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Humain (jusqu’au 27 octobre)

le  29/09/2025   au Funambule Montmartre, 53 rue des Saules 75018 Paris, (les lundis à 19h semaine impaire et à 21h semaine paire)

Mise en scène de Léa Cupif avec Cécilia Bouablé, Geoffrey Clémentine, Léa Cupif, Anne-Clotilde de Vaumas, Benoit Dugit-Gros, Emilien Ravel en alternance avec Patrice Kolb écrit par Benoît Dugit-Gros




Ils apparaissent un à un sur scène, hommes et femmes, identiques dans leur uniforme blanc, seulement distinguables par leur perruque bleue, mauve, verte, jaune, rouge. « Ici, proclame la grande prêtresse toute de blanc vêtue, (et sans perruque), une seule loi : le code humain, une seule religion : l’humain ». Et c’est vrai qu’ils ont l’air de baigner dans l’harmonie et la félicité tous ces « Sage, Juste, Astre, Etoile… », comme ils ont été nommés ou plutôt renommés. Leur salut est étrange certes, mais c’est tellement bienveillant de se dire bonjour d’un « je t’accepte tel que tu es » « et de répondre avec le même sourire « ma singularité fait ma force, je t’accepte tel que tu es ». Mais ces sourires ne sont-ils pas trop figés pour être sincères ? Et lorsqu’un écart de comportement, colère ou énervement fait son apparition, à quoi ressemble ce « centre d’éveil » dans lequel les membres de cette société du bien-être sont envoyés ?
Avec « Humain », c’est une dystopie que le collectif « Nuit agitée » entreprend de nous présenter, une société où l’apparente bienveillance cache en fait un verrouillage des rapports sociaux et une véritable violence symbolique sur les individus. La Société, sorte de secte ou de mère symbolique, prend en charge les « citoyens assoupis » pour les remettre dans la droite ligne de la pensée. On n’est pas loin d’une dictature sur les comportements. La Société a donc ses résistants, qui se révoltent contre le gommage des relations d’affection et leur remplacement par d’effrayants « rapport affectifs hebdomadaires » pendant lesquels les concitoyens sont invités à un rapprochement intime sous contrôle, vêtus de gants, charlotte et blouse chirurgicale. Mais les récalcitrants sont bien vite remis dans le droit chemin.
C’est une œuvre ambitieuse que de tenter la fiction négative au théâtre et l’initiative ne peut être que louée. Hélas, l’aspect mécanique des rapports entre les personnages déteint sur le jeu des comédiens, et c’est à un spectacle malheureusement très désincarné auquel on assiste. Tout cela manque cruellement d’intensité et de tension dramatique. Pas toujours inspirant, « Humain » est en revanche fort inspiré de l’imagerie dystopique ciné-télé, et l’on reconnaitra aisément tel film ou telle série dans nombre des séquences du spectacle. On retiendra cependant de ce court texte que l’harmonie totale n’existe pas dans la société des humains, et que c’est peut-être mieux ainsi.

Eric Dotter



 
 
 
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