à plates coutures tous les adversaires qui se présenteront. Mais c’est sans compter sur l’intervention d’un mystérieux Monsieur B. pour qui les échecs sont liés intimement à un épisode terrifiant de son existence. Terrain de jeu, la « planche à carreaux » comme on appelle l’échiquier, devient chez Zweig le lieu de l’affrontement entre deux hommes, et au-delà, une lutte symbolique contre le nazisme, dont les traces sont encore fraiches dans les mémoires européennes en cet immédiat après-guerre.
Si l’on ne connaissait pas le récit palpitant, on le découvre, haletant, passionnant. Si le comédien seul en scène a choisi une forme dépouillée, simple, pour présenter ce texte, il met en valeur autant les articulations que les accélérations Au fil du suspens, le pouls du spectateur bat plus fort, épousant au plus près les intentions du comédien. Plus qu’une pièce de théâtre, on préférera cependant parler ici d’un conte, une histoire superbement interprétée par Gilbert Ponté. Quoiqu’il en soit, vous aurez plaisir à découvrir ou redécouvrir ce superbe texte.

Eric Dotter



 
 
 
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