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La fête des mères (jusqu’au 12 octobre)
le 30/09/2025
au
théâtre La Reine Blanche, 2bis Passage Ruelle 75018 Paris (vendredi et mercredi à 21h et dimanche à 18h)
Mise en scène de Julie Crantelle et Zelda Bourquin avec Zelda Bourquin écrit par Zelda Bourquin
Ah, la fête des mères, ces cadeaux improbables mais qui viennent du fond du cœur, ces colliers de nouilles… ! Cette fête unique dans l’année lors de laquelle « la terre entière fête ta terre entière » dit celle en s’adressant à sa propre mère. Alors, on les décline ces cadeaux. Et vient ensuite le temps des remerciements : « merci pour la vie donnée, merci pour les sacrifices » parce qu’après tout, dit de façon drôle la comédienne qui parle ici en son nom, « on vient tous et toutes du bas de quelqu’un ». Mais la maman de Zelda, la comédienne, est foncièrement triste, d’une tristesse universelle : « toutes les mamans du monde sont tristes pour une raison commune ». Laquelle ? La rituelle question « ça va ? » énoncée jusqu’à l’absurde, finit par perdre tout son sens : «est-ce que toute ma vie, je vais rester une enfant triste d’une maman triste ? ». C’est que la charge est immense, et en tout premier lieu parce que maman est avant tout une femme. C’est là que le récit se réoriente vers un plaidoyer féministe, contre la parole confisquée. Contre le tout masculin, Zelda se propose ainsi d’appeler le Vatican pour « tout changer pour un an » : « on dit « elle » [à la place de lui] et on voit ce qui se passe », quitte à formuler au féminin le signe de croix. Hésitant entre spectacle poétique et exposé, entre plaidoyer féministe et déclaration anticapitaliste, « La fête des mères » est un récit par vagues, dont le charme vient et s’en va. Zelda Bourquin nous livre ici un spectacle très tenu techniquement, très précis dans la gestuelle et souvent attachant. Un peu dérouté par les zigzags empruntés par la narration, le spectateur se sent ici invité à un moment intime, car comme le conclut Zelda Bourquin, le cadeau, c’est le spectacle de ce soir : « Pour toi, je suis venue dans un théâtre ».
Eric Dotter
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