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Pauline & Carton (sauf les 28, 29 et 30 mars)

le  05/03/2025   au sein de l’Artistic Athévains, 45 rue Richard Lenoir 75011 Paris (mardi et jeudi à 20h45 – sauf le 27/03 à 19h -, mercredi à 19h30, vendredi à 19h, samedi à 15h et dimanche à 17h)

Mise en scène de Charles Tordjman avec Christine Murillo écrit par Pauline Caron (en partie)




Bob sur la tête, sandales chaussettes, silhouette confortable dans une robe large, carton sous le bras, elle débarque en s’excusant presque d’être là : « j’ai entamé une carrière de diseuses à 80 ans, je ne veux pas vous imposer la présence d’une croulante ». Elle, c’est Pauline Carton, comédienne (1884-1974), qui, des débuts du parlant à ceux de la télévision, joua un nombre incroyable de films et de pièces de théâtre, toujours cantonnée aux rôles de domestique et gardienne d’immeuble : « je n’en ai jamais cherché d’autres », dit-elle avec humour dans la voix de Christine Murillo, qui l’incarne sur la scène des Artistic Athévains.
De l’humour, Pauline Aimée Biarez n’en manquait pas, elle qui tira son pseudonyme de « Carton » du nom du premier personnage qu’elle joua dans « Le ruisseau ». Mimant comme personne Simon (Michel), Cocteau (Jean) ou certains de ses collègues acteurs affectés de défauts de prononciation, Pauline Carton/Christine Murillo n’hésite pas à pousser la chansonnette en remémorant à l’oreille des plus anciens des airs bien connus tels que « En regardant par le trou de la serrure » ou « Ah, qu’elle rêve d’avoir un bistro », et c’est ainsi tout un pan de la culture populaire des années 50 (et même avant) qui défile.
Truculente à souhait, et ne s’épargnant pas, en fustigeant « sa voix de canard » et son « visage en pomme de terre », Pauline Carton s’arrête brièvement à ses amours, son seul amour, celui avec le poète Jean Violette, qu’elle visita pendant 50 ans tous les mois d’août à Genève où il vivait, un amour tenace, au point qu’elle se mutila presque pour échapper à un engagement auquel on l‘avait contrainte pendant le mois consacré à son amant.
Mais bientôt reprend le cours de ses anecdotes de scène ou de tournages, qui mettent régulièrement en scène Sacha Guitry avec lequel elle entretint une longue et belle amitié. Parfois, la simplicité et la bonhommie de la dame flirtent avec la poésie : « Pour fêter mes 90 ans, les moineaux des Tuileries auront deux croissants, comme tous les matins… ». Nostalgie ou esprit facétieux de la comédienne qui fait corps avec son personnage ? On sourit souvent à l’évocation de la vie simple de Pauline Carton, qu’elle sembla traverser sans heurts.
Faisant suite à son apparent succès la saison dernière à la Scala, le spectacle est repris aux Athévains, et c’est tant mieux. On se permettra toutefois d’émettre un léger doute quant à l’intérêt de cette suite d’anecdotes si ce n’est le retour des plus anciens à une époque révolue où tout était apparemment plus facile.

Eric Dotter



 
 
 
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