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Le rêve et la plainte (jusqu’au 25 mai)
le 02/05/2025
au
théâtre de La Tempête, route du Champ de Manœuvre 75012 Paris (du mardi au samedi à 20h et dimanche à 16h)
Mise en scène de Claude Vanessa avec Solal Bouloudnine, en alternance avec Raouf Raïs, Sébastien Chassagne, Nicole Genovese, Robert Bogdan Hatisi, Francisco Mañalich, Nabila Mekkid et Angélique Zaini écrit par Nicole Genovese
Marie-Antoinette a l’accent marseillais, elle parle de tout et de rien et, souvent, le vide s’installe dans les interstices d’une banale conversation avec sa copine la princesse de Lamballe. Un musicien/serviteur ponctue la pièce de ses airs chantés et joués à la viole de gambe. C’est joli, c’est aussi lui qui marque le changement d’acte en faisant apparaitre une nouvelle toile peinte faisant office de décor. Sur fond de cuisine châtelaine, de salon aristocratique, et de sous-bois bucolique, la reine et ses suivants, enfin, son mari et ses potes, parlent de la cuisine aménagée, de la maladie de la petite dernière, et des mesures gouvernementales auxquelles décidément on ne comprend rien. Des propos vains pour une élite dépassée, croit-on lire dans les intentions de Nicole Genovese l’autrice. Ou plus exactement les propos d’une élite juste avant la fin. « Voilà le changement », conclura d’ailleurs sobrement Marie Antoinette devant ce que l’on pressent être la fin du monde, d’un monde, ou de son monde. Décalage entre costumes et propos, poses comiques soudainement figées, allure d’influenceuses version cagole à particule et à robes pigeonnantes, perruque et costumes d’époque, rien ne manque pour faire de Le rêve et la plainte un divertissement caustique, relevant du « théâtre d’absurde » dont se revendique l’autrice. Un absurde encore accentué par le surgissement d’un couple de beaufs niçois aux idées arrêtées qui viennent joindre leurs jeans troués et leur chemisier ajusté aux costumes engoncés de leurs amis de la Cour Nabila Makkid, campe une Marie-Antoinette truculente, avec sa faconde méridionale. Elle porte très bien la perruque et le pendant d’oreille façon bijou de la couronne. Sa copine la princesse de Lamballe, à l’allure un peu cruche, manie fort bien le chant et la mine figée dans un sourire instagrammable qui saisit les personnages. Des personnages à court de banalités à proférer pour remplir l’angoisse qui les saisit, l’angoisse du vide sûrement. Scénographie, musique, lumières, tous ces talents réunis devraient concourir à une dramatisation du propos et à provoquer le rire devant la détresse de ces personnages tellement décalés. Et pourtant, ça ne décolle presque jamais ; seuls quelques rares rires, et des sourires fugaces attestent du potentiel de ce texte que l’autrice se plait à définir comme relevant du « théâtre d’absurde ». La mise en scène n’en tire hélas pas le parti qu’il mériterait et l’on s’ennuie assez vide, regrettant que la raison et l’intellect l’emportent sur la folie qui aurait dû s’emparer de ce spectacle.
Eric Dotter
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