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- CENTRE POMPIDOU - Rétrospective Derek Jarman, L'Impur et la grâce (jusqu'au16 décembre)

le  28/11/2025  



RÉTROSPECTIVE DES FILMS | PERFORMANCES | RENCONTRES | PUBLICATION AVEC LA PARTICIPATION DE TILDA SWINTON ET DE NOMBREUX INVITÉS

Peintre, cinéaste, écrivain, militant des droits homosexuels, pionnier de la culture queer et jardinier : l’œuvre de Derek Jarman s’incarne en une multitude de formes et de perspectives. Cette rétrospective des films atteste à quel point ceux-ci s’inscrivent dans le continuum de pensée, de luttes et de création que l’artiste a pris soin de tisser au fil des ans, toujours imprégné d’urgence et de nécessité.

Lors d’une interview tardive, il s’est décrit lui-même non pas comme un cinéaste mais comme un peintre qui a fait des films ; c’est sans doute un possible point de départ pour entrer dans l’immensité de son travail. Ses longs métrages, que ce soit les films en costume, tel Caravaggio, ou les œuvres expérimentales comme The Last of England, opèrent avec la même passion des couleurs et des ombres – l’artiste a écrit une magnifique et savante autobiographie par les couleurs, Chroma (Éditions de l’éclat, 2019) – mais aussi avec la même foi en la puissance de la vision, au sens figuré du terme. C’est que Derek Jarman, s’affranchissant avec fierté de l’industrie cinématographique et de ses obligations commerciales, porte haut les couleurs du septième art et se joue sans hésitation du formatage narratif et des normes chronologiques.

Réalisant, en parallèle de ses longs métrages destinés aux salles, de nombreux films en Super 8, il investit également les possibilités formelles de la pellicule : images projetées, refilmées, superposées, ralenties ou accélérées, aux couleurs vibrantes. Ainsi en va-t-il de sa pratique du film : impure, agrégeant d’autres arts et de multiples façons d’approcher le cinéma.

Une autre dimension de sa production Super 8, moins repérée, avec certains inédits en France, relève du journal filmé, voire du documentaire et de la performance. Cette rétrospective a tenu à lui laisser une belle place, avec des films comme ICA, tourné lors de l’un de ses vernissages, Miss World, qui documente et magnifie un défilé de mode queer et drag, ou encore de superbes sections de It Happened by Chance, où vibre le Londres alternatif.

Ces pratiques du film, si variées soient-elles, ne se sont jamais coupées des questions sociales et politiques. À l’heure où se tient cette rétrospective, les droits des personnes queer sont largement mis à mal, y compris dans le monde dit libre. Derek Jarman, ne supportant de vivre dans le mensonge, a filmé depuis son homosexualité, et a filmé frontalement l’homosexualité. D’un courage rare, alors que beaucoup tremblaient face à l’inconnu et aux préjugés, il a également annoncé être atteint du VIH et s’est fait un porte-parole infatigable des personnes séropositives. Son œuvre et son engagement sont bien entendu inséparables. Nombre de ses films investissent par exemple l’homosexualité, réelle ou supposée, de figures célèbres, de Saint Sébastien à Wittgenstein, pour s’opposer aux processus constants d’invisibilisation. Aujourd’hui, donc, la colère juste de Derek Jarman, sa manière de mener les luttes, y compris contre l’individualisme de la société thatchérienne, sont une source inespérée de vitalité et de rigueur intellectuelle.

D’un enthousiasme contagieux, avec l’humour et le charme comme étendards, Derek Jarman savait par ailleurs agréger les talents et les forces qui croisaient son chemin. Alors qu’il laissait pleinement libres ses collaboratrices et collaborateurs et œuvrait de façon éminemment collective, entouré d’ami·e·s , cette rétrospective s’est voulue aussi chorale que possible. Il s’est agi de réunir certaines personnes qui ont travaillé avec lui, comme Tilda Swinton, mais aussi des témoins de son temps et de formidables héritiers, français comme anglais, pour discuter de ses films, de ses écrits, de ses toiles et de son jardin de Prospect Cottage. De son esprit, éminemment frondeur.

-TEMPS FORTS :
*Rencontres autour des films / Du 28 novembre au 16 décembre :
Projections et rencontres avec Tilda Swinton, Simon Fisher Turner, Amanda Wilkinson, James Mackay, Sandy Powell, Jonny Bruce, Elisabeth Lebovici, Pierre Creton et Vincent Barré, Philippe Mangeot, Cy Lecerf Maulpoix, Didier Roth-Bettoni, Claire Le Restif, Bertrand Mandico, Lili Reynaud-Dewar.

*Le sexe sur la Landes est une idylle avant la chute / Le Dimanche 30 novembre à 14h30 :
Une conférence performée de l’auteur et chercheur Cy Lecerf Maulpoix, autour du film The Garden.

*Autour de la parution de Nature moderne / le Dimanche 30 novembre à 17h30 :
Lecture et rencontre avec Julou Dublé, traductaire francophone du journal mythique de Derek Jarman, paru en anglais en 1990, édité chez Actes Sud en novembre 2025.

*Working with Derek / le Mercredi 10 décembre à 20h (date et heure à confirmer) :
Une rencontre avec Tilda Swinton, Simon Fisher Turner et James Mackay.

*Bliss#2 / le Jeudi 11 décembre à 20h30, salle B du mk2 Bibliothèque - Une performance avec Tilda Swinton, Simon Fisher Turner :
Reprise exceptionnelle de la performance Bliss, de Derek Jarman, jouée déjà originellement par Tilda Swinton, amie et actrice fidèle de Derek Jarman, et Simon Fisher Turner, son compositeur régulier.
Bliss a été jouée deux fois avant que Jarman n'ait l'occasion d'en faire une version pour le cinéma, qui sera son dernier film : Blue.



 
 
 
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