| |
Hamnet
Sortie
le 21/01/2026
De Chloé Zhao avec Jessie Buckley, Paul Mescal, Emily Watson, Joe Alwyn, Jacobu Jupe et Noah Jupe
Angleterre, 1580. Un professeur de latin fauché, fait la connaissance d’Agnes, jeune femme à l’esprit libre. Fascinés l’un par l’autre, ils entament une liaison fougueuse avant de se marier et d’avoir trois enfants. Tandis que Will tente sa chance comme dramaturge à Londres, Agnes assume seule les tâches domestiques. Lorsqu’un drame se produit, le couple, autrefois profondément uni, vacille. Mais c’est de leur épreuve commune que naîtra l’inspiration d’un chef d’œuvre universel.
Faut-il avoir vécu soi-même une tragédie pour pouvoir la retranscrire sur papier et qu’elle devienne l’une des pièces de théâtre les plus emblématiques au monde ? A en croire ce film, oui ! Adapté du roman du même nom de Maggie O’Farrell (publié en 2020), il raconte de manière fictive comment William Shakespeare et sa femme Agnès ont réussi à assumer la disparition et à faire le deuil de l’un de leurs enfants, Hamnet, mort à l’âge de 11 ans. Au fait, on écrivait aussi bien Hamlet que Hamnet à l’époque, c’est-à-dire aux XVIème et au XVIIème siècles, donc n’y voyez pas ici une faute de frappe ! Alors, pour arriver à surmonter son chagrin, William Shakespeare (son nom n’est prononcé qu’une seule fois en 2 heures de temps) a tout simplement écrit une œuvre magnifique qu’il a (fait) joué dans son fameux théâtre rond – le Shakespeare’s Golbe theatre – situé à Londres. Et pour se faire, il fallait bien toute la technicité et la dextérité de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao (Les chansons que mes frères m’ont apprises ; The rider ; Nomadland ; Les éternels), ainsi que tout le talent et la conviction des actrices et acteurs de ce long métrage. Jessie Buckley (The lost daughter ; Roméo et Juliette – elle était déjà « prédestinée » à jouer du Shakespeare ! - ; Men ; Scandaleusement vôtre) en « bohémienne » qui court les forêts puis en épouse un peu sorcière, pleine de caractère, de courage et de fougue, et l’irlandais Paul Mescal (The lost daughter – tiens, tiens, comme on se rencontre ! - ; Gladiator 2 ; The history of sound) en précepteur de latin puis en auteur qui a « besoin de davantage », sont d’une véracité confondante. Tous les 2 semblent avoir été totalement habités par leur rôle respectif, au point de faire « corps » avec leur personnage. Loin du film d’action ou intello, ce projet cinématographique est d’une poésie profonde et d’une sensiblerie constante, tourné au plus proche de la nature tel des tableaux vivants, avec une mise en scène très contemplative mais néanmoins intense afin de restituer parfaitement toutes les émotions qui vont traverser nos 2 protagonistes principaux. Filmée parfois à la seule lueur d’une bougie (un peu à la façon de Stanley Kubrick dans Barry Lyndon), cette naissance d’un monument théâtral devenu ultime, est portée au pinacle par la direction de la cinéaste comme par le choix et le jeu tout en finesse du casting, et ce n’est pas pour rien s’il a déjà été récompensé au Festival International de Toronto dernièrement. « Etre ou ne pas être » un film bouleversant car authentiquement humain, la question ne se pose même pas, tant la beauté juste – à la Terrence Malick - et l’écriture sincère d’un tel long-métrage sont prouvés à chaque plan, à chaque scène et on ne parle pas là uniquement de scènes de théâtre !
C.LB
|