en 
 
 
cinema

 
 

- programme : Qui se souvient du génocide cambodgien ? au Forum des Images (jusqu'au 4 mai)

le  15/04/2025  



Du 15 avril au 4 mai, cette programmation inédite, initiée par les chercheurs Soko Phay et Pierre Bayard, vise à mieux faire connaître le génocide perpétré par les Khmers rouges, il y a 50 ans. Quel est le rôle du cinéma dans le processus mémoriel de cette tragédie longtemps occultée ?
40 films, des débats en présence de nombreux invités, des cours de cinéma et une exposition explorent, à travers l’œuvre de Rithy Panh et celles de la jeune génération de cinéastes, une mémoire du génocide qui demeure fragile malgré des séquelles encore vives.


Entre le 17 avril 1975 et le 7 janvier 1979, le Cambodge a été le théâtre d’un des crimes de masse les plus meurtriers du XXe siècle. Sous la direction de Pol Pot, le régime des Khmers rouges a orchestré un génocide entraînant la mort de près de deux millions de personnes, soit un quart de la population. Exécutions de masse, famine et travail forcé ont marqué cette période tragique, dont les séquelles restent encore vives aujourd’hui. Pourtant, cette tragédie a longtemps été occultée et sa mémoire demeure fragile.
À l’heure de la commémoration de ce génocide, un programme ambitieux, initié par les chercheur·ses Soko Phay et Pierre Bayard, vise à mieux faire connaître cet événement et à questionner les traumatismes qui en découlent, tant dans la société que dans les œuvres des artistes. Une interrogation essentielle se pose, le cinéma ayant souvent été un outil de mémoire et de transmission : l’art peutil et doit-il traiter d’un génocide ?

Le Forum des images explore cette problématique à travers un cycle de projections et de rencontres, dédié à la mémoire du génocide cambodgien.
Pendant trois semaines, et en présence de nombreu·ses invité·es, 40 films – fiction, documentaire et animation – retracent l’histoire, les témoignages et les impacts de cette tragédie. Cette programmation met en lumière la mémoire d’un peuple et la puissance du cinéma comme témoin de l’Histoire.

L’œuvre majeure du cinéaste Rithy Panh, qui interroge depuis 30 ans la machine de mort khmère rouge, est à redécouvrir avec un choix de 9 films : de Bophana, une tragédie cambodgienne à Rendez-vous avec Pol Pot, d’Un soir après la guerre aux Tombeaux sans noms. L’Image manquante inaugure le programme (mercredi 16 avril à 20h30).
Incarnations des cinéastes de la postmémoire, Davy Chou (Diamond Island) et Kavich Neang (White Building) filment la jeunesse cambodgienne, prise entre les fantômes du passé et l’avenir. Invités du programme (26 et 27 avril), ils sont aussi les producteurs de jeunes réalisateur·ices dont ils présentent les films.

Parmi la génération émergente, de jeunes auteur·ices comme Allison Chhorn et Polen Ly abordent l’exil et l’identité avec sensibilité. Plusieurs films inédits contemporains sont à découvrir, les 3 et 4 mai.
Entre mémoire et modernité, ces films offrent un regard puissant sur le Cambodge d’hier et d’aujourd’hui.

-LES TEMPS FORTS :
*Projections-débats du mardi et cours de cinéma du vendredi :
Chaque mardi, deux documentaires sont accompagnés de débats entre réalisateur·ices, avocat·es, journalistes et universitaires.
Les vendredis, les cours de cinéma éclairent la question des représentations du génocide.

Animée par le journaliste Arnaud Vaulerin, la soirée du 15 avril est consacrée à la place de la justice internationale et la lente reconnaissance du génocide cambodgien. Khmers rouges amers est suivi d’un dialogue avec le co-réalisateur Bruno Carette. La projection du Khmer rouge et le non-violent de Bernard Mangiante réunit les avocat·es, Jeanne Sulzer et François Roux, qui a assuré la défense du tortionnaire Duch.
Le 22 avril, il est question de la diaspora cambodgienne, contrainte à l’exil par le régime de Pol Pot. En France, cette mémoire douloureuse est explorée, notamment à travers Tours d’exil que sa réalisatrice Jenny Teng vient présenter. Portrait d’artistes réfugié·es en France, le film Héritages en images est suivi d’un débat entre son réalisateur Nara Keo Kosal, la chercheuse Hélène Le Bail et les artistes Rotha Moeng et Randal Douc (sous réserve).
Le 29 avril, une réflexion sur la propagande et ses rares images clôt cette série de projections-débats. Les universitaires Pierre Bayard, Soko Phay et Aurélie Ledoux abordent le sujet après la projection de 1978, les images retrouvées des Khmers rouges de Serge Viallet et Bernard Catalan. Cette soirée est l’occasion de découvrir le film inédit Kampuchéa, mort et résurrection, réalisé par une équipe estallemande, Walter Heynowski et Gerhard Scheumann, lors de la chute du régime khmer rouge.

Les vendredis 18 avril, 25 avril et 2 mai à 18h30, les cours de cinéma invitent à une réflexion sur le rôle du cinéma dans la mémoire et la résilience face aux tragédies historiques. Trois séances interrogent le pouvoir du cinéma :
“Mémoire fantôme” par Ophir Levy et Soko Phay (universitaires)
“Le cinéma peut-il nous consoler ?” par Jenny Teng (cinéaste et universitaire)
“La mémoire différentielle” par Pierre Bayard (universitaire) avec des interventions de Soko Phay et Ariane Tillenon (universitaires)
Autant de questions essentielles pour comprendre le lien entre cinéma, mémoire et histoire.

*Le cinéma des témoins et des héritiers du génocide :
Par une sélection de films, de la bande dessinée, des photographies et des dessins, le programme explore la quête de l’image manquante pour celles et ceux dont l’histoire familiale porte encore les traces de cette tragédie.
La programmation s’ouvre officiellement le mercredi 16 avril avec une soirée d’exception mêlant cinéma, danse et littérature.
La projection de L’Image manquante de Rithy Panh (2013), film intime et bouleversant du réalisateur sur son vécu du génocide cambodgien, est précédée d’une « Danse des souhaits » par le Ballet Classique Khmer et d’une lecture-performance de 80 mots du Cambodge (L’Asiathèque, 2023) par son auteur JeanBaptiste Phou.
Neuf films de Rithy Panh sont présentés tout au long du programme, offrant une immersion unique dans l’œuvre du cinéaste qui n’a cessé d’explorer la mémoire du génocide et la reconstruction du Cambodge.
Plusieurs d’entre eux sont présentés par Soko Phay et Pierre Bayard dont : Duch, le maître des forges de l’enfer, Exil ou encore Le papier ne peut pas envelopper la braise.
Le programme met en lumière la force du cinéma cambodgien pour faire mémoire, à travers la pluralité des récits et des formes. Parmi la sélection de films, les courts métrages de la vidéaste Allison Chhorn, dont Blind Body qui revient sur la vie de sa grand-mère devenue partiellement aveugle ; le long métrage d’animation de Denis Do, Funan, ou la survie d’une femme en quête de son fils arraché à sa famille pendant l’exil forcé depuis Phnom Penh ; ou encore, le documentaire L’important c’est de rester vivant – Au cœur de la folie khmère de Roshane Saidnattar. Rescapée des camps, la réalisatrice entremêle les sources : son entretien avec le théoricien du pouvoir khmer rouge, Khieu Samphan, des archives inédites et ses propres souvenirs.

Jeudi 17 avril – 19h, place à la bande dessinée avec une rencontre autour de L’Année du Lièvre, trilogie de Tian qui retrace l’histoire d’une famille confrontée au régime des Khmers rouges (éditions Gallimard). L’auteur dialogue avec le journaliste Alex Masson sur son travail et la mémoire du génocide en BD.
Du 16 avril au 4 mai : Sous le commissariat de Soko Phay et Patrick Nardin, l’exposition Les paysagesmémoires du Cambodge interroge, à travers un ensemble de photographies, de dessins et de films courts, les traces discrètes mais persistantes du génocide dans les paysages cambodgiens.
Parmi les œuvres des dix artistes exposé·es, celles du peintre Vann Nath, survivant du centre d’extermination S-21, témoignent de la déshumanisation des camps.

*Cinéma postmémoire, les nouvelles générations face aux démons du passé :
Rithy Panh a ouvert la voie à de nombreux réalisateur·ices. Ces jeunes cinéastes choisissent d’explorer des récits au-delà de l’histoire sombre de leur pays.
Représentée par Davy Chou et Kavich Neang, la nouvelle génération de réalisateur·ices cambodgien·es émerge dans le paysage cinématographique post-génocide, explorant des thèmes variés qui dépassent les tragédies du passé. Le programme met en lumière largement leurs films à travers projections, rencontres et deux week-ends dédiés.
Les 26 et 27 avril, Davy Chou et Kavich Neang sont les invités du Forum : projections de leurs films respectifs en leur présence (Diamond Island, Last Night I Saw You Smiling), rencontre croisée sur leur rôle de producteurs de jeunes cinéastes (27 avril à 15h30) et séances des films qu’ils soutiennent. À découvrir, Quinzaine claire d’Adrien Genoudet en sa présence et un programme de courts métrages, signés Danech San (A Million Years, Sunrise in My Mind) et Sreylin Meas (California Dreaming).
Travaillé par la mémoire du génocide, le cinéma cambodgien contemporain regarde cependant vers l’avenir, à l’instar de Sammang, jeune danseur de hip-hop confronté à son univers qui bascule et qui le conduit à inventer sa nouvelle vie (White Building de Kavich Neang).
Les 3 et 4 mai, le Forum des images réunit des œuvres inédites de ces jeunes réalisateur·ices, aux approches variées.
À découvrir, une comédie musicale LGBT, Poppy Goes to Hollywood de Sok Visal, un thriller psychologique ancré dans une histoire familiale trouble, Tenement d’Inrasothythep Neth et Sokyou Chea, une fresque historique, politique et musicale du Cambodge sur quatre décennies, In the Life of Music de Caylee So et Sok Visal, ou encore un drame familial en hommage à l’âge d’or du cinéma cambodgien, The Last Reel de Kulikar Sotho.
En regard de ce corpus, le documentaire de Davy Chou, Le Sommeil d’or, explore l’héritage du cinéma détruit par les Khmers rouges, à travers les témoignages d’anciens producteurs et cinéastes.
Associé au programme du Forum des images, le colloque international « Cambodge, les fantômes du génocide. Diaspora, postmémoire, création » se tient les 25 et 26 avril, respectivement au Campus Condorcet et à l’INHA.

-Filmographie par ordre de projection :
*Khmers rouges amers de Bruno Carette et Sien Meta / france doc. 2007 coul. 1h35 - Le Mar. 15 avril- 18h

*Le Khmer rouge et le non violent de Bernard Mangiante / France doc. 2011 coul. 1h30 - Le
Mar. 15 avril- 21h

*Notes sur le Kampuchea de Jacky Mahrer et Roland Zosso / Suisse doc. 1982 coul. 1h01 - Le Mer. 16 avril- 18h30

*L'Image manquante de Rithy Panh / Fr.-Cambodge doc. 2013 coul. 1h35 - Le Mer. 16 avril- 20h30

*S21, la machine de mort khmère rouge de Rithy Panh / Fr.-Cambodge doc. vostf 2002 coul. 1h31 - Le Jeu. 17 avril- 21h

*Duch, le maître des forges de l'enfer de Rithy Panh / Fr.-Cambodge doc. vostf 2011 coul. 1h33 - Le Ven. 18 avril- 21h

*D’abord, ils ont tué mon père de Angelina Jolie / E.-U-Cambodge fict. vostf 2017 coul. 2h17 - Le Sam. 19 avril- 14h30

*Noces rouges de Lida Chan et Guillaume Suon / Fr.-Cambodge doc. vostf 2012 coul 58min - Le Sam. 19 avril- 17h30

*Side by Side de Polen Ly / Cambodge doc. 2020 n&b 18min - Le Sam. 19 avril- 17h30

*Rendez-vous avec Pol Pot de Rithy Panh / Fr.- Camb.-Taï- Qat.-Tur. fict. vostf 2024 coul 1h52 - Le Sam. 19 avril- 20h

*Le papier ne peut pas envelopper la braise de Rithy Panh / France doc. vostf 2006 coul. 1h26 - Le Dim. 20 avril- 15h30

*Don’t Think I Have Forgotten: Cambodia’s Last Rock’n Roll de John Pirozzi / E.-U. -Camb.-Fr. doc. vostf 2014 coul 1h46 - Le Dim. 20 avril- 17h30

*La Déchirure de Roland Joffé / États-Unis fict. vostf 1984 coul. 2h18 - Le Dim. 20 avril- 20h

*Tours d’exil de Jenny Teng / France doc. 2009 coul. 55min - Le Mar. 22 avril- 18h30

*Héritages en images de Nara Keo Kosal / France doc. 2024 coul. 1h - LE Mar. 22 avril- 21h

*Further and Further Away de Polen Ly / Cambodge doc. vostf 2022 coul. 24min - Le Mer. 23 avril- 18h30

*La Langue de ma mère de Jean-Baptiste Phou / Cambodge doc. vostf 2022 coul. 33min - Le Mer. 23 avril- 18h30

*Sound of the Night de Chanrado Sok et Kongkea Vann / Cambodge fict. vostf 2021 coul. 20min - Le Mer. 23 avril- 20h30

*Exil de Rithy Panh / Fr.-Cambodge doc. 2016 coul. 1h30 - Le Mer. 23 avril- 20h30

*Funan de Denis Do / Belg.-Camb.-Fr.-Lux. fict. 2017 coul. 1h37 - Le Jeu. 24 avril- 21h15

*L'Important c’est de rester vivant – Au cœur de la folie khmère de Roshane Saidnattar / France doc. vostf 2009 coul. 1h37 - Le Ven. 25 avril- 21h

*Quinzaine claire de Adrien Genoudet / Fr.-Camb. doc. vostf 2016 coul. 1h36 - Le Sam. 26 avril- 14h30

*Le Goût du secret de Guillaume Suon / Fr.-Camb. doc. vostf 2019 coul. 1h49 - Le Sam. 26 avril- 16h

*Last Night I Saw You Smiling de Kavich Neang / Camb.-Fr. doc. vostf 2019 coul. 1h18 - Le Sam. 26 avril- 17h30

*Diamond Island de Davy Chou / Fr.- Camb.-All. fict. vostf 2016 coul. 1h39 - Le Sam. 26 avril- 21h

*A Million Years de Danech San / Cambodge fict. vostf 2018 coul. 21min - Le Dim. 27 avril- 18h30

*Blind Body de Allison Chhorn / Australie doc. vosta 2021 coul. 15min - Le Mer. 30 avril- 18h30

*Missing de Allison Chhorn / Australie doc. vosta 2021 coul. 7min - Le Mer. 30 avril- 18h30

*The Plastic House de Allison Chhorn / Australie doc. vosta 2019 coul. 46min - Le Mer. 30 avril- 18h30

*Bophana, une tragédie cambodgienne de Rithy Panh - France doc. 1996 n&b 59min - Le Mer. 30 avril- 20h30

*Les Tombeaux sans noms de Rithy Panh / Cambodge doc. vostf 2018 coul. 1h55 - Le vendredi 2 mai à 21h

*Un soir après la guerre de Rithy Panh / Cambodge fict. vostf 1988 coul. 1h48 - Le samedi 3 à mai 15h30

*Sunrise in My Mind de Danech San / Cambodge fict. vostf 2020 coul. 14min - Le Dim. 27 avril- 18h30

*California Dreaming de Sreylin Meas / Cambodge fict. vostf 2019 coul. 16min - Le Dim. 27 avril- 18h30

*White Building de Kavich Neang / Camb.-Fr.-Chine-Qatar fict. vostf 2021 coul. 1h30 - Le Dim. 27 avril- 20h

*1978, les images retrouvées des Khmers rouges de Serge Viallet et Bernard Catalan / France doc. 2011 coul. et n&b 25min - Le Mar. 29 avril- 19h

*Kampuchéa, mort et résurrection de Walter Heynowski et Gerhard Scheumann / RDA doc. vostf 1980 coul. 1h31 - Le Mar. 29 avril- 21h

*The Last Reel de Kulikar Sotho / Cambodge fict. vosta 2014 coul. 1h46 - Le samedi 3 mai à 18h30

*Tenement de Inrasothythep Neth et Sokyou Chea / Cambodge fict. vostf coul. 2024 1h28 - Le samedi 3 mai à 21h

*Le Sommeil d’or de Davy Chou / France / Cambodge doc. vostf 2012 coul. 1h40 - Le dimanche 4 mai à 15h30

*In the Life of Music de Caylee So et Sok Visal / États-Unis. fict. vosta 2018 coul. 1h32 - Le dimanche 4 mai à 18h30

*Poppy Goes to Hollywood Redux de Sok Visal / Cambodge fict. vosta 2017 coul. 1h33 - Le dimanche 4 mai à 21h



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique