Un château de cartes

le  17/09/2025   au théâtre des Nouveautés, 24 boulevard Poissonnière 75009 Paris (du mardi au samedi à 21h et matinées samedi à 16h30 et dimanche à 16h)

Mise en scène de Serge Postigo avec Gérard Darmon, Isabelle Gélinas et Stéphan Wojtowicz écrit par Hadrien Raccah



On sait tou.te.s qu’un « château de cartes », c’est fait pour que l’on y trouve une stabilité parfaite afin que la construction tienne le plus longtemps possible sans quoi, au final, tout s’écroule trop vite. Ici, c’est une corrélation et même une image assez similaire mais cette fois transposée autour du genre humain, où il est question de mental, d’équilibre précaire chez un homme qui va mal, en plein désarroi, et qui ne se résout pas à se soigner devant l’inéluctable, celui de divaguer, d’halluciner, de perdre la mémoire et de s’imaginer entouré d’autres personnes soient fictives soient alors qui ne sont plus.
Ce jeu de transfert sur des gens qui lui sont proches mais qui n’existent pas ou plus, est particulièrement bien amené par une mise en scène tout en nuance, où chacun des intervenants glisse doucement et inexorablement dans un autre univers, celui qui envahie notamment la tête embrumée et surtout le cerveau dépressif du protagoniste principal. Interprété tout en subtilité par Gérard Darmon, il nous est donné de constater toute l’étendue du talent de cet immense comédien toujours très inspiré, là dans un festival de situations qui tournent au tragi-comique. Ses 2 autres partenaires ne sont pas en reste non plus, tout en fragilité, bienveillance et pondération, pour ce grand malade pas loin de la paranoïa.
Mais que serait cette pièce si le décor n’avait pas lui aussi son rôle à jouer, d’autant qu’escamotable et interchangeable (les objets comme les lumières), il se transforme avec discrétion sous nos yeux à chaque nouvelle étape délirante du « patient ». Alors que tout avait commencé avec une certaine condescendance voire une banalité ambiante, ce retournement dit « surnaturel » donne tout son intérêt et toute sa force à cette œuvre magistrale, imaginée par l’auteur dramatique, scénariste et romancier Hadrien Raccah qui nous avait déjà étonné en bien au théâtre avec ses créations précédentes, L’invitation, A la barre, Les grandes ambitions, et Suite royale.

C.LB