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La femme la plus riche du mobde

Sortie  le  29/10/2025  

De Thierry Klifa avec Isabelle Huppert, Marina Foïs, Laurent Lafitte, Raphaël Personnaz, André Marcon, Mathieu Demy et Joseph Olivennes


La femme la plus riche du monde : sa beauté, son intelligence, son pouvoir. Un écrivain photographe : son ambition, son insolence, sa folie. Le coup de foudre qui les emporte. Une héritière méfiante qui se bat pour être aimée. Un majordome aux aguets qui en sait plus qu’il ne dit. Des secrets de famille. Des donations astronomiques. Une guerre où tous les coups sont permis.

Comment ne pas voir ici, à travers ce court synopsis, une corrélation « évidente » avec l’histoire rocambolesque de la milliardaire Liliane Bettencourt, l’héritière de l’empire de cosmétiques de la célèbre multinationale L’Oréal, autour de ses nombreuses largesses pécuniaires - rendues publiques - auprès de certaines personnes, des « cadeaux » pouvant aller vers des somme(t)s astronomiques pour ne pas dire indécentes, bref, jusqu’à plusieurs centaines de millions de francs ? Cela a beau être une (pure) « fiction », ce film librement « inspiré » n’en est pas moins doté de pas mal de similitudes flagrantes, parfois même assez « parodiques », tellement proches avec la réalité. D’ailleurs, on s’en amuse beaucoup, tant les interprètes soulignent le trait de leurs personnages avec une exagération non-dissimulée, voire une outrance bien soulignée et fortement appuyée.
En effet, si Isabelle Huppert joue à la perfection et crédibilité le rôle de Liliane, pardon, de Marianne dans le film, donc « la femme la plus riche du monde » et tout ce qui va avec son statut - se coiffant et se maquillant comme feu la Bettencourt jusqu’à paraître plus jeune que l’originale ! -, c’est la performance de Laurent Lafitte en artiste-photographe homosexuel qui vole la vedette en vampirisant (presque) tou.te.s les autres sur son passage. A lui, les meilleures tirades, les bonnes répliques, les mots et les entrées fracassantes : il ose tout sans retenue, jusqu’à ne rien respecter, allant parfois trop loin (« Restez à votre place ! »), lui l’incorrigible arriviste, égoïste, grossier limite vulgaire, insolent, arrogant, manipulateur et graveleux personnage que le sien (celui de François-Marie Banier pour ne rien vous cacher !). Il faut le voir gesticuler, parler fort, faire des mimiques tout en abusant sans vergogne de la très riche héritière déconnectée, totalement sous son emprise (« Grâce à lui, je revis ! »).
Outre cette comédie jubilatoire qui semble ne pas vouloir trop dire son nom (biopic déguisé ? bouffonnerie franchouillarde ? chronique familiale sous tension particulièrement troublante), il y a fort heureusement des moments plus sérieux avec des actrices et acteurs qui tiennent au moins leur rang, en l’occurrence André Marcon en mari bienveillant mais quelque peu dépassé, Marina Foïs en fille tout en retenue et un peu coincée, sans oublier Raphaël Personnaz en majordome stoïque et stylé, impeccable de bout en bout. Le réalisateur Thierry Klifa (Le héros de la famille ; Les yeux de sa mère ; Tout nous sépare ; Les rois de la piste) semble s’être beaucoup amusé à tourner avec tout ce beau monde, se laissant un peu griser dans un traitement théâtral avec des passages inutiles pas loin du remplissage (la chanson, les intermèdes sous forme d’interviews documentaires avec chacun.e des protagonistes…) alors que son long métrage dure déjà 2 bonnes heures.
Qu’importe, on se paye « le luxe (avec panache !) et la beauté (des lieux ambiants et autres décors feutrés) » de cette satire ultra-bourgeoise intense et mordante, assez rythmée et pour le moins acide, avec une certaine gourmandise aussi bien visuelle que sonore à travers ces mondanités de jeux d’argent, d’influence et de pouvoir.

C.LB



 
 
 
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