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Gibraltar (sur Ciné + Frisson)
Sortie
le 25/11/2024
De Julien Leclercq avec Gilles Lellouche, Tahar Rahim, Riccardo Scarmacio, Raphaëlle Agogué, Mélanie Bernier, Thierry Nahon et Aidan Devine
« Toujours mentir. Jamais trahir » Afin de mettre sa famille à l'abri du besoin, Marc Duval, un français expatrié à Gibraltar, devient agent d'infiltration pour le compte des douanes françaises. De petits trafics en cargaisons troubles, il gagne progressivement la confiance de Claudio Lanfredi, un puissant importateur de cocaïne associé aux cartels Colombiens. Cette immersion en eau profonde dans l’univers des narcotrafiquants lui fait courir des risques de plus en plus importants. Mais à mesure que Marc gravit les échelons du cartel, il découvre aussi le luxe et l’argent facile... En permanence sur le fil du rasoir, seuls ses mensonges le maintiennent encore en vie. Lorsque les douanes anglaises rentrent dans la partie pour arrêter Lanfredi, le jeu devient encore plus dangereux et sa famille risque d’en payer le prix.
Rien que le fait de savoir que ce film est inspiré de faits réels donne déjà très envie de découvrir de quoi il en retourne vraiment ! En effet, cette adaptation du livre de Marc Fiévet intitulé L’aviseur (mot employé pour remplacer le terme plus ou moins « péjoratif » de « balance ») nous plonge dans le milieu des services des douanes, ainsi que dans celui des trafiquants de drogue et plus particulièrement dans celui des passeurs, ces hommes qui font du convoyage et qui ont perpétuellement le cul entre 2 chaises, pardon, sont à cheval entre 2 organisations qui se livrent une guerre sans merci, très souvent à coup d’arrangements, magouilles et autres petites combines entre eux. Ne « jamais être d’un côté ou de l’autre pour éviter de se faire massacrer », voilà le maître mot de ce polar tout à fait plausible - où il est question entre autres de confiance et de protection mais aussi (et surtout) de livraisons, de manipulations, de confrontations, de machinations et même de connivences entre les différents services de douanes étrangères - afin d’espérer survivre tant bien que mal, du moins le plus longtemps possible. Mais quand tout s’accélère, dégénère, devient très (voire trop) dangereux et même assez sanglant, bref, va un peu trop loin au goût de certains jusqu’à remonter aux plus hautes instances de l’Etat mouillées jusqu’au cou - d’autant plus si l’on découvre que tout le monde touche à la drogue de près ou/et de loin -, il faut tenter de s’en sortir sans (trop d’) encombres, ni de menaces et encore moins sans y laisser quelques plumes au passage. C’est ce que va vivre à son corps - pas si défendant que cela au départ - un homme, un simple passeur en plein cas de conscience, ou plutôt un agent d’infiltration en pleine dualité au service pratiquement de tous afin de rembourser ses dettes et autres crédits (un petit bar et un beau voilier, ce dernier jamais sous voile d’ailleurs !) avant que la machine, dans lequel il a mis le pied et plus, ne se retourne contre lui, interprété par l’excellent Gilles Lellouche qui pour l’occasion s’est fait une gueule à la Eric Cantona, une bonne dizaine d’années en moins. Crédible et convaincant au même titre que tous les autres protagonistes principaux de cette histoire (avec en tête Tahar Rahim – Un prophète ; Or noir ; A perdre la raison ; Le passé ; Grand central -, et Riccardo Scarmacio –Eden à l’ouest ; Polisse ; To Rome with love -), il rend ce scénario prenant et tendu pour ne pas dire haletant, même si la réalisation on ne peut plus académique pêche par son classicisme, se positionnant dans un registre lent, posé et méticuleux, à la photo quelque peu vintage. En résumé, un bon travail de Julien Leclercq (Chrysalis ; L’assaut) qui aurait néanmoins mérité d’être un peu plus surprenant et même un peu plus renversant, d’autant que Gibraltar, territoire britannique d’outre-mer dans une enclave au sud de l’ Espagne, zone stratégique militaire et carrefour de l’Europe qui sert aussi de plaque tournante pour le trafic des narco stupéfiants entre la Colombie, le Maroc et la France, en a vu bien d’autres (et dans tous les sens du terme)….
C.LB
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