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Promised land (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  14/10/2025  

De Gus Van Sant avec Matt Damon, John Krasinski, Frances McDormand, Rosemarie DeWiit, Scoot McNairy, Titus Welliver et Hal Holbrook


Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend avec Sue Thomason dans une petite ville de campagne. Les 2 collègues sont convaincus qu’à cause de la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur lucrative proposition de forer leurs terres pour exploiter les ressources énergétiques qu’elles renferment.
Ce qui s’annonçait comme un jeu d’enfant va pourtant se compliquer lorsqu’un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que personnel…


La « terre promise » n’est pas toujours celle que l’on croit découvrir ou bien celle que l’on espère croiser sur son chemin ! On a beau partir « en croisade » à la recherche d’un nouvel « eldorado » idyllique et si possible pacifique, on peut néanmoins rencontrer parfois quelques difficultés à essayer de conquérir de nouveaux territoires ainsi que leurs habitants. Les américains devraient forcément le savoir depuis le temps qu’ils ont « envahi » l’Amérique (du Nord) et surtout tenter de pactiser avec les autochtones de l’époque, les indiens ! Et voilà que plus de 5 siècles plus tard, c’est presque encore la même situation qui revient et toujours le même problème qui se pose, celui de faire comprendre à leurs « compatriotes » qu’il est préférable d’écouter la « belle parole », celle du plus puissant ou du moins qui a la plus grande force de persuasion, plutôt que celle de la raison d’autant plus si elle est minoritaire.
Le sujet abordé ici est un peu dans le même style de registre pour le moins manipulatoire et, d’ailleurs, bel et bien d’actualité, que ce soit d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, vous savez, avec ces fameux gisements de gaz de schiste qui existent sous la terre, parfois sous des villages entiers ou bien des maisons individuelles, et ces forages considérés comme dangereux, ceux par fracturation hydraulique, qui détruisent plus que moins l’environnement, en polluant l’eau des nappes phréatiques et en provoquant des émanations inflammables qui sortent de la tuyauterie des robinets (souvenez-vous des démonstrations faites dans le documentaire alarmant, Gasland, sorti aux Etats-Unis en 2010 et chez nous l’année dernière ?).
Comme dans le film de Steven Soderbergh, Erin Brockovich, le réalisateur Gus Van Sant n’hésite pas, lui aussi, à dénoncer certaines pratiques et à s’attaquer au lobby de sociétés bien réelles, cette fois des compagnies de gaz, qui n’hésitent pas à envoyer leurs fringants consultants pour proposer, à des propriétaires nécessiteux ou dans le besoin et habitant dans des régions souvent sinistrées (là où la crise est malheureusement passée !), de faire des forages chez eux tout en leur faisant miroiter sous forme de « planche de salut » des contrats aussi juteux qu’alléchants et une « nouvelle vie » qui commence pour ne pas dire une aubaine en perspective. La réalité peut être tout autre et c’est ce que tente de nous démontrer Gus Van Sant à travers cette peinture sociale plutôt « rustique » de l’Amérique rurale dite profonde.
Il s’y emploie avec pas mal de jolies prises de vue (notamment aériennes) et un casting vraiment à la hauteur (surtout le surprenant John Krasinski, également coscénariste ici et vu dans Jarhead – la fin de l’innocence, The holiday, Dreamgirls, Jeux de dupes et Away we go ; la formidable et néanmoins impayable Frances McDormand, présente dans Sang pour sang, Arizona junior, Burn after reading, et Moonrise kingdoom ; ainsi que la naturelle Rosemarie DeWiit, aperçue dans Rachel se marie, De l’ombre à la lumière, et The company men). Chacun y va de sa petite ou de sa plus longue prestation pleine de dignité avec le sentiment du devoir accompli, celui d’avoir fait le bon choix en repoussant les « avances » pour sortir de la misère façon porte à porte, certes tentantes mais trop mirobolantes pour être honnêtes, d’un Matt Damon très couleur locale comme « élevé à la campagne et nourri au grain ».
A ce sujet, le metteur en scène, habitué aux films typiquement campagnards (Drugstore cowboy ; My own private Idaho ; Even cowgirls get the blues), ne s’est pas privé de nous proposer un grand nombre de séquences bucoliques, pas loin de « remplissage » parfois, s’évertuant à nous offrir un panel d’approches autant masculines que féminines et de réactions aussi diverses que variées en pareilles situations, le tout sur fond d’une belle BO bien folk à la manière du duo Simon & Garfunkel. On aurait apprécié tout de même moins de sentimentalisme - limite pathos - et moins de morale – surtout lors du final assez prévisible -, et plus de malversations engagées ou de roublardises orchestrées de la part d ces protagonistes venus pour une cause juste, « ouvrir les yeux » de ces fermiers soi-disant ploucs et cul-terreurs…

C.LB



 
 
 
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