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Je préfère qu’on reste amis…(sur Canal + Grand Ecran)
Sortie
le 09/10/2025
De Eric Toledano et Olivier Nakache avec Jean-Paul Rouve, Gérard Depardieu, Annie Girardot, Lionel Abelanski, Isabelle Renauld, Yves Jacques, Elisabeth Vitali, Xavier de Guillebon et Valérie Benguigui
C’est l’histoire de Claude Mendelbaum, un homme un peu plaintif avec un boulot pas très sexy et une mère à l’ouest, un timide au grand cœur, un physique populaire de chef de rayon de supermarché. Bref, un homme qui ne plaît pas tellement aux femmes. Alors, il est seul, Claude, et ça fait 2 ans que ça dure. Mais il en peut plus d’être seul. Il part à la recherche de la Femme. Il se trouve un partenaire de croisière, Serge, un guide spirituel, son contraire. Un homme qui n’a peur de rien, même pas du ridicule. Et à nos 2 compères de réaliser que, pendant tout ce temps, ce qu’ils cherchaient était là, devant eux. Sans le savoir. Une amitié, une vraie, en attendant…
Faute de grive, mangeons du merle ! C’est ce qui ressort un peu de cette comédie relativement bancale, une suite de saynètes entre 2 éclopés de la vie, qui n’arrive jamais à vraiment décoller. On reste à attendre qu’il se passe quelque chose de bouleversant et de fort, mais les situations survolent à peine un scénario certes parfois drôle mais quelque peu poussif. C’est pas faute d’avoir un Gérard Depardieu dans le casting mais ce dernier minaude, joue les doux, les gentils et les affectueux sans élever la voix. Pour une fois qu’il ne s’emporte pas, il en serait presque touchant. Sauf que chez lui, on aime justement l’emportement, la démesure, la folie, celle qu’avait notamment Jean Gabin dans ses films, mais qu’il ne développe pas du tout ici. Quand à Jean-Paul Rouve, il nous fait pitié avec ses yeux de basset et ses allures d’éternel paumé refoulé qui se laisse guider par les autres. Il n’est ni bon, ni mauvais, seulement pas spécialement bien dirigé et le cul entre 2 chaises. On ne sait pas si on doit le plaindre et s’apitoyer sur son sort, ou bien lui jeter la pierre et lui botter le derrière, tant il ne fait pas beaucoup d’efforts pour nous rendre son rôle de fataliste attachant. Alors, on suit lascivement les pérégrinations de ce duo de copains pour le moins disparates, partis en goguette pour le meilleur et (surtout) le pire. L’histoire de ces 2 hommes diamétralement opposés, aussi différents que proches, qui essayent de se caser, méritaient des textes plus spirituels, des dialogues plus incisifs et des moments plus marquants que ceux que nous offrent les 2 réalisateurs, Eric Toledano et Olivier Nakache, dont c’est ici leur premier long métrage. Ils ont beau ausculter avec un certain discernement une période charnière de la vie de 2 hommes assez simples qui se complètent tout en ayant un indéniable talent pour s’attirer des ennuis, ils n’arrivent pas à dresser d’eux un portrait sans concession, plein d’humour et de crédibilité. Avec une plus profonde acuité, ils auraient pu mieux dépeindre leur crise existentielle à travers une multitude d’émotions vraies et de caractères humains, tout en maîtrisant parfaitement une narration faite de saynètes beaucoup plus croquignolettes que celles-ci qui restent très terre-à-terre. Malheureusement, on connaît d’avance la chute de la plupart des scènes. De plus, ces 2 presque quadragénaires, en totale perte de repères, fragiles et maladroits, à la fois grands et minables, ne sont pas forcément touchants et séduisants à nos yeux, bien qu’ils essayent d’y mettre les formes. On aurait plus tendance à voir 2 vies ratées, tant ces 2 personnages possèdent une existence médiocre, l’un célibataire, travaillant dans une boîte d’informatique comme compresseur de logiciels ( !) et en quête d’une raison de vivre après son récent échec en couple ; l’autre divorcé, faisant des statistiques pour une boîte d’assurances et recherchant les plaisirs charnels dans les bras de quelques femmes de passage. Passionnant ! Comment voulez-vous qu’après çà, en tentant de draguer à droite et à gauche, ils arrivent à trouver l’âme sœur ? En fait, à force de se faire plaquer, ils n’ont en commun que les ambitions déçues et l’inquiétude face au temps qui passe. Même si leur quête de la femme va se transformer pour eux 2 en une sorte de parcours initiatique plutôt corrosif et les entraîner au bout d’eux-mêmes (c’est beaucoup dire comme le voyage final à New York qui n’apporte pas grand chose), il n’y a pas cette explication de mise au point sur ce qu’est leur vie, leurs valeurs et leurs choix encore possibles. A travers le regard amer que portent ces 2 hommes sur leur propre existence et leur avenir, les réalisateurs nous livrent néanmoins une vision de leur vie qui n’est ni cynique, ni complaisante, mais résolument humaine et tendrement ironique. De plus, ce film ancré dans la réalité nous permet de découvrir un peu de nous à travers ces moments banals tour à tour hilarants et pathétiques, filmés avec un certain réalisme (les scènes avec Annie Girardot, ainsi que celles de speed-dating, de mariages et de réunions de célibataires). Finalement, ces 2 lascars reviendront un peu changés de leur voyage ensemble au moment de la réconciliation, tous 2 ayant plus ou moins tiré des leçons de leur rupture et de leur mésaventure réciproque. Toutefois, on aurait aimé un meilleur dosage dans les dialogues, ainsi que plus de rythme et de rigueur dans ce sujet de société qui raconte une belle histoire d’amour sous forme d’amitié masculine, tout en gardant les mêmes codes que ceux utilisés par les hétéros.
C.LB
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