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La taupe (sur OCS)
Sortie
le 02/04/2025
De Tomas Alfredson avec Gary Oldman, Colin Firth, Tom Hardy, John Hurt, Toby Jones, Mark Strong, Benedict Cumberbatch et Ciaran Hinds (les 02 et 04/04)
1973. la guerre froide empoisonne toujours les relations internationales. Les services secrets britanniques sont comme ceux des autres pays, en alerte maximum. Suite à une mission ratée en Hongrie, le patron du M16 se retrouve sur la touche avec son fidèle lieutenant, George Smiley. Pourtant, Smiley est bientôt secrètement réengagé sur l’injonction du gouvernement, qui craint que le service n’ait été infiltré par un agent double soviétique. Epaulé par le jeune agent Peter Guillam, Smiley tente de débusquer la taupe, mais il est bientôt rattrapé par ses anciens liens avec une redoutable espionne russe Karla. Alors que l’identité de la taupe reste une énigme, Ricki Tarr, un agent de terrain en mission d’infiltration en Turquie, tombe amoureux d’une femme mariée, Irina, qui prétend possèder des informations cruciales. Parallèlement, Smiley apprend que son ancien chef a réduit la liste des suspects à à 5 noms : l’ambitieux Percy Alleline, le charmeur Bill Haydon, Roy Bland qui jusqu’ici a toujours fait preuve de loyauté, le très zélé Toby Esterhase et….Smiley lui-même. Dans un climat de suspicion, de manipulation et de chasse à l’homme, tous se retrouvent à jouer un jeu dangereux qui peut leur coûter la vie et précipiter le monde dans le chaos. Les réponses se cachent au-delà des limites de chacun….
Si vous aimez le style thriller, du type polar à l’ancienne dans la grande tradition du film d'espionnage anglais très loin des clichés à la James Bond, c'est-à-dire sans gadget ni tout l’attirail qui va avec, mais avec seulement l’atmosphère de soupçon, l’esprit d’inquisition et l’ambiance de paranoïa qui peuvent planer en pareil cas, sans oublier, petite cerise sur la gâteau, la BO jazzy qui se fond parfaitement dans l’ensemble, alors vous allez être sacrément gâté avec cette excellente adaptation du célèbre roman de John Le Carré, écrit en 1974 et intitulé Tinker, Tailor, Soldier, Spy ! Nous voilà plongé dans le monde pour le moins mystérieux des agents secrets durant les années 70, que ce soit au sein de leur bureau ou de leur unité, perpétuellement sur le qui-vive, constamment en ligne de mire, et continuellement sur la selette. Rien ne manque à leur panoplie d’espion, ni l’imperméable gris (forcément, on est en Angleterre !), ni la mallette ou attaché-case (accessoire indispensable à tout agent qui se respecte !), ni la salle insonorisée, véritable caisson hermétique et anti-fuites, et encore moins les nombreux dossiers obscures, sources de renseignements cachés, d’investigations régulières, d’informations compromettantes et autres confidences révélatrices. Bienvenue dans l’antre du « Cirque », ou si vous préférez du M16, le service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni, et son organigramme pour le moins alambiqué pour ne pas dire complexe ! Des bureaucrates disciplinés, il y en a dans tous les services et à tous les échelons qui suivent « sagement » le protocole, chacun essayant de tirer dans les pattes de l’autre ou de se faire mousser afin d’espèrer se faire remarquer et gravir rapidement dans la hiérarchie. Sauf qu’ici, il y a souvent des « pertes », des personnes « brûlées » ou du moins congédiées, voire sacrifiées et même « liquidées ». Et dans tout ce fatra de machinations, disputes, méfiances, rumeurs, alliances, discrédits et conspirations en tout genre, se cache une taupe, un traître, une brebis galeuse, bref, un agent double qui a choisi son camp et mine le moral de tout le monde, au point d’être obligé de rappeller l’arrière-garde mise au rebus (comprendre retraite !) afin de le démasquer au plus vite, d’autant que le « navire » a des fuites sérieuses ! C’est Gary Oldman qui est chargé de cette base besogne, pardon, de mener l’enquête dans ce service soi-disant (ir)réprochable et de chercher les « petites faiblesses » de chacun, entouré d’une ribambelle de suspects, des hommes pas si clairs qu’ils le paraissent. Quel mestro, quelle pléiade d’acteurs (un casting de première classe entre notamment Colin Firth, John Hurt, Toby Jones et Tom Hardy !), quelle superbe réalisation (avec des décors incroyables, des cadrages impeccables, des prises de vues originales et peu de dialogues, certes juste ce qu’il faut mais pourtant…inavouables !), quel suspense palpitant (qui allie à la fois intrigue politique et tension diabolique), en résumé, quel film aussi théâtral que soutenu, aussi posé qu’haletant ! Du grand (7ème) art au service d’un drame psychologique passionnant : merci Tomas Alfredson, déjà responsable du formidable Morse…
C.LB
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