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Emma aime Anne – Emma la clown ose Anne Sylvestre (jusqu’au 20 décembre)

le  13/10/2025   au Café de la Danse, 5 Passage. Louis-Philippe 75011 Paris (à 20h30 du 15 au 20/12 – le 30/11 au Hall de la Chanson au Parc de La Villette 75019)

Mise en scène de Meriem Menant et Nathalie Miravette avec Meriem Menant et Nathalie Miravette écrit par et joué par Meriem Menant et Nathalie Miravette




Elle est touchante cette Emma, avec ses chaussures désossées, sa jupe un peu classique, son maquillage un peu outrancier, son chapeau déformé et son nez, son gros nez. C’est que c’est important le nez pour un clown. Et ça tombe bien, Emma est clown : elle est Emma la clown. Et s’il y a une chanteuse qu’Emma aime par-dessus tout, c’est bien Anne, oui, « Emma aime Anne » comme le proclame le spectacle. Anne ? Anne Sylvestre bien sûr, la chanteuse disparue en 2020 à l’âge de 86 ans.
Un peu empruntée, tirant la langue pour camoufler sa timidité, tirant sur sa jupe comme une petite fille un peu immature, elle nous annonce qu’elle a décidé de reprendre des chansons de l’artiste qui signa des centaines de tubes. Et parce que décidément, Emma révère Anne Sylvestre, elle s’est adjoint un accompagnement en or : celui de Nathalie Miravette (un fort joli patronyme mais bien réel celui-là !) qui accompagna la chanteuse lors des onze dernières années de sa carrière.
Et comme Emma est soucieuse que tout se passe bien, elle a accordé le piano mais « juste au milieu, les deux extrémités on ne s’en sert pas ». Heureusement, il n’en est rien et le tour de chant commence… dans un style, disons, clownesque. Quelques échanges de part et d’autre du clavier, et voici la parfaite harmonie trouvée entre la pianiste, gardienne du temple, et les excès de la femme au gros nez. Parfois gentiment réprimandée par la fort sérieuse mais bienveillante pianiste, la clown (c’est joli au féminin !) chante, et même si « son interprétation laisse à désirer » comme elle l’écrit dans le synopsis du spectacle, le critique grincheux se voit bientôt contraint au sourire.
C’est que l’on avait oublié à quel point les textes d’Anne Sylvestre, en dehors d’être sacrément féministes, sont d’une poésie incroyable. Conçues comme des histoires comportant un début et une fin, ou comme des ritournelles drolatiques, les quatorze chansons choisies par Meriem Menant (le vrai nom d’Emma la clown donc !) nous font alterner entre douce mélancolie et rire franc. Pour notre part, c’est « elle f’sait la gueule » et « Gulliverte » qui nous ont particulièrement plu. On l’a écrit, Nathalie Miravette a accompagné Anne Sylvestre et, avec la chanteuse, elles étaient deux musiciennes sur scène, l’une au clavier et l’autre à la guitare. Pour Emma la clown, la pianiste a peaufiné des arrangements incroyablement riches, mettant en valeur l’extraordinaire simplicité et efficacité des textes.
Profitez d’un jour où vous serez particulièrement grincheux ou de mauvais poil, nul doute qu’Emma la Clown et Nathalie la pianiste vous dérideront ! Que vous aimiez ou pas les clowns, celle-ci vous prendra par la main et par le cœur.

Eric Dotter



 
 
 
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