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Walt, la folie Disney (jusqu’au 18 janvier 2026)

le  13/11/2025   au Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris (du mercredi au samedi à 19h et dimanche à 15h30 sauf les 25/12 et 01/01)

Mise en scène de Victoire Berger-Perrina avec Clément Vieu écrit par Fanny Dupin et Damien Maric




Installé à sa table de travail sur la scène du Lucernaire, un homme entreprend de nous conter l’œuvre de sa vie. Cet homme, c’est Walt Disney, Walter Elias Disney de son nom complet, et son œuvre, c’est le premier long métrage en dessin animé jamais réalisé. Son titre, le conte « Blanche Neige », inspiré du récit du même nom signé des frères allemands Grimm.
Tout commence en octobre 1933, au milieu de l’hiver, poétiquement représenté sur scène, sous une douce neige : l’idée germe dans le cerveau du fertile créateur d’adapter à l’écran ce conte de 1812. A partir de ce moment-là, plus rien ne l’arrêtera, ni le compteur des dollars engloutis par cette entreprise titanesque, ni l’opposition conservatrice de ses collaborateurs et de ses proches, dont son frère Ray : « Walt, ça n’intéressera personne tes histoires de princesses, ils veulent voir du Mickey », dit-il ainsi. Rien ne fait changer Walt, bien au contraire, il met les bouchées doubles, envoyant ses équipes en Europe pour en ramener plus de 350 livres illustrés par Doré ou Daumier, destinés à être autant de sources d’inspiration graphique que possible.
Pendant 3 ans, Disney fera travailler d’arrache-pied des centaines de comédiens, chanteurs, compositeurs, dessinateurs, coloristes pour tenter de « créer l’enchantement », exigeant de ses créateurs de concevoir des « personnages justes, précis, vivants », clamant que « ce sont les récits qui rendent compte de la réalité politique ». Le spectateur suivra le récit de cette épopée jusqu’à la fin, la sortie du film, après 1, 5 Millions de dollars d’investissement, un record pour l’époque.
Représenter un travail herculéen en étant seul sur scène, c’est le pari que semble s’être lancé Fanny Dupin et Damien Maric, les deux auteurs. Victoire Berger-Perrin, la metteuse en scène en introduisant Clément Vieu seul sur le plateau du Lucernaire. Si quelques moments de créativité théâtrale captivent l’attention des spectateurs, nombreux le soir de notre venue, force est de reconnaitre que le pari est loin d’être remporté, et que l’ennui domine. On espère le meilleur lorsque la magie émerge parfois sur scène, mais c’est pour retomber dans un récit manquant terriblement de rythme et d’intérêt. On sourit en voyant le comédien (qui ne ressemble que très peu à Walt Disney) mimer l’intégralité de l’histoire de Blanche Neige mais c’est pour retourner immédiatement dans une narration qui ne nous révèle que très peu de choses sur le processus de création ou sur l’homme Disney lui-même.
Que le titre donc ne vous trompe pas : pas de magie Disney ici, seul un seul-en-scène un peu pesant, interprété avec beaucoup de bonne volonté et d’efforts par un comédien appliqué. On est hélas loin de l’esprit de celui qui se voulait un « passeur d’histoire » et qui estimait que le destin l’appelait.

Eric Dotter



 
 
 
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