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Sarina dans Lève-toi ! (jusqu’au 21 mai)
le 19/03/2025
au
théâtre Essaïon, 6 rue Pierre-au-lard 75004 Paris (mercredi à 21h sauf le 26/03)
Mise en scène de Sarina, Tania Garbarski et Charlie Dupont avec Sarina écrit par mais surtout interprété par Sarina
Lorsque tout le monde est enfin assis, la salle s’éteint et l’on entend alors une petite voix douce et claire d’abord chantée a cappella puis parlée posément, alors que nous sommes toujours plongés dans le noir le plus profond du théâtre Essaïon. Et pendant 10 bonnes minutes, on se laisse aller nous aussi à fermer les yeux pour écouter ce joli timbre vocal au léger vibrato, aussi maîtrisé qu’agréable à entendre. Puis la lumière revient et l’on découvre une jeune pianiste – et également guitariste – derrière un piano à queue, le regard cherchant à attraper quelque chose ou bien quelqu’un. La musicienne et interprète belge Sarina nous le précise tout de go : elle est née « très mal voyante » et a perdu l’usage de la vue à 13 ans. Ceci expliquant cela (elle n’a « pas eu envie d’être catégorisée »), on a alors le droit à un récital des plus féminins qui soit, 12 chansons puisées dans le vaste répertoire d’icônes de la musique, celui de ces grandes dames de la chanson française et internationale, des femmes qui ont un sacré parcours et surtout une drôle d’histoire que Sarina nous raconte, telle des petites anecdotes captivantes, de façon plus ou moins joyeuse, voire espiègle, un peu sautillante et parfois drôle. Car oui, outre le fait de se réapproprier à sa manière quelques-unes de ces mélodies intemporelles – des titres pour certains très connus devenus des classiques (les mythiques J’ai deux amours de Joséphine Baker, Jolene de Dolly Parton, Li Beiruth de Fairuz, ou encore Pata pata de Myriam Makeba) -, Sarina utilise tour à tour l’assurance, l’aplomb, la désinvolture et bien sûr l’humour pour faire passer judicieusement ses messages en forme d’hommages, afin de nous toucher à notre tour. Et ça marche ! Les spectateurs sont aux anges et peu importe le handicap de l’artiste, l’effet de surprise et la curiosité sont passés au second plan pour ne laisser la place qu’à un rassemblement communicatif, à une communion émotionnelle entre le public et elle. Pari tenu comme l’ont réussi avant elle d’illustres prédécesseurs que furent notamment Ray Charles, et que sont encore aujourd’hui pour d’autres (Stevie Wonder, José Féliciano, sans oublier notre Gilbert Montagné national) !
C.LB
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