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Madagascar (sur Canal + Grand Ecran)
Sortie
le 20/11/2024
De Eric Darnell et Tom McGrath avec les voix de Ben Stiller (José Garcia), Chris Rock (Anthony Kavanagh), David Schwimmer (Jean-Paul Rouve) et Jada Pinkett Smith (Marina Foïs)
Le lion Alex est le roi de la jungle…urbaine, l’attraction n°1 du zoo de Central Park, où il vit en parfaite harmonie avec ses amis le zèbre Marty, la girafe Melman et l’hippopotame Gloria. Captifs de toute éternité, les 4 fauves s’estiment comblés par le destin et ne se lassent pas de l’adulation du public new-yorkais….Mais Marty voudrait encore plus. Poussé par une insatiable curiosité, il s’évade avec l’aide d’une bande de pingouins et se lance à la découverte d’un monde dont il ignore tout. Ses 3 compères affolés le rejoignent mais sont vite repris et embarqués à bord d’un navire pour être relâchés en Afrique. Lorsque les irrépressibles pingouins sabotent leur prison flottante, Alex, Marty, Melman et Gloria s’échouent sur les rivages exotiques de…Madagascar. Commence alors pour les 4 natifs de la Grosse Pomme le rude apprentissage de la vraie jungle….
Imaginez quelques animaux dits sauvages, mais sûrement nés en captivité dans un zoo, qui se retrouvent propulser du jour au lendemain dans la vraie jungle, celle de leurs ancêtres, souvent hostile et pleine de danger, sans avoir eu le temps de s’acclimater et de se préparer à cette nouvelle existence ! N’importe lequel d’entre eux aurait vite perdu la boule, hors de leurs habitudes et de leurs repères, sans savoir comment survivre dans pareil endroit sauf lorsque les instincts de l’un d’eux se réveillent. C’est exactement ce qui se passe ici pour nos 4 lascars, partis malgré eux en goguette sans la moindre information pour vivre dans un autre environnement que celui surprotégé dans lequel ils vivaient précédemment. On ne peut que rire des différentes situations qui s’offrent à eux et des nombreux gags qu’ils vont vivre chacun à leur manière, rencontrant d’autres lieux ainsi que d’autres animaux (entre autre une compagnie de 4 pingouins, un peuple de lémuriens fêtards et leurs ennemis, les « fossas »), aussi étonnés de leur présence qu’eux-mêmes. La transposition des traits de caractères humains à travers ceux de ses animaux est tout simplement remarquable, des personnages à part entière qui font bon ménage car élevés dans un environnement artificiel et qui n’ont pas la moindre notion de leur vraie nature malgré leur antagonisme légendaire. Ses animaux sont certes extrêmement stylisés mais tout sauf réalistes, autant dans la démarche et le look que dans le geste et la parole. Sans en faire des tonnes, ils se comportent réellement comme n’importe quel individu confronté à ce genre de problème sauf qu’ils le font dans un univers totalement fantaisiste. Prendre un lion était certes évident à la base car très représentatif de l’animal sauvage par excellence mais pas toujours évident à rendre de nouveau complètement original à l’image. Et là, on peut dire que c’est réussi puisque, d’une part, ce lion surdimensionné se comporte comme une grosse peluche naïve, gâté pourri et imbue de sa personne, qui tente désespérément de ramener à la raison son copain le zèbre épris de liberté, et d’autre part, il est doublé par le célèbre comédien Ben Stiller dans la plus pure tradition des comiques U.S. qui soit. En ce qui concerne le fameux zèbre, c’est Chris Rock (Docteur Dolittle, Dogma, Nurse Betty, Bad company) qui s’en donne à cœur joie dans la caricature d’un jeune aventurier exubérant et malin, plein d’illusions et d’espoirs en une vie meilleure et plus agréable. Pour la girafe hypocondriaque, c’est David Schwimmer (de la série Friends) qui nous fait un numéro de malade imaginaire entouré de médicaments et de remèdes, très proche de ses contemporains américains. Quand à l’hippopotame femelle protectrice, nous retrouvons la charmante voix de Jada Pinkett Smith (Ali, Matrix, Collateral, et femme de l’acteur Will) qui possède un timbre maternelle, rassurant et cajoleur, qui sied à merveille dans ce film d’animation de la nouvelle génération. Il faut dire que le progrès dans l’animation informatique a fait un tel bon que revenir aux bonnes vieilles techniques et méthodes traditionnelles du dessin animé de notre enfance pourraient sembler aberrants, voire définitivement absurdes, vu le succès populaire de Shrek 1 & 2, meilleur exemple de réussite à ce jour. Mais c’était sans compter sur l’emploi de techniques modernes pour recréer le look des classiques de l’animation, un hommage inspiré des cartoons des années 30 et 40, et rendu à des figures légendaires comme Chuck Jones et Tex Avery. On y retrouve d’ailleurs les modifications comme les manipulations des proportions et des dimensions de ces personnages (les allonger, les gonfler, les rétrécir ou les écrabouiller à volonté) comme ceux qui ont bercés notre enfance tels que Bugs Bunny, Droopy ou encore Beep-Beep et le coyote. Quoi qu’il en soit, les studios Dreamworks continuent sur leur lancée après Sinbad la légende des 7 mers, Spirit l’étalon des plaines et surtout Shrek dont on retrouve ici un peu les mêmes types de personnages (l’âne est devenu le zèbre ; l’ogre, le lion ; la princesse, l’hippopotame ; et le chat, le bébé lémurien !). Ils nous offrent un irrésistible pastiche de la vie de certains animaux sauvages revenus à la liberté avec beaucoup d’enthousiasme et de clins d’oeil. On doit cette incroyable réussite et cette formidable performance à 2 concepteurs et scénaristes, Tom McGrath et Eric Darnell, coréalisateur du célèbre Fourmiz, l’une des premières productions de chez Dreamworks. Fort de cette alliance pleine de talent et de promesse, on ne peut que tomber à nouveau sous le charme de ses prouesses techniques et de cette histoire complètement délirante, aussi drôle qu’envoûtante et aussi pimpante que charmante, un vrai régal autant pour les enfants que pour les parents !
C.LB
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