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De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron (jusqu’au 9 mars)

le  03/02/2025   au théâtre Dejazet, 41 boulevard du Temple 75003 Paris (du mardi au samedi à 20h30, mâtinées samedi et dimanche à 16h)

Mise en scène de Lionel Courtot avec Stéphane Dausse et Nicolas Vial écrit par Jean-Marie Besset




Etre né le même jour que son sujet déclenche-t-il une sympathie ? Probablement pas, mais en introduisant le spectacle dont il a écrit le texte, Jean Marie Besset, né un 22 novembre (en 1959) comme le Général de Gaulle (lui en 1890), nous prévient : « De Gaulle est l’égal de Louis XIV et de Napoléon. Il est important de lui rendre hommage ». Nous voici prévenu : dans le titre « De Gaulle apparaît en songe à Macron », c’est le premier nom qui compte.
Voici donc Macron en pyjama-robe de chambre dans un des salons et sous les ors de l’Elysée. Insomniaque né, il se retrouve soudain nez à nez avec De Gaulle qui apparait dans le lieu qu’il occupa plusieurs décennies auparavant. « Alors, c’est vous le jeune président ? ». Rien n’y manque, uniforme, képi, stature et même voix : l’incarnation est parfaite, et c’est un avatar de l’actuel qui va parler au fantôme du créateur du poste, bref, de président à président.
Que le lecteur se rassure, même si la ressemblance est parfaite entre comédiens et personnages, on est cependant plus dans l’incarnation que dans l’imitation. Dans un dialogue érudit, vont ainsi défiler tous les évènements qui ont émaillé l’époque moderne en France. Aucun ne voulant être en reste, surtout pas Macron, un dialogue d’initiés débute, souvent savant, parfois pédant, Macron ne voulant rien céder à son glorieux prédécesseur.
Et l’un et l’autre d’égrener les noms et les évènements : Mitterrand ? « Je ne l’ai jamais vu à Londres-dit De Gaulle- parce qu’au même moment il était à Vichy ». Mai 68 comparé aux émeutes des gilets jaunes ? « Moi, j’étais vieux et ils étaient jeunes, tandis que vous vous étiez jeunes comme eux ». Souvent, c’est Charles le paternaliste qui parle et Emmanuel qui répond. Et lui donne souvent raison. Même dans l’esprit de ce président moderne, plus si jeune : « je vieillis à un rythme de chien, chaque année en parait 7 -dit Macron- », De Gaulle reste un modèle. Et même lorsqu’il décrit avec sincérité sa rencontre avec Poutine de part de d’autre de l’immense table en marbre du dictateur russe, se sentant comme « un petit garçon », le militaire réplique : « vous croyez que c’était mieux avec Staline » ?
Statue du commandeur contre vieil enfant parfois capricieux et autoritaire, la recette fonctionne plutôt bien. Même si l’on n’adhère pas complètement à la forme, un peu désuète, et à l’écriture un peu figée, il faut être honnête, ce spectacle relativement court se laisse regarder avec plaisir et sans ennui. Emmenez-y vos ados, même s’ils ronchonnent, ils réviseront une partie de l’histoire récente de leur pays.

Eric Dotter



 
 
 
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