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- expo : Rococo and Co - De Nicolas Pineau à Cindy Sherman au Musée des Arts Décoratifs (jusqu'au 18 mai)

le  12/03/2025   au musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli 75001 Paris (Horaires → du mardi au dimanche de 11h à 18h → nocturne le jeudi jusqu’à 21h)

Mise en scène de Turner Edwards, doctorant, et François Gilles, doctorant et sculpteur avec des dessins, du mobilier, des boiseries, des objets d'art, des céramiques... écrit par ou plutôt proposé par Bénédicte Gady, directrice des musées par intérim




Le musée des Arts décoratifs propose, du 12 mars au 18 mai 2025, une exposition inédite consacrée au style rococo. « Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman » explore les évolutions de ce style, de son émergence au début du xviiie siècle jusqu’à ses résurgences dans le design et la mode contemporaine, en passant par l’Art nouveau et l’art psychédélique. Près de 200 dessins, mobilier, boiseries, objets d’art, luminaires, céramiques, et pièces de mode dialoguent dans un jeu de courbes et de contre‑courbes. Nicolas Pineau et Juste Aurèle Meissonnier côtoient Louis Majorelle, Jean Royère, Alessandro Mendini, Mathieu Lehanneur, mais aussi les créateurs de mode Tan Giudicelli et Vivienne Westwood, et l’artiste Cindy Sherman. Le commissariat est assuré par Bénédicte Gady, directrice des musées par intérim, Turner Edwards, doctorant, et François Gilles, doctorant et sculpteur.

Cette exposition célèbre la restauration d’un fonds unique au monde de près de 500 dessins issus de l’atelier du sculpteur Nicolas Pineau (1684-1754), l’un des plus importants propagateurs du style rocaille, que l’Europe adopte sous le nom de rococo. Adepte d’une asymétrie mesurée et d’un subtil jeu de pleins et de vides, Nicolas Pineau s’illustre dans des domaines variés : boiserie, sculptures ornementales, architecture, estampe, mobilier ou orfèvrerie. La présentation de cette figure majeure du rococo se prolonge dans un atelier qui plonge le visiteur au cœur de la fabrique d’une boiserie rocaille. Asymétries, sinuosités, rêves de Chine et imaginaires animaliers illustrent les infinies variations du style rococo. Enfin, du xixe au xxie siècle, cette esthétique trouve de nombreux échos, du néo-style aux détournements les plus inattendus et ludiques.

-Fabrique du décor - Dans l’atelier d’un sculpteur de boiseries :
Les dessins présentés dans l’exposition sont issus du fonds d’atelier de Nicolas Pineau, qui a été conservé dans sa descendance jusqu’à la fin du xixe siècle. Une importante partie de ce fonds a alors été achetée par l’Union centrale des Arts décoratifs (ancêtre du musée des Arts décoratifs). D’une très grande variété typologique, ces dessins offrent un point de vue exceptionnel sur les modes de conception et de réalisation du décor sous l’Ancien Régime. Leur confrontation avec les œuvres de Nicolas Pineau donne à voir la complexité des procédés mêmes de la création. Une salle de l’exposition est consacrée à ces pratiques d’atelier.
Le sculpteur François Gilles restitue les étapes de réalisation d’une boiserie d’après un modèle de Nicolas Pineau, en donnant à voir trois phases de ce travail de sculpture. Vidéos et outils explicitent les moyens techniques mis en œuvre au xviiie siècle.

-Figure du rococo - Nicolas Pineau, entre Paris et Saint-Pétersbourg :
D’abord connu pour son œuvre gravée, Nicolas Pineau est appelé en 1716 en Russie, où il devient premier sculpteur puis premier architecte de Pierre le Grand. Pour le tsar, il dessine de nombreux projets de décors, jardins, monuments et édifices, participant activement aux grands chantiers qui transforment Saint‑Pétersbourg en capitale d’un nouvel empire et Peterhof en une nouvelle Versailles. De retour à Paris en 1728, Pineau souhaite poursuivre sa carrière d’architecte, mais c’est en tant que sculpteur qu’il excelle et se distingue auprès de ses contemporains. Il travaille principalement pour la noblesse parisienne et pour Louis XV, tout en continuant à envoyer ses modèles en Allemagne et en Russie, et en maintenant une activité éditoriale.
Essentiellement constituée de sculptures de façades et de boiseries, son œuvre est en grande partie détruite avec l’avènement du néo-classicisme. Toutefois, des vestiges subsistent encore aujourd’hui dans les rues du vieux Paris, témoignant de l’élégance de son art.

-Formes du rococo :
Asymétrie, sinuosités, infinies variations, rêves de Chine, imaginaires animaliers : Nicolas Pineau, comme ses contemporains et ses suiveurs, compose un art plein de fantaisie, de surprise, de profusion, qui puise son inspiration dans la nature comme dans l’architecture classique tout en les transfigurant.
Si Pineau développe un vocabulaire formel singulier, la révolution de ce goût de la courbe, de l’excès, de l’hybridation, du caprice selon certains, se répand dans tous les arts et dans toute l’Europe.

-Échos du rococo :
Le rococo a marqué un tournant dans l’histoire des arts décoratifs dont les échos se font encore entendre. La perception contrastée de ce style, entre passion et rejet, amène à explorer l’historicisme du xixe siècle, les sources de l’Art nouveau et celles de la post‑modernité. Les formes du rococo se cachent, se déclinent, s’hybrident, et se réinventent toujours.
Cette liberté des formes, leur inventivité apparaissent comme un défi au goût et à la logique. La ligne fouettée d’un Majorelle résonne avec les courbes asymétriques des créations de Mathieu Lehanneur ou de Pierre Renart. Vivienne Westwood, comme Cindy Sherman, se jouent de la préciosité rococo, à l’instar de Tan Giudicelli qui orne une robe à la façon d’une commode rocaille. Chez Royère, la nature reprend ses droits : le décorateur transforme en lianes des luminaires. La confrontation d’objets néo ou post-rococo avec l’œuvre de l’un cette esthétique, Nicolas Pineau, pose la question de la permanence et du succès d’un « goût », qui ne semble pas devoir s’épuiser.

*Publication :
Une importante monographie consacrée à Nicolas Pineau est publiée parallèlement à cette exposition. Elle est coéditée par le musée des Arts décoratifs et les éditions Le Passage.



 
 
 
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