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L’amour, c’est mieux à deux (sur Ciné + Emotion)
Sortie
le 13/10/2025
De Arnaud Lemort et Dominique Farrugia avec Clovis Cornillac, Manu Payet, Virginie Efira, Annelise Hesme, Laurence Arné et Shirley Bousquet (les 13, 16 et 17/10)
Michel rêve d’une rencontre parfaite, totalement due au hasard comme l’ont connu ses parents et ses grands-parents, alors que Vincent applique à la lettre l’adage qui dit que les hommes ont un sexe à la place du cerveau. Amis d’enfance aux visions diamétralement opposées sur les femmes, ils découvriront les limites de leurs raisonnements respectifs au contact d’Angèle et de Nathalie.
Voilà la comédie romantique typique et particulièrement speed, autour du coup de foudre dit « inopiné » et du couple qui s’ébranle dans tous les sens ! Pas la peine de vous faire un dessin, le scénario est plutôt assez facile à comprendre pour ne pas dire déjà (bien) vu à l’écran, et donc prévisible, voire souvent évident, tant les séquences se suivent et se ressemblent presque toutes d’une production de ce type à l’autre. Le schéma est toujours le même, basé sur une montée narrative en puissance (la rencontre fortuite, puis l’attirance – bien entendu - réciproque), suivie d’une descente toute aussi incroyable (le malentendu qui blesse et la séparation la mort dans l’âme) pour finir en beauté par une remontée spectaculaire (les retrouvailles et le final – évidemment - en happy end). Bref, je t’aime, ensuite, j’t’aime plus et finalement tu es l’amour, le seul, de ma vie, sur fond de cris de joie, de pleurs et de flash-back ! Ce n’est pas beau tout çà ! Encore faut-il que les personnages soient à la hauteur de nos attentes, qu’ils correspondent parfaitement à l’image qu’on peut se faire de l’un comme de l’autre des protagonistes, pour ne pas dire qu’on puisse s’identifier à leur rôle respectif, et qu’ils fonctionnent parfaitement et donc mutuellement selon des règles bien précises propres à la comédie amoureuse, soit, en osmose les uns vis-à-vis des autres ! Le problème, c’est qu’ils ne réussissent pas vraiment à nous émouvoir, à force d’en faire des tonnes, ni à nous convaincre complètement, tout juste à nous faire sourire de temps en temps à travers certains dialogues croustillants. Seul Jonathan Lambert, dans un petit rôle de commerçant gay, tire honorablement son épingle du jeu ! La faute à cette histoire trop décontractée et pas assez réaliste, aussi parodique que rocambolesque, à la fois très soulignée et très appuyée, pas loin de l’invraisemblable par moment (notamment dans le parcours croisé des 2 potes), où la théorie (à 2 balles) sur la vision de l’amour parfait (« est-ce une science exacte ? » ; « c’est le fruit du hasard qui nous guide inexorablement ! »), nous est développé et disséqué en long et en large par un naïf patenté, assez déconcertant et à peine touchant (à nouveau en architecte – il a le même job que dans le récent La Sainte Victoire -, Clovis Cornillac, qui fait gaffe sur gaffe d’une manière éhontée, n’est décidément pas à sa place dans la comédie - souvenez-vous dernièrement de Protéger et servir !), et par un séducteur obsédé du cul qui se croit irrésistible (après – le semi échec de - RTT, Manu Payet récidive dans la comédie lourdingue en chaud-lapin pas vraiment crédible). Autant ce dernier, comique à la base, devrait nous faire rire avec plus de nuance que cela, autant le premier maladroit, un peu coincé de la vieille école, manque de subtilité, de naturel, de fluidité et de conviction dans son jeu trop sanguin, tout en force et perpétuellement sur les nerfs. C’est un peu pareil du côté des filles qui récitent un tant soit peu leurs textes (surtout Annelise Hesme) ou qui en rajoutent là où il ne faudrait justement pas (spécialement Laurence Arné et Shirley Bousquet). Quant à Virginie Efira, elle mène sa barque mollement mais sûrement, sans trop y croire elle-même et le sourire forcé ! Pas facile de réussir dans un genre émotionnel maintes fois mis en scène et très (et trop) souvent bâclé autour de 4 blagues dites décapantes, 3 gags plus ou moins culottés et 2 anecdotes fort sympathiques ! Ce n’est pas avec cette espèce de pièce de boulevard filmé plutôt « énorme » que Dominique Farrugia va revenir sur le devant de la scène en tant que réalisateur inspiré (souvenez-vous de Trafic d’influence qu’il a tourné il y a plus de 10 ans !). Même aidé par le scénariste Arnaud Lemort (dont c’est ici le premier long métrage), cela ne suffit pas à sauver cette entreprise énervante, souvent grotesque, parfois ridicule, à la limite du pathétique. Encore fallait-il savoir bien assumer la magie dans cette « grande » et belle rencontre organisée, certes quelque peu improbable mais malheureusement proche du pitoyable, en allant beaucoup plus loin dans la justesse des situations et dans la fêlure des propos !
C.LB
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