en 
 
 
cinema

 
 

Birdman (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  05/02/2025  

De Alejandro González Inàrritu avec Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton, Andrea Riseborough, Amy Ryan, Emma Stone et Naomi Watts


A l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité, il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son égo....

Il faut avoir un sacré courage, une bonne dose de culot aussi, un certain cran également, et surtout une grande part d’autodérision pour accepter de jouer son propre rôle, du moins d’interpréter un personnage qui lui ressemble beaucoup, voire énormément au cinéma ! En tout cas, Michael Keaton, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne semble pas avoir été ennuyé ni gêné d’endosser l’habit de l’artiste peu reluisant, limite has been, lui l’ex-super héros emblématique - en référence bien sûr à sa célèbre prestation dans la peau de Batman et Batman : le défi, réalisés tous les 2 par l’illustre Tim Burton en 1989 et 1992 -, devenu plus ou moins « ringard » par la force des choses et vieillissant face aux aléas de la vie - n’intervenant plus que très rarement à l’écran et de façon assez sporadique dans un film, notamment en tant que doublage de voix pour des dessins animés (Porco rosso ; Cars ; Toy story 3 ; Frankenweenie) -.
C’est dur quand on a été tout en haut de l’affiche, de se retrouver en bas, ignoré et oublié (« il avait tout et il a tout perdu »). Quoi qu’il en soit, Michael Keaton n’en est pas moins à la fois émouvant et sordide (habillé soit en caleçon – tout en étant en lévitation : il n’a d’ailleurs pas perdu certains de ses « pouvoirs » passés -, soit en costume usé), touchant et excessif (il doit régler quelques « problèmes » tout en affrontant tour à tour sa fille – une barjot fragile interprétée par Emma Stone qui était d’ailleurs la petite amie d’un autre super héros dans The amazing Spider-Man -, son ex-femme, sa maîtresse, son producteur farfelu, ainsi que les autres comédiens de la pièce), poignant et énervé (sa conscience, une espèce d’« illusion mentale », lui parle au point de l’emmerder, d’autant que cette voix de la vérité – et donc de la raison - le fait sérieusement flipper !), Là-dessus, il faut rajouter la présence « envahissante » d’Edward Norton qui semble vouloir lui voler la vedette !
Cette autocritique de la profession considérée comme « désinvolte et égocentrique », celle du parcours d’un artiste qui ne (re)cherche qu’à se sentir bien, se rassurer, être aimé et se rendre utile, bref, à se reconstruire, le tout doublée d’une allégorie à la célébrité, nous est proposée par le réalisateur mexicain Alejandro Gonzàlez Inàrritu (Amours chiennes ; 21 grammes ; Babel ; Biutiful) à travers une comédie acerbe « version miniature et déformée » de Michael Keaton, teintée de pas mal d’humour et surtout bien noir, est un petit prodige de mise en scène, à la fois audacieuse (grâce à une sorte d’unique plan séquence de presque 2 heures, prouesse technique où l’on ne distingue que très rarement les coupures), singulière (filmée de manière un peu furtive tout en suivant le parcours des différents protagonistes et en s’immisçant partout, dans chaque recoin d’un théâtre, et uniquement rythmé par des percussions omniprésentes), plus parlée (avec un dialogue parfois un peu cru, voire on ne peut plus imagé) que mouvementée (quelques effets visuels numériques débarquent vers la fin : un aigle destructeur, des missiles, un hélicoptère qui s’écrase, des explosions,...), où le métier d’acteur – comme d’ailleurs celui de journaliste – en prend pour son grade. Bref, du grand art dans toute sa virtuosité narrative et sa dimension réaliste, parfois même fantastique !

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique