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Oxana
Sortie
le 16/04/2025
De Charlène Favier avec Albina Korzh, Maryna Koshkina, Lada Korovai, Oksana Zhdanova, Noée Abita, Yoann Zimer et Jonathan Halperyn
Ukraine, 2008. La jeune Oxana et son groupe d’amies multiplient les actions, slogans peints sur le corps et couronnes de fleurs dans les cheveux, contre un gouvernement arbitraire et corrompu. C’est la naissance d'un des mouvements les plus importants du XXIe siècle : FEMEN. Réfugiée politique, artiste, activiste, Oxana franchira les frontières et militera sans relâche pour les droits des femmes et la liberté, jusqu'à risquer sa propre vie.
Montrer ses seins est certes un geste symbolique mais il n’a pas toujours été une tâche facile à imposer, d’autant plus si on a au préalable peint dessus des messages et des slogans qui vont à l’encontre de la bonne image que veut donner telle personnalité en place, tel régime politique ou bien tel pays, notamment de l’Est ! Il est sûr et même certain que ce procédé peu conventionnel (« mes seins, mes armes ! »), voire même « excentrique » (pour l’époque) ne peut qu’attirer les regards, surtout ceux des photographes et donc, par la force des choses, des médias. Et voilà comment une jeune fille rebelle a réussi, avec l’aide de ses copines dépoitraillées elles aussi, à manifester torse nu et à se battre contre les injustices, la prostitution, les inégalités sociales, la précarité, le consumérisme, le féminisme, la corruption, etc… qui régnaient – et règnent sûrement encore - autant chez elle, l’Ukraine, qu’ailleurs, dans le reste de l’Europe dit totalitaire. A coup de souvenirs plus ou moins sombres en forme de flashbacks sur une période qui va de 2002 à 2018, on découvre le parcours – pour ne pas dire la trajectoire « fulgurante » – d’une femme souvent en topless « guidant le peuple » (en référence au célèbre tableau d’Eugène Delacroix) qui a lutté et qui s’est battue toute sa (courte) vie pour être libre de crier et de choisir son avenir. Révolutionnaire dans l’âme, activiste sans répit et réfugiée malgré elle, son existence n’a été qu’un combat pour faire reconnaître les disparités, les irrégularités et autres malversations que par exemple tel dictateur pouvait infliger à son peuple (Poutine et Loukachenko, président de la Biélorussie, en tête). Du mouvement, on ne verra que quelques manifestations épisodiques et toujours « en petit comité » qui se terminaient inexorablement par des arrestations, la caméra préférant filmer au plus près les motivations révoltées comme les errances « parisiennes » désespérantes de son héroïne engagée, la sensuelle, attachante et fougeuse Oxana, interprétée très justement par l’actrice ukrainienne Albina Korzh (Between the lines ; Maksym Osa). Si la première moitié du film nous raconte la vie trépidante et « librement inspirée » de cette passionaria en pleine crise d’identité – et en mal de vivre également -, l’autre partie reste académique et contemplative, traînant en longueur autour de ses déambulations, et nous permettant de deviner assez rapidement les intentions fatidiques ainsi que l’issue fatale de cette peintre d’icônes blasphématoires au coup de pinceau provocateur – et pas que cela… ! -. C.LB
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