|
- expo : "La Collection Nahmad - De Monet à Picasso" au Musée des impressionnismes à Giverny (jusqu'au 29 juin)
le 28/03/2025
au
musée des Impressionnismes, 99 rue Claude Monet 27620 Giverny
Mise en scène de Cyrille Sciama, Directeur général du musée des impressionnismes Giverny, conservateur en chef du patrimoine avec des tableaux écrit par ou plutôt proposé par Cyrille Sciama, Directeur général du musée des impressionnismes Giverny, conservateur en chef du patrimoine
Cette exposition exceptionnelle offre un accès inédit aux trésors de la collection Nahmad, l’une des plus prestigieuses collections privées au monde. Rassemblés avec passion par David et Ezra Nahmad, ces chefs-d’œuvre rarement exposés dialoguent dans un parcours inédit, des précurseurs Delacroix et Corot aux maîtres de l’impressionnisme Monet, Renoir, Pissarro, Sisley et Degas, jusqu’aux figures majeures du XXe siècle, Modigliani, Matisse et Picasso.
L’exposition révèle également des facettes plus surprenantes de la collection, du symbolisme onirique de Moreau et Redon à l’élégance italienne de Boldini et Fattori. À travers cette sélection rare, elle célèbre le regard unique d’un grand collectionneur et l’héritage d’artistes qui ont marqué l’histoire de l’art.
-Présentation de l'exposition : David Nahmad est bien plus qu’un collectionneur : il est un passeur de beauté. Depuis les années 1960, il a constitué avec son frère Ezra un ensemble d’œuvres unique, porté par une passion sincère et un respect profond pour les artistes qu’il admire. Contrairement à bien des collectionneurs, souvent jaloux de leurs trésors, David Nahmad et sa famille ouvrent généreusement les portes de leur univers. Leurs chefs-d’œuvre voyagent à travers le monde, et les institutions françaises ont souvent eu le privilège de les accueillir. Au cœur de cette collection foisonnante bat une passion indéfectible pour l’art moderne, avec Pablo Picasso comme figure tutélaire. Le maître espagnol, avec sa liberté d’esprit et son génie renouvelé, inspire David Nahmad dans sa quête des œuvres les plus rares et les plus puissantes. Mais d’autres grands noms résonnent dans cet ensemble, tels que ceux d’Henri Matisse ou de Claude Monet. Pour cette exposition au musée des impressionnismes Giverny, un parcours inédit a été imaginé autour du mouvement impressionniste, mêlant chefs-d’œuvre connus et d’autres plus surprenants. Après une introduction autour des précurseurs Eugène Delacroix et Jean-Baptiste-Camille Corot, c’est Alfred Sisley, figure trop souvent reléguée au second plan, qui occupe ici une place de choix. Ses paysages lumineux de la Seine et du Loing témoignent de l’importance de son rôle dans les débuts de l’impressionnisme. Camille Pissarro, peintre des humbles, dévoile quant à lui des scènes empreintes de poésie où paysans et travailleurs prennent vie. Edgar Degas, de son côté, invite à contempler danseuses et baigneuses dans des pastels vibrants, tandis que ses sculptures de chevaux révèlent une autre facette de son talent. Pierre-Auguste Renoir, maître des tendres portraits féminins, séduit par la chaleur et l’humanité qui émanent de ses toiles. Une rare série de portraits de son neveu Edmond, exposée ici, témoigne de son goût pour les liens familiaux. Claude Monet, figure centrale de l’exposition, incarne l’âme de l’impressionnisme et son évolution vers la modernité. Des paysages d’Argenteuil aux mythiques Nymphéas, en passant par ses voyages dans le ord norvégien, ses toiles capturent une lumière et une émotion qui transcendent leur époque. Les racines italiennes des Nahmad s’expriment dans des œuvres fascinantes du XIXe siècle italien, comme les portraits élégants de Giovanni Boldini, les scènes militaires peintes par le macchiaioli Giovanni Fattori ou encore la touche impressionniste de Federico Zandomeneghi. Mais la collection sait aussi surprendre, dévoilant un intérêt marqué pour le symbolisme, avec les œuvres oniriques de Gustave Moreau ou d’Odilon Redon. Ces toiles, entre rêve et mystère, annoncent à leur manière les révolutions esthétiques du siècle suivant. L’exposition s’achève par les figures emblématiques d’Amedeo Modigliani, d’Henri Matisse et bien sûr de Pablo Picasso. À travers cette sélection rare et précieuse, la collection Nahmad et le musée des impressionnismes Giverny nous invitent à une célébration de l’art, où chaque œuvre est une fenêtre ouverte sur l’histoire et l’émotion. Un voyage qui promet d’émerveiller tous les amateurs de la beauté.
-L’impressionnisme : La sélection de peintures impressionnistes de la collection Nahmad présentées à Giverny permet de donner un aperçu des enjeux de la représentation du paysage au sein du groupe impressionniste des années 1870 jusqu’à la fin de la décennie 1890, à travers des œuvres d’Alfred Sisley, de Camille Pissarro et de Claude Monet. Ami de jeunesse de Monet, Sisley accompagne le mouvement impressionniste depuis ses débuts, et partage avec ses amis un goût pour la nature et pour le travail sur la lumière, qu’il développe à travers des vues du Loing et de la Seine. Cinq de ses paysages seront exposés à Giverny, aux côtés de deux œuvres de Camille Pissarro. S’il exalte le travail des champs et la vie rurale, ce dernier aime également voyager, notamment à Londres où il rend visite à son fils Lucien. Présentée à Giverny, l’une des œuvres qu’il exécute à Londres est représentative de sa technique dans les années 1890, qui oscille entre le pointillisme et les leçons de l’impressionnisme des années 1870. Il n’est par ailleurs guère étonnant d’admirer autant de peintures majeures de Monet dans la collection Nahmad. Le père de l’impressionnisme a tant inspiré le XXe siècle que le lien avec la modernité paraît naturel. L’ensemble exposé à Giverny permet d’appréhender les aspects essentiels de sa carrière, depuis les années 1870 avec des vues d’Argenteuil, jusqu’à la fin de la décennie 1890 à travers une toile spectaculaire consacrée aux célèbres Nymphéas, en passant par des paysages de neige et de la côte Normande. La collection Nahmad réunit également des chefs d’œuvre impressionnistes consacrés aux figures et portraits, et permet de comparer les œuvres d’Edgar Degas dans les années 1880-1890 et de Pierre-Auguste Renoir autour de 1890-1900, à un moment pour l’un comme pour l’autre où leur art est reconnu, tout en montrant comment un artiste de la génération suivante, Henri de Toulouse-Lautrec, prolonge et revisite les innovations impressionnistes. L’ensemble d’œuvres de Degas présenté à Giverny rend compte de sa riche production consacrée aux femmes à leur toilette, tout en témoignant aussi de son goût pour les thèmes de la danse, des courses de chevaux et du portrait. On y retrouve aussi un ensemble exceptionnel de portraits de Renoir, illustrant la prédilection de l’artiste pour les figures féminines et les e©gies enfantines, desquelles se dégage un profond sentiment d’humanité.
-Le XIXe siècle italien : En découvrant la collection Nahmad, peu d’amateurs auraient deviné une présence aussi importante d’œuvres d’artistes italiens du XIXe siècle. La sélection proposée à Giverny permet d’avoir un petit aperçu de la créativité de la Péninsule autour des Macchiaioli (les « tachistes ») dans les années 1870, jusqu’au début du XXe siècle avec Giovanni Boldini, star de son vivant et peintre révéré de l’Europe mondaine. Dans les années 1860, à Florence, un groupe d’artistes adopte le surnom « Macchialioli » comme un emblème – le terme péjoratif devenant symbole de fierté et d’identité, comme le revendiqueront les impressionnistes dix ans plus tard. Leurs touches sont apparentes, conçues comme des taches de couleurs. Ils s’intéressent aux sujets de la vie paysanne, aux scènes de genre, mais aussi aux paysages de Toscane. Leur traitement de la lumière est particulier, lui donnant un éclat spécifique. Surtout, ils sont tous de fervents combattants pour l’unité italienne, inscrits dans le mouvement du Risorgimento qui voit l’a©rmation d’une identité nationale. Giovanni Fattori est l’un des plus importants représentants du groupe. À la fin des années 1850, il expérimente ses premières œuvres de macchia, en peignant des soldats français mobilisés le long de l’Arno. Les trois peintures de l’artiste présentées à Giverny sont représentatives de ses recherches formelles, et de sa touche vibrante qui fait merveille pour rendre les éclats de lumière sur le sol ou le ciel. Les liens des artistes italiens avec la France sont nombreux, et bien d’entre eux sont venus rencontrer des peintres français à Paris, devenant leurs amis. C’est le cas de Federico Zandomeneghi, très proche d’Edgar Degas. Son goût le porte vers des sujets féminins, des figures vues dans leur intimité, plongées dans un monde intérieur inaccessible. À cet égard, La Corbeille de géraniums est caractéristique de ses recherches artistiques. La sélection d’œuvres présente aussi un tableau de Giovanni Boldini, immense portraitiste de la fin du XIXe siècle, qui témoigne de son style vibrant et de sa touche virtuose. Ami de Degas, il se détache des Macchiaioli pour présenter un style plus libre, dissolvant le sujet dans des touches diluées. Son extraordinaire Portrait de Signora Diaz Albertini témoigne admirablement de son style tardif.
-Le symbolisme : À la fin du XIXe siècle, alors que les peintres impressionnistes imposent sur la scène artistique leur perception de la nature et du monde, émerge un nouveau mouvement pictural, plus attaché à la représentation des idées que de la réalité sensible, plus intéressé par l’imagination et le rêve que par le matérialisme de la société moderne. Au sein de ces deux camps, on connaît le goût de la famille Nahmad pour la peinture impressionniste. Mais il est plus étonnant de trouver, dans la collection, des trésors de la peinture symboliste, un corpus cohérent et choisi d’œuvres de Gustave Moreau et d’Odilon Redon. Plusieurs œuvres de Moreau sont réunies au sein de la collection Nahmad, dont neuf sont exposées à Giverny. Elles témoignent aussi bien de son intérêt pour les thèmes mythologiques que de son attrait pour les scènes religieuses. Ses compositions permettent au paysage de se déployer dans des jeux de couleurs et de lumières irréelles, qui confinent au domaine du rêve et de l’imaginaire. La Douleur d’Orphée pousse encore plus loin la liberté dans le traitement de la couleur, caractéristique des aquarelles de Moreau qui annoncent les voies de la peinture moderne, au tournant du XXe siècle. Professeur à l’école des Beaux-Arts dès 1892, il aura pour élèves les futurs fauves Henri Matisse ou Albert Marquet, à qui il transmettra le goût de la liberté et des expérimentations chromatiques. La collection Nahmad possède plusieurs œuvres de Redon, autre artiste majeur du mouvement symboliste. L’ensemble présente des compositions lumineuses aux couleurs éclatantes, qui contrastent avec les Noirs de sa première période. Ses premières œuvres sont en effet des dessins ou des gravures teintées de noir, peuplées de créatures hybrides nées des cauchemars et de l’inconscient. À partir des années 1890, avec la naissance de son fils Arï en 1889 et la multiplication des expositions et des critiques favorables, le monde de Redon se pare de mille couleurs, quitte le cauchemar pour emprunter la voie du rêve. C’est à cette deuxième période qu’appartiennent les créations de l’artiste réunies dans la collection Nahmad et exposées à Giverny. Par sa palette délicate et son caractère méditatif, son art inspirera les périodes bleue et rose du jeune Pablo Picasso, avant d’être redécouvert par les surréalistes.
-Vers la modernité : Entre octobre 2011 et janvier 2012, la Kunsthaus de Zurich présentait la première exposition entièrement consacrée à la collection Nahmad, une sélection d’environ 110 œuvres couvrant la période allant de 1870 à 1970. Au sein du parcours, le nombre important de toiles du XXe siècle soulignait l’orientation résolument moderne de la collection. À Giverny, la sélection d’œuvres se concentre davantage sur l’art du XIXe siècle, autour du mouvement impressionniste et de ses suites. À la fin du parcours, un choix de trois œuvres phare du début du XXe siècle vient rappeler ce qui constitue le cœur de la collection Nahmad, en même temps qu’il apporte une conclusion, ou une ouverture, à cette histoire de la modernité qui va d’Eugène Delacroix à Pablo Picasso, en passant par l’impressionnisme. La Jeune fille à la chemise rayée est un chef-d’œuvre d’Amedeo Modigliani, et incarne la quête inlassable de l’artiste pour la représentation d’une beauté universelle et atemporelle. Elle est représentative de son style unique, basé sur des formes allongées, sur des compositions planes, sur des visages mélancoliques et des regards empreints de silences. La collection Nahmad compte de nombreux chefs-d’œuvre d’Henri Matisse, des nus, paysages, intérieurs et portraits qui témoignent de la diversité de sa production, et de la liberté dans ses recherches sur l’usage de la couleur. Sa Leçon de piano présentée à Giverny, aux harmonies chromatiques audacieuses, est placée sous l’influence de Pierre-Auguste Renoir, dont les di°érentes versions de Jeunes filles au piano constituent des icônes de l’art de la fin du XIXe siècle. Les recherches de Renoir, notamment ses études sur l’intégration entre les figures et le décor, eurent également un impact sur les réflexions de Picasso. Son Petit Pierrot aux fleurs exposé à Giverny conclut le parcours de visite et évoque irrésistiblement les tendres portraits d’enfants de Renoir, si nombreux dans la collection Nahmad. Un dialogue constant s’instaure ainsi entre les toiles de Delacroix, Sisley, Pissarro, Degas, Monet, Renoir, Boldini, Moreau, Redon, Matisse ou Picasso... réunies au sein de cette collection exceptionnelle, elles semblent toutes nous raconter une même histoire, celle de la libération de la couleur et des formes, celle des di°érentes voies empruntées par la modernité en peinture, à l’aube du XXe siècle.
*Les Nahmad, une famille de collectionneurs : Parfois présenté comme « l’homme aux milliers de tableaux », le marchand d’art David Nahmad est l’un des plus grands collectionneurs au monde. En 1959, Joseph Nahmad, dit « Joe », l’un des frères de David Nahmad, achète un premier tableau de René Magritte, La Légende des siècles. Sa collection, qui a commencé à se constituer dans les années 1950, regroupe déjà des tableaux, des meubles anciens et des antiquités. Elle comptera aussi des œuvres d’artistes italiens comme Lucio Fontana et Giorgio de Chirico, mais aussi Paul Gauguin. Dans les années 1960, David Nahmad commence à assister son frère au cours de ventes aux enchères à Paris et à Londres. Tous deux ouvrent avec leur frère Ezra une galerie d’art à Milan, la Galleria Internazionale. Lors d’un voyage à Paris, en 1969, les frères Nahmad rencontrent le marchand Daniel-Henry Kahnweiler, qui se montre admiratif de leur enthousiasme et de leur audace. Une relation commerciale et amicale s’établit alors entre le marchand parisien et les frères Nahmad, qui proposeront désormais à la vente dans leur galerie des œuvres cubistes, en particulier de Picasso, Braque, Léger et Gris. À la même époque, ils font la connaissance du collectionneur et marchand Aimé Maeght, auprès de qui ils achèteront des œuvres de Giacometti, Chagall, Miró et Kandinsky. Leur collection se développera au fil des années grâce à des ventes et à des achats successifs.
*Les collections privées : focus sur la galerie pédagogique Au sein de La Collection Nahmad. De Monet à Picasso, le musée propose un espace pédagogique accessible à tous, permettant de mieux s’approprier le contenu de l’exposition et d’élargir les discussions à des thématiques en lien avec ses œuvres. Au printemps 2025, à travers di°érents supports et activités, découvrez l’histoire des collections privées, qu’elles soient royales, princières ou marchandes, de la Renaissance jusqu’à nos jours.
*Les œuvres emblématiques décryptées : Claude MONET (1840-1926) - Canotiers à Argenteuil, 1874 (Huile sur toile, 61,9 x 80 cm) © Collection Nahmad
Federico ZANDOMENEGHI (1841-1917) - La Corbeille de géraniums, vers 1901 (Huile sur toile, 91 x 60 cm) © Collection Nahmad
Odilon REDON (1840-1916) - Figure portant une tête ailée (La Chute d’Icare), vers 1876 (Pastel sur papier marouflé sur panneau, 42,8 x 44,8 cm) © Collection Nahmad
Henri MATISSE (1869-1954) - La Leçon de piano, 1923 (Huile sur toile, 65 x 81 cm) © Collection Nahmad
|