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The reader (sur OCS)

Sortie  le  18/09/2025  

De Stephen Daldry avec Kate Winslet, Ralph Fiennes, David Kross,Lena Olin et Bruno Ganz (les 18, 20 et 23/09)


Allemagne de l’Ouest, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Un adolescent, Michael Berg, fait par hasard la connaissance de Hanna, une femme de 35 ans dont il devient l’amant. Commence alors une liaison secrète et passionnelle. Pendant plusieurs mois, Michael rejoint Hanna chez elle tous les jours, et l'un de leurs jeux consiste à ce qu'il lui fasse la lecture. Il découvre peu à peu le plaisir immense qu’elle éprouve lors de ce rituel. Leur relation physique s’intensifie alors qu’il lui lit “l’Odyssée,” “Huckleberry Finn” et “La Dame au petit chien.”. Hanna reste pourtant mystérieuse et imprévisible. Un jour, elle disparaît, laissant Michael le cœur brisé. 8 ans plus tard, devenu étudiant en droit, Michael assiste aux procès des crimes de guerre nazi. Il retrouve Hanna... sur le banc des accusés. Peu à peu, le passé secret de Hanna est dévoilé au grand jour…

Le réalisateur a beau n’avoir pas fait beaucoup de films, il n’en est pas moins très attendu au tournant avec ce dernier ! En effet, depuis 2000, Stephen Daldry n’a tourné que 2 longs métrages avant celui-ci mais néanmoins 2 cartons au box-office, Billy Elliott et The hours. Ce 3ème est une adaptation du célèbre roman de Bernhard Schlink, Le liseur, un drame bouleversant qui se déroule sur plusieurs décennies, entre la fin de la 2ème guerre mondiale et le milieu des années 90. On est d’ailleurs très étonné de retrouver pratiquement la même ambiance et le même esprit que dans Le patient anglais - même période (juste à la fin de la guerre), même passion dévorante et mêmes scènes torrides dans….une baignoire - d’autant que le co-producteur ici n’est autre que le réalisateur de ce grand film, le regretté Anthony Minghella (l’autre producteur était Sydney Pollack !). Bref, voilà une production qui semble ne pas avoir porté chance à ces deux-là !
Quoi qu’il en soit, pour ceux qui connaissent le livre, on est vraiment surpris qu’une si belle « histoire d’amour » particulièrement mouvementée, sur fond de nazisme et de procès, repose en réalité sur un si petit motif, celui de la non alphabétisation de l’héroïne. Quand on sait pourquoi elle est jugée, c’est un peu mince comme intrigue et surtout très facile à déceler dès le début. Même jouée par la merveilleuse Kate Winslet (qui a reçu un Oscar pour sa magnifique prestation, alors que le rôle avait été attribué au départ à Nicole Kidman !), on a du mal à croire que tout repose sur le simple fait qu’elle ait une tare et qu’elle en ait honte, de ne pas savoir lire ni écrire, au point de se demander si le metteur en scène n’a pas un peu brodé dans le méli-mélo larmoyant et lancinant (le film dure plus de 2 heures !), histoire de noyer le « suspense » pour le moins éventé dans un flot de belles images (la reconstitution de Berlin après-guerre) et de grandes musiques (une BO certes omniprésente mais chatoyante et enveloppante à souhait).
Malgré ce petit détail qui a tout de même son importance, on se laisse accaparer par une structure narrative astucieuse qui permet de passer d’une époque à l’autre avec des sautes à travers le temps, ainsi que par le parcours étonnant de cette femme secrète et inculte (interprétée par la formidable Kate Winslet à fleur de peau dans une prestation certes difficile mais riche en nuance – visage dur et regard sévère - qui ose se mettre complètement à nue, au sens propre comme au sens figuré), contrôleuse de tramway en Allemagne qui a une liaison amoureuse avec un lycéen innocent et curieux, un enfant de l’après-guerre (joué par l’impressionnant David Kross, jeune acteur allemand débutant dans un rôle tout en subtilité), tel un jeune chien dans un jeu de quilles. Ce même personnage est endossé à l’âge adulte par l’extraordinaire Ralph Fiennes (déjà présent dans Le patient anglais), magistral comme à son habitude dans le ressassement de son passé, comme glacial dans la distance et la froideur qu’il porte devant son amour de jeunesse retrouvé. D’ailleurs, il réussira presque à faire son deuil de cette femme sans presque aucun remords ni la moindre larme.
En résumé, on finit par découvrir un certain nombre de similitudes entre ces 2 films qui finissent par enlever toute surprise et presque toute émotion, voire sensibilité, à cette fresque pourtant bouleversante qui malheureusement déborde de lenteur dans son rythme nonchalant et de compassion vis-à-vis de ces protagonistes très marqués. En un mot, on n’est pas très loin de la énième production en hommage à la Shoah et à la mémoire de l’Holocauste, vu les plans appuyés sur le camp de concentration d’Auschwitz, ce qui n’était vraiment pas nécessaire de souligner autant dans ce projet suintant la faute, la culpabilité « collective », le jugement et finalement une certaine forme de pardon.

C.LB



 
 
 
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