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Suite française (sur Ciné + Emotion)
Sortie
le 02/02/2025
De Saul Dibb avec Michelle Williams, Matthias Schoenaerts, Kristin Scott Thomas, Sam Riley, Margot Robbie, Ruth Wilson, Tom Schilling, Alexandra Maria Lara et Lambert Wilson
Eté 1940 - France. Dans l’attente de nouvelles de son mari, prisonnier de guerre, Lucile Angellier mène son existence soumise sous l'oeil inquisiteur de sa belle-mère. L’arrivée de l’armée allemande dans leur village contraint les 2 femmes à loger chez elles le lieutenant Bruno von Falk. Lucile tente de l’éviter mais ne peut bientôt plus ignorer l’attirance qu’elle éprouve pour l’officier....
C’est encore l’inaltérable histoire d’amour plus ou moins tragique entre l’occupé(e) et l’occupant sur fond de rumeurs et de délation, l’éternelle aventure sentimentale plutôt mouvementée entre la belle et émouvante mais néanmoins fragile et faible esseulée - ou disons plutôt mal mariée, voire même copieusement trompée - qui doit supporter le ton hautain et la mainmise - d’une sacrée poigne de fer - de sa redoutable « belle-doche », sensible au charme de l’ennemi sous les traits d’un élégant officier germanique qui s’installe chez l’habitant(e) – donc qui va séjourner sous son toit, d’où une inévitable « anguille sous roche » certaine et un indéniable « péril en la demeure » assurément -, à la fois correct, plein de bonnes manières et toujours tiré à 4 épingles, auprès duquel on ne peut qu’indéniablement succomber. Là-dessus, pas de grande surprise à l’arrivée, d’autant qu’il n’y a rien de vraiment original ni de réellement nouveau et encore moins de franchement transcendant, bref, en résumé, rien qu’un scénario on ne peut plus classique à travers une trame habituelle et maintes fois portée à l’écran (souvenez-vous entre autres du Silence de la mer sorti en 1947, La vie de château de Jean-Paul Rappeneau, Les amours secrètes, La nouvelle guerre des boutons, dernièrement Belle et Sébastien, sans oublier la série télévisée Un village français !), si ce n’est le fait que cette fois, c’est du point de vue des femmes – ici 2 - que la mise en scène se tourne, comme d’ailleurs l’avait été un peu Les femmes de l’ombre de Jean-Paul Salomé, ce dernier dans un tout autre contexte, celui des résistantes. En effet, il s’agit dans ce film de dépeindre le comportement plutôt inattendu, pour ne pas dire « téméraire », parfois limite « héroïque » de la gente féminine en cas de conflit – le fameux exode des français dès le mois de juin 1940 - face à quelques membres d’une garnison allemande, pas forcément la bienvenue dans un petit village hexagonal pas totalement fictif (Bussy Saint-Georges se situe dans le département de Seine-et-Marne). Même si le plaisir de la musique peut réunir 2 personnages pour le moins antagonistes en temps de guerre, il ne faut pas oublier que l’on a tondu plus d’une femme pour moins que cela au moment de la libération de La France : la « folie honteuse » du désir inavoué sous l’occupation, malheureusement pour un bon nombre d’entre elles, fut à ce prix ! Quoi qu’il en soit, voilà une réalisation du britannique Saul Dibb (The duchess), tirée de l’incroyable roman éponyme d’Irène Némirovsky, qui n’a pas du tout à rougir de la comparaison des productions citées ci-dessus, jouée par un casting aussi surprenant qu’éclectique - surtout anglais (Kristin Scott Thomas qui sait parfaitement se rendre aussi méprisante qu’odieuse ; Ruth Wilson ; Harriet Walter et Sam Riley), en partie américain (Michelle Williams qui a des petits airs de "gentillesse" à la Renée Zellweger), australien (Margot Robbie) et allemand (Alexandra Maria Lara et Tom Schilling), et pour le peu reste, autant belge (Matthias Schoenaerts qui sait être impressionnant et qui sait se rendre presque indispensable dans le cinéma international actuel) que français (Lambert Wilson qui est accoutré de façon assez grotesque) – et interprétée dans plusieurs de ses langues, vocation à être vendue et diffusée dans le monde entier oblige !
C.LB
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