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Jean-Luc Bertand dans Stand-up magic (jusqu’au 12 mars)
le 05/02/2025
au
au théâtre le Contrescarpe, 5 rue Blainville 75005 Paris (mercredi à 19h et le samedi 22/02 à 21h)
Mise en scène de Jean-Luc Bertrand avec Jean-Luc Bertrand écrit par Jean-Luc Bertrand
Soyons honnêtes, le critique qui signe ce billet n’a jamais aimé les mentalistes, ces magiciens qui bluffent leur public en devinant ses secrets les plus enfouis. Alors, en entrant dans la petite salle de la Contrescarpe, la crainte se confirme à la vue d’une introduction de spectacle un peu lourde faite de panneaux muets plus ou moins drôles. A l’apparition dudit mentaliste, on n’est pas plus rassuré : « un bon spectacle c’est un bon casting et un public qui me fait un accueil de folie ». On a connu présentation plus modeste. Mais, miracle ou magie, l’homme se révèle être un excellent bateleur et commence une série de tours époustouflants qui laissent peu de place à l’indifférence. D’abord en retrait, le spectateur se sent peu à peu conquis par l’artiste. Une carte déchirée est ainsi raccommodée, la face d’un dé est devinée. Les tours défilent, suscitant l’admiration. On n’est plus à l’époque où une assistante muette aidait le magicien, c’est désormais le public qui est mis à contribution. Christian, Elie et Milena, Livia et Jérémy, spectateurs d’un soir, sont ainsi invités à monter sur scène et à être littéralement endormis devant les yeux du public. C’est bluffant mais il reste dans l’esprit du spectateur un petit fond d’incrédulité Alors, le mentaliste prend un bouc émissaire, prénommé Kevin le soir de notre venue, et lui fait perdre jusqu’à l’usage de son prénom, et de ses sensations. On a bien observé le manège et rien ne permet de déduire que c’est un complice. Mais après tout, qu’importe ! Le tour est joué et le public conquis. Tout autant que les cartes dont il devine sans difficulté la face, Jean-Luc Bertrand met le spectateur dans sa poche. Le spectacle continue, dramatisé à souhait à coups de lumières et de musiques inquiétantes. Devinant ici un prénom, là celui d’une amie d’une spectatrice, Jean-Luc Bertrand se familiarise avec le public, qu’il tutoie et intègre entièrement à son show. Et forcément, ce qui devait arriver advient, bien que planqué au fond de la salle, derrière son carnet de notes, le critique est choisi pour monter sur scène. Et ce qui se passe de l’intérieur est pour le moins époustouflant. On a le sentiment de vivre une expérience un peu hors du temps et les yeux se ferment irrésistiblement sur l’injonction du magicien. Par volonté de ne pas en dire trop, on n’en révélera pas plus de détails de cette expérience inédite. Que l’on rassure les craintifs et les timorés, la participation du public est totalement optionnelle mais, force est de reconnaitre que celui du soir de notre venue avait du talent. Et c’est un peu ça la recette de « Stand up magic », et ce qui le distingue des nombreux autres spectacles de la même catégorie : une bienveillance et une inclusion des spectateurs. En dehors du talent incontesté de Jean-Luc Bertrand, on sent la totale sincérité dans le mot (un peu sentencieux) qu’il nous adresse en fin de spectacle : « la magie, c’est un moment qu’on partage, et je suis le vecteur de ce moment partagé ». Et c’est en mettant beaucoup de lui dans son show que Jean-Luc Bertrand touche au but. Même si vous n’êtes pas fan du mentalisme, allez le voir, c’est bien plus qu’un simple show de magie !
Eric Dotter
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