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Big eyes (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  12/12/2025  

De Tim Burton avec Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Terence Stamp et Jon Polito


À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier.
Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail.


Le réalisateur Tim Burton s’essayerai-il pour une, pardon, seconde fois au biopic (Ed Wood) ainsi qu’à la comédie (Pee Wee big adventure), après être passé par différents voire par pratiquement tous les genres cinématographiques existants (le fantastique, le drame intimiste, le pastiche, la comédie musicale, le conte, le film d’époque, l’action, l’humour noir, le mélodrame, la science-fiction, l’épouvante, sans oublier le film d’animation) ? C’est à croire, d’autant plus qu’il a rassemblé ici le style de la biographie filmée avec celui de la fantaisie, voire un peu du burlesque et même parfois de la farce, pour nous raconter l’histoire certes un tant soit peu naïve mais néanmoins tirée d'un fait divers, celui d’une femme peintre petit à petit spoliée de ses droits par son mari escroc qui s’est attribué ses tableaux.
Il faut préciser que pour se faire, il a employé 2 acteurs et non des moindres qui y mettent vraiment le paquet : d’un côté, Amy Adams (Il était une fois ; La nuit au musée 2 ; Her ; Lullaby) en pauvre épouse exploitée genre petite oie blanche on ne peut plus honnête mais pleurnicharde, sans aucune personnalité et totalement sous l’emprise de son époux, et de l’autre, ce dernier sous les traits de Christoph Waltz (Inglorious basterds ; De l’eau pour les éléphants ; Carnage ; Django unchained) en « peintre du dimanche » de la pire espèce, à la fois crédible, flatteur, mesquin, roublard, menteur, impulsif et cupide, bref, lui ayant du cran et malheureusement pas elle. A eux-deux, ils forment la tête et « les jambes » ou, si vous préférez, les mains d’une énorme escroquerie d’œuvres picturales à l’échelle internationale, elle complètement piégée par un mensonge qui la dépasse et dont elle est la complice. Et si elle avait le malheur un jour de parler de cette arnaque qui a prit une sacrée ampleur, c’est la réputation de son conjoint qui serait en jeu et tout leur business ainsi que leur empire qui s’écroulerait !
L’enjeu ? Des peintures représentants des garçons ou des filles des rues au regard perdu, des petits vagabonds aux yeux tristes et exorbités, légèrement disproportionnés – d’où le titre du film –, si expressionnistes et touchants (« les yeux sont le miroir de l’âme et le reflet des émotions ») qu’ils se vendirent comme des p’tits pains à plusieurs milliers d’exemplaires. De quoi attiser la convoitise de n’importe quel hâbleur sachant (se) vendre (« il est une bénédiction pour moi » dixit l’artiste-peintre) ! Raison de plus pour que Tim Burton en rajoute un max et sans effet, autant dans la reconstitution d’une époque révolue (ces éternels décors de résidences de banlieue typiquement américaines si chers au metteur en scène : souvenez-vous par exemple de celles dans Edward aux mains d’argent ?), que dans la « peinture » ou du moins la description de ses 2 personnages principaux, pour l’une confronté à la méchanceté du monde réel et pour l’autre, obligé de faire le pitre pour se défendre (le procès en diffamation se transforme vite en risible, légèrement grotesque, limite ridicule). Comme quoi, marier 2 formes d’« expressions » artistiques diverses n’est pas toujours conciliable ni synonyme de réussite (le film n’a pas rencontré le succès escompté outre-Atlantique) !

C.LB



 
 
 
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