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Zion
Sortie
le 09/04/2025
De Nelson Foix avec Sloan Descombes, Zebrist, Axelle Delisle, Philippe Calodat, Don Snoop et Lucile Kancel
En Guadeloupe, Chris partage son temps entre deals, aventures sans lendemain et rodéos en moto. Repéré par Odell, le caïd du quartier voisin, Chris se voit confier une livraison à risque. Malgré la mise en garde de son meilleur ami, il accepte la mission. Mais le jour de la livraison, il découvre qu'un bébé a été déposé devant sa porte. Commence alors pour lui, une course infernale qui le mènera à un choix crucial...
Ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance et le privilège de voir une production estampillée antillaise, de surcroît guadeloupéenne, qui plus est si celle-ci est une fiction dramatique et poignante, doublée d’un film d’action à la fois réaliste, intense et enlevé, avec poursuites, braquages et tueries à la clé. C’est d’autant plus rare lorsque la réalisation – celle du jeune Nelson Foix (également scénariste) qui a déjà mis en scène pas mal de clips et dont c’est ici le premier long métrage - est de cette manière fort stylisée, sur fond d’une BO oscillant d’un côté vers le traditionnel caribéen, et de l’autre vers des versions modernes plus recherchées pour ne pas dire superbement branchées (grâce entre autres aux chansons de Kalash, Don Snoop et Keros-N). Et tant pis ou plutôt tant mieux si les dialogues sont à moitié en français et à moitié en créole, cela donne un cachet authentique, voire une dimension exotique (même si tout se passe dans un ghetto !), un peu comme n’importe quel autres film étranger. D’ailleurs, au bout d’un moment, on n’y fait même plus attention, tellement nous sommes captivés par l’atmosphère tendue qui s’installe devant nos yeux. Car le « héros » a beau être un guignol un tant soit peu frimeur sur les bords, entre le bouffon, le « chelou » et le « crevard », on ne peut qu’avoir de l’empathie pour ce jeune homme plein d’humanité qui va tomber inlassablement de galère en galère – sous les traits très convaincants de Sloan Descombes, vu dans des téléfilms (notamment Meurtre à Marie-Galante) et dans le court métrage de Nelson Foix (Timoun aw). Nous voilà parti pour 1h40 bien rythmée (sans véritable temps mort) et complètement décalée (tournée loin des décors paradisiaques de cartes postales que l’on connaît), avec un impressionnant casting dit sauvage et uniquement « local », au talent brut et néanmoins très charismatique – le « gamin » abandonné est quant à lui si craquant qu’on serait prêt à l’adopter sur le champ ! - qui devrait inspirer prochainement bien d’autres cinéastes. N’oublions pas de préciser au passage que le titre Zion fait référence à une montagne sacrée – la colline de Jérusalem (vous comprendrez mieux en écoutant « le prophète » parler !) -, lui-même tiré du court intitulé Timoun aw qui veut dire « ton gamin » : ceci expliquant cela. Bref, une très bonne surprise au potentiel réel qui devrait attirer autant les amateurs que les curieux en quête d’autres univers avec quelques sensations fortes en prime.
C.LB
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