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Face aux murs (jusqu’au 30 mars)

le  07/03/2025   au sein de la Scala Paris, 13 boulevard de Strasbourg 75010 Paris (du mardi au samedi à 19h et dimanche à 15h)

Mise en scène de Damien Droin avec Tristan Etienne, Mael Thierry, Hugo Couturier, Louise Aussibal, Damien Droin, Tanguy Pelayo et Carl Rom Colthoff écrit par ou plutôt créé par la compagnie Hors surface




Le rideau de la Scala s’ouvre sur un homme au pied d’un mur, puis vient ensuite une scène en ombres chinoises : on croit y deviner un couple attablé à la terrasse d’un café ; la lumière change et la scène devient irréelle. Etirée par le changement de lumières, la perspective devient floue et échappe à la compréhension du spectateur. Le décor se retourne alors pour laisser apparaitre ce que sera le dispositif de scène : deux larges trampolines et une structure métallique, sorte d’échaudage constituant pour l’heure le fonds de scène.
4 statues humaines sont disposées de part et d’autre des surfaces bondissantes. Tour à tour une femme vient les bousculer et les faire tomber. Mais miracle, après avoir rebondi, elles reprennent instantanément place dans la posture qu’elles venaient de quitter. Des figures, des images saisissantes telles que celle-ci, il y en a beaucoup dans ce spectacle mettant en scène des acrobates, 5 hommes et une femme, qui en solo, en duo ou en groupe vont bondir et faire d’incroyables figures sur ces deux trampolines.
Les figures sont circassiennes, certes mais l’intention est plus que la démonstration de corps en mouvements : avec ces corps, Damien Droin, concepteur, metteur en scène et l’un des acrobates de ce spectacle entend raconter ici des moments de vertiges et de doutes, des moments lors desquels on chute et l’on rebondit. Le mur sur lequel les artistes montent parfois à la verticale est un obstacle à franchir pour rejoindre l’autre.
Que l’on rassure toutefois les spectateurs qui voudraient emmener leurs enfants à ce pur moment d’enchantement : l’esthétique sublime qui fait s’écrier de joie les plus jeunes (c’était le cas de la petite fille qui était dernière nous le jour de notre venue) apporte tout naturellement la symbolique que l’on comprend ou que l’on ressent. Fumée et lumières construisent et déconstruisent ainsi un espace en perpétuel mouvement, des luttes et des ententes se font entre individus qui se bousculent et se rejoignent à l’issue d’incroyables sauts périlleux.
C’est parfois émouvant mais c’est surtout d’une incroyable beauté : les 6 artistes sur scène ne se contentent pas d’être de brillants acrobates, ils offrent une présence théâtrale tout à fait crédible faisant de ce spectacle plus, beaucoup plus qu’une simple performance physique. Et, pour les quelques sceptiques qui ne croiraient pas au rêve d’Icare : oui, les hommes peuvent voler, la preuve en est donnée sur la scène de la Scala Paris.

Eric Dotter



 
 
 
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